L’Europe des landers est en marche

par Lucien PONS
lundi 18 avril 2016

Les euro-régions et la réforme territoriale vont peu à peu, sans bruit et dans une indifférence feutrée, détruire les obstacles inutiles que représentent encore les Etats Nation. Dans l'article ci-dessous ces mécanismes sont mis évoqués. L'Europe deviendra de fait le berceau de l'ultra-libéralisme, lorsque cette transformation sera terminée..

La désintégration de la France est commencée. Le projet de fusion d'une Alsace "Région d'Europe"est le premier acte de ce processus longuement mûri. Vous trouverez ci-après le très bon papier de Pierre Lévy, directeur du journal BRN (Bastille-République-Nation), sur ce sujet. D'autres projets tout aussi dangereux suivront très prochainement : "La Catalogne réunifiée" ; "Le Pays Basque" ; "la Bretagne" ; "la Corse" ; "L'Occitanie" et j'en passe.

L'idée patiemment préparée par cette Union Européenne pour détruire les états nation afin de mieux imposer le libre échange est en passe de se concrétiser partout. La dislocation de la Belgique ; le dépeçage de l'Ex-Yougoslavie avec son cortège de haine et de morts, le découpage de la Tchécoslovaquie sous Vaclav Havel, la division de l'Italie avec la volonté de la Padanie de faire sécession ; l'explosion de l'Espagne avec la Catalogne et l'Euskasie qui veulent à tout le moins l'indépendance. Chez nous les euro-régions deviennent réalité au travers de la fameuse loi sur la réforme des territoires. La mise à mort de notre République seule garante de l'intérêt général est ainsi déclanchée.

Diviser pour mieux régner, diviser pour imposer l'ordre néolibéral avec sa dictature qui ne veut pas en porter le nom, diviser pour exploiter sans entraves, diviser pour rendre esclaves les peuples, diviser pour installer la guerre de tous contre tous, telles sont les techniques des ultrariches pour s'assurer sans risques la pérennité du pillage en cours. Le Nouvel Ordre Mondial s'installe partout pour le plus grand bonheur des grandes transnationales, pour le plus grand bonheur des grandes banques (Goldman Sachs installe ses pions à la tête de chaque pays de l'union Européenne), pour le plus grand bonheur des ultrariches.

En France, la très inquiétante "loi de réforme des collectivités locales", appelée aussi "Réforme Territoriale", présentée et votée par l'actuelle mandature, fait partie à mon sens de la plus grave atteinte à notre intégrité nationale. C'est le plus gros coup porté à ce jour à notre histoire, à notre passé, à notre avenir, par les gens qui nous gouvernent. J'ai depuis le début de la mise en place de la fameuse commission Balladur chargée de rendre présentable cette gigantesque régression, la ferme conviction que nous sommes dans la phase finale de la désintégration de la France en tant qu'état nation qui tire sa légitimité du peuple souverain. Notre asservissement total en sera la conséquence logique.

Les sois disant sages et les experts autoproclamés sur cette question cruciale ont occupé l'espace médiatique pendant des mois sans débats dignes de ce nom. Leur cortège de certitudes élaborées par des agences de communication, a seulement emballé le projet établi par la commission européenne sur ordre des groupes de pression des multinationales.

Ils ont fait voter en force à l'assemblée cette loi suicidaire contre l'avis de la majorité des élus, qu'ils soient de droite ou de gauche, et contre l'avis de la population. Lorsque les édiles locaux la consultait par référendum, le résultat était invariablement le même, environ 80% de personnes contre.

Dans les Alpes-Maritimes, laboratoire ultralibéral s'il en est, les quelques consultations populaires se sont toujours déroulées avec une très forte participation, et avec un refus franc et massif de 80% au moins. Des communes UMP ont osé défier le clan au pouvoir, que pensez-vous qu'il arrivât ? Le maire et les principaux responsables furent arrêtés et embastillés afin d'anéantir la volonté populaire. La force publique a procédé aux arrestations au domicile de ces personnes à 6 heures du matin. Accompagnée d'un battage médiatique important, des images fortes, très utiles pour discréditer ces personnes, ont été diffusées massivement. On a pu voir sur des média régionaux et nationaux, ces gens embarqués dans des fourgons de police, menottés et honteux. Il est clair qu'après cette démonstration de démocratie appliquée, les autres élus de la majorité sont devenus plus prudents.

Les quelques élus de gauche existants dans ce département pilote, ont eux aussi consulté parfois leurs administrés par voie référendaire avec les mêmes résultats que ceux obtenus par leurs collègues de droite. Ils n'ont pas été inquiétés par la justice, les vrais maîtres n'ont pas osé. Ils sont alors passés au plan B. Le préfet des Alpes Maritimes a imposé par la force ce viol de la démocratie. Circulez ! Il n'y a rien à voir ! Le sommet de la farce a été atteint lorsqu'à une séance publique de la Communauté Urbaine de Nice Côte d'Azur, la CUNCA, ce sujet devait être discuté. Le préfet aux ordres est venu et a imposé la décision de ses chefs. Il a ainsi bafoué la volonté populaire qui s'étant exprimée par référendum sur cette disposition, l'avait rejeté catégoriquement. Ce soir là, la police a interdit l'accès de la salle des délibérations de la Communauté Urbaine au public présent sur les lieux, et la séance publique s'est transformée en huit clos où la menace a prévalu sur le droit.

Le seul choix des élus convoqués à cette réunion, a été d'écouter la décision du représentant de la nation qui fut chargé de représenter les seuls intérêts privés. Quand je vous dis que la Côte d'Azur est le berceau de la démocratie, il faut vraiment le croire ! Bien sur il y a toujours les traîtres et les requins en embuscade qui ne tarissent pas de louanges pour cette merveilleuse réforme. Mais la plupart des élus de proximité sont contre car ils ont très vite compris qu'ils seraient dépossédés de tout pouvoir. L'inauguration de divers monuments, le ramassage des crottes de chien, seront presque les seuls domaines de compétence qu'ils garderont. Ils seront de facto les faire valoir, la caution démocratique, le fusible utile (Appelé aujourd'hui l'interface), d'un pouvoir entièrement et exclusivement dévolu aux transnationales et aux ultrariches. Pour bien comprendre cela il suffit de voir le marché gigantesque que représentent les régies municipales de l'eau, de l'assainissement, des ordures ménagères, sans parler du foncier et du marché des travaux publics...Il n'est pas nécessaire de continuer, je crois que vous avez compris. 

 Cette contre-réforme imposée aux états par les oligarques européens, a également soulevé la colère des italiens lorsqu' en août 2011, sur injonction de Bruxelles, le gouvernement tentait de l'imposer, mais sans succès. Monsieur Trichet et monsieur Draghi, l'ancien et le nouveau directeur de la BCE (Banque Centrale Européenne) ont ordonné d'un ton comminatoire, dans la fameuse lettre du 8 août 2011 adressée au chef du gouvernement italien, d'appliquer sans tarder cette réforme fondamentale pour garder le droit d'emprunter sur les marchés financiers. Ces derniers qui n'avaient qu'une confiance relative en Silvio Berlusconi, ont préféré le renverser pour installer à sa place le préféré des marchés, l'ancien administrateur de fiat, l'ancien commissaire européen à la concurrence, l'ancien de Goldman Sachs, l'universitaire diplômé d'une prestigieuse université américaine, Mario MONTI surnommé le "Professore". Une des premières contre-réformes à être imposée par ce personnage au peuple italien fut celle de la réforme territoriale. Cette dernière a été pensée et imposée par les ultrariches pour soumettre les peuples et piller librement les biens publics. Les législations élaborées au cours des siècles pour protéger la nature, les états, les peuples, sont ainsi balayées en un revers de main. Le pillage peut commencer. Si vous êtes dubitatifs, il suffit de vous reporter une trentaine d'années en arrière dans les pays du tiers monde où ont été expérimentées les mêmes politiques que celles appliquées à l'Europe aujourd'hui. Pour ces pays, "les plans d'ajustement structurel" étaient imposés par le "FMI et la Banque Mondiale". Pour l'Europe ces mêmes "politiques d'ajustement structurel" sont appliquées par la fameuse "troïka" constituée par "le FMI, la BCE et L'Union Européenne".

 Il nous faut ouvrir les yeux et c'est douloureux, nos rêves béats sur la belle idée européenne devraient pourtant se dissiper. Hélas je crois qu'il n'en sera rien. Il nous est très difficile de reconnaître nos erreurs ! Il est plus réconfortant de continuer à nier l'évidence et d'appeler de nos voeux la fameuse "Europe Sociale" qui ne pourra jamais exister dans le carcan ultralibéral des traités actuels. 

Lorsqu'on est réellement de gauche on s'accroche à cette chimère en bêlant non pas comme le mouton noir, mais comme le mouton blanc, sur cette illusion de paix et de prospérité. J'avais oublié que les moutons ne bêlent pas lorsqu'on les égorge, à peine un petit cri et encore pas toujours !...

Quand on est tout simplement gavé de "propagande européiste" on peut aussi sauter comme des cabris en reprenant en choeur : "L'Europe ! L'Europe ! L'Europe !...". Toutes ces gesticulations pitoyables peuvent hélas cacher la vérité. Le danger vient du fait que l'on ne voit pas les nombreux chacals qui viennent hurler avec les loups, tout empressés qu'ils sont de se payer sur la bête. L'unique objet de leur désir est de nous dépouiller de nos biens communs garantis par nos états nations. L'attaque frontale contre ces derniers met en lumière notre degré de soumission à ce nouvel ordre mondial au service exclusif des grandes banques, des multinationales et des ultrariches qui ne représentent dans nos pays développés à peine 0,1% de la population, ailleurs je pense que c'est encore plus faible. 

Pour continuer à engranger des richesses, ces bandits internationaux vont utiliser tous les moyens possibles, même la guerre. Ecoutez les bruits de bottes au Moyen-Orient ou ailleurs, il est inversement proportionnel au silence assourdissant des média dominants, de celui de la plupart des politiques et de celui de la grande majorité des intellectuels. Ce calme avant la tempête me fait un peu peur. Le courage voudrait que l'on réagisse avant, mais les propagandes bien orchestrées ont toujours endormi les peuples. Ce fut le cas avant 1914, avec cette volonté de revanche contre l'Allemagne. Ce fut également le cas avant 1940 avec le pacifisme béat qui consistait à préférer Hitler à la guerre. Toutes ces attitudes n'ont été en fait que le cache sexe posé sur la volonté des puissants d'augmenter et de garantir leurs profits. 

 Bien cordialement.

 Lucien PONS 

 

 

Texte de Pierre Lévy dans le journal BRN du mois de novembre 2011.

 

Projet de fusion en vue d’une Alsace « région d’Europe »

ARTICLE REPRIS SUR Bastille République-Nations de NOVEMBRE 2011.

 

Projet de fusion en vue

d’une Alsace « région d’Europe »

 

L’affaire n’a pas – encore – fait grand bruit. Elle n’est pourtant pas anodine. Le 1er décembre, les élus alsaciens ont approuvé le projet de fusion entre le Conseil régional d’Alsace et les deux départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin. C’est ce qu’ont annoncé le 12 novembre les présidents de ces trois collectivités.

 Selon ses promoteurs, le projet pourrait aboutir en 2014, avec comme étapes préalables un référendum au second semestre 2012, puis le vote spécifique d’une loi autorisant cette « expérimentation », conformément à la réforme des collectivités locales adoptée en décembre 2010. Et comme le hasard fait bien les choses, Philippe Richert, le président du Conseil régional se trouve également être le ministre des collectivités locales.

 Ce dernier a mis en avant des raisons « de bon sens » pour justifier cette initiative : simplification, proximité, économies, etc… Pourtant, des ambitions autrement plus substantielles ne sont guère dissimulées. Ainsi, le Conseil régional a-t-il adopté cette année un « manifeste pour l’Alsace » qui affirme que celle-ci « dispose d’une langue régionale, authentique trésor qui l’ouvre au multilinguisme et à l’Europe ». En outre, « elle a reçu en héritage des lois locales, qui sont souvent plus modernes et pertinentes que le dernier des textes votés  ». Aller vers plus de lois spécifiques, tel est bien l’esprit des promoteurs du projet.

Pour sa part, le Conseil général du Haut-Rhin plaide par exemple « pour la gestion trinationale de la question nucléaire  ». Il considère qu’un futur « Conseil d’Alsace » ouvrira la voie à « une Alsace dynamique et novatrice, conquérante et rayonnante, mieux identifiée dans notre pays et surtout en Europe et dans le Monde  ». « Surtout en Europe », voilà le leitmotiv des uns et des autres. C’était du reste déjà l’argument des indépendantistes corses. En 2003 cependant, les électeurs de l’Ile de Beauté refusaient un projet comparable, dont le promoteur était le ministre de l’intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy. Pour l’heure, l’idée fait des jaloux. Ainsi, le très européiste Ouest-France se prend à rêver que « la Bretagne et d'autres régions pourront très bientôt bénéficier du fameux ‘droit à l'expérimentation’ qu'elles réclament ». Jean-Yves Le Drian, l’homologue breton de M. Richert regrette quant à lui que « seule l’Alsace ait le droit d’expérimenter  ». « Il dit ‘chiche !’ pour la Bretagne », rapporte le quotidien.

 

Pour sa part, Le Figaro se réjouit que ce projet ait été « inscrit à l'agenda par la force du ministre-président d'Alsace », une expression sous forme de clin d’œil appuyé au titre des présidents des Länder allemands.

Les régionalistes de tous bords se réjouissent de la perspective ainsi ouverte. Parmi eux, le mouvement Alsace d’abord, un groupe ayant quitté le Front national par la droite, revendique pour sa part un véritable « parlement d’Alsace ». A minima, précise son président, « le Conseil d’Alsace devra avoir compétence réglementaire en matière de fiscalité, d’organisation des systèmes éducatifs et de santé, et d’organisation institutionnelle avec les collectivités des pays voisins ».

Son président, Jacques Cordonnier, était en septembre l’invité du Bloc identitaire – une formation de l’extrême-droite dure et européiste. Il a tout naturellement insisté sur le lien entre Europe et régions, pour finalement rappeler : « seul le rapprochement des peuples dans le cadre d’une Europe politique permettra à notre civilisation de continuer à prospérer et à rayonner  ».

Sans doute cet état d’esprit n’est-il pas éloigné de celui qui prévalait lors de la Conférence des mouvements indépendantistes européens organisée le 9 novembre au parlement européen par le groupe Les Verts / Alliance libre européenne. L’un des invités vedettes, le dirigeant indépendantiste flamand Bart de Wever (NVA) a vigoureusement plaidé pour un transfert de pouvoir des « anciens Etats » vers les « nations » (ethniques). Et a fait un vif éloge de l’UE « grâce à qui les Etats traditionnels ont perdu le monopole de la souveraineté ».

Pour sa part, la représentante des indépendantistes catalans de l’ERC a souhaité que sa région devienne un membre de l’Union à part entière. Son collègue du mouvement basque Amaiur a pour sa part indiqué en substance : puisqu’il y a un risque que l’Espagne fasse faillite, la meilleure solution pour le Pays basque, c’est l’indépendance.

 www.brn-presse.fr

 

 
 
Carte Alsace - Plan Alsace

 

 

L'ALSACE, DEMAIN,

UN NOUVEAU LAND "européen" ?

 

Carte des régions de l'Allemagne

 


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