L’employé du jour

par Michel DROUET
lundi 23 juillet 2018

Oui, Alexandre Benalla mérite bien ce titre pour son dévouement, son engagement en faveur de son patron, Président de la République qu’il convient de protéger contre les affreux gauchistes.

Une vraie saga

Benalla au Touquet, au tennis, sur les Champs Elysées, au Panthéon, dans les meetings du candidat… Benalla partout. Une vraie saga comme Martine à la plage, au jardin, au cirque… Sauf que là c’est moins drôle parce que Benalla ce n’est pas le pays de Candy, ce serait plutôt les pieds nickelés avec son copain Vincent Crase, membre du service d’ordre de la République en Marche, lui aussi présenté à un juge, les deux ne rechignant pas à payer de leur personne et à faire le coup de poing avec des manifestants sous la houlette bienveillante de la hiérarchie policière.

Un simple fait divers…

Un peu gêné aux entournures, les camarades LREM ne se bousculent pas au portillon des médias pour minimiser les faits et parlent de fait divers, comme si il était logique et normal qu’un conseiller du Prince à l’Elysée, non investi d’un quelconque pouvoir de police, s’arroge les insignes et le droit de faire du maintien de l’ordre, violent, de plus.

Non, ce n’est pas un fait divers, peut-être pas une affaire d’Etat non plus (les enquêtes le diront) mais à tout le moins un grave dérapage d’individus mal cadrés, enivrés par le pouvoir et auxquels des autorisations ont été données par les plus hautes autorités de l’Elysée et du Ministère de l’Intérieur.

Non, ce n’est pas un fait divers que de voir Benalla récupérer et cogner un manifestant déjà maîtrisé sous le regard désintéressé des forces de l’ordre présentes, lesquelles ne se gênent pas non plus pour jouer de la savate sur un autre manifestant déjà à terre.

C’est inquiétant, car il est question du droit de manifester dans notre pays. Nous attendons des forces de l’ordre qu’elles soient irréprochables dans leur comportement et surtout qu’elles ne s’entourent pas de nervis qui veulent jouer les auxiliaires de police sur leurs RTT.

Oui, mais il a été sanctionné !

Une sanction « sans précédent » comme ils disent au Château, en oubliant que M. Aquilino Morelle s’était immédiatement fait virer pour avoir fait cirer ses chaussures. Quinze jours de mise à pied, donc, mais un retour en grâce rapide puisque M. Benalla était en première ligne pour la parade de bleus sur les Champs Elysées et qu’il a bénéficié début juillet d’un logement de fonction de la République, quai Branly. Chacun appréciera…

De deux choses l’une, ou bien M. Benalla de par ses fonctions, ses compétences et peut-être son savoir sur les petits secrets du pouvoir est totalement intouchable et bénéficie d’une grande mansuétude, ou bien le chef de cabinet et le Secrétaire Général de l’Elysée ont choisi d’intervenir mollement en disant « Il n’y a pas de problème qu’une absence de solution ne puisse résoudre » ce qui ne va pas dans le sens de la Présidence actuelle pour le moins tranchante : la devise « faible avec les forts et forts avec les faibles » serait-elle devenue celle du Président de la République ?

Problème de communication ? Certainement, mais pas que…

On connaît le goût du Président pour la mise en scène destinée à se construire une image. Cela s’est vu dès le jour de son élection, au Louvre, puis après avec les grands de ce monde, dans un command car, en tenue de pilote de chasse, j’en passe et des meilleures, mais à force d’en faire de trop, on se prend les pieds dans le tapis. Cela a été le cas avec des obsèques de Johnny Halliday, organisées par l’Elysée pour récupérer les rockers évènement qui se termine en fait divers (un vrai celui-là) fiscal et familial.

Cela s’est vu plus récemment avec les champions du monde de foot qui ont battu le record de descente des Champs Elysées au grand dam des supporters, afin de ne pas amputer le triomphe et les belles images de Macron au Château, à croire que c’était lui qui avait fait gagner l’équipe.

Et puis, le Président est susceptible, il déteste qu’on l’appelle Manu et tance vertement l’intéressé, mais laisse un de ses plus proches collaborateurs jouer avec les libertés individuelles et taper sur un manifestant déjà maîtrisé. Un conseil : avant de créer un service universel pour les jeunes de 16 ans pour les former à la citoyenneté et au respect des autres, il serait plus urgent de donner quelques leçons d’instruction civique aux membres du cabinet de la présidence qui en ont cruellement besoin.

De la France qui gagne à la République qui cogne…

Il ne faudrait pas que la fable des premiers de cordée et celle de la théorie du ruissellement serve de faux nez à un pouvoir arrogant et violent. Jusqu’à présent cette violence s’exprimait par les mots. Entre les illettrés de Gad, ceux qui ne sont rien et autres fouteurs de bordel qui feraient mieux de se bouger pour trouver du boulot ainsi que le pognon de dingue dépensé pour les aides sociales, on pensait avoir eu notre quota de mépris. Malgré les discours lénifiants, la reprise n’est pas là et les déficits budgétaires toujours présents. Il ne faudrait pas en plus que des petits nervis s’arrogent le droit de cogner sur tout ce qui n’est pas dans la ligne.

A ce propos, on attend avec impatience les explications du Ministre de l’Intérieur sur les circonstances exactes de l’intervention de M. Benalla et les complicités dont il a bénéficié dans les hautes sphères de la police pour masquer ses méfaits. On ne se contentera pas d’un simple joker comme celui brandit à propos de la limitation de vitesse sur les routes. 


Lire l'article complet, et les commentaires