L’Europe en panne de démocratie
par olivier cabanel
jeudi 9 juillet 2015
Cette évidence peut surprendre, et pourtant, force est de constater que l’Europe actuelle est bien loin de respecter les valeurs démocratiques.
Personne n’a oublié le refus français de 2005, contourné quelques mois après, afin d’imposer un traité refusé par le peuple…mais ce n’est pas tout.
En effet, on se souvient du référendum français de 2005 qui demandait de valider, ou pas, la constitution européenne qui nous était proposée, et pour laquelle, le 29 mai, les français avaient majoritairement dit NON : 54,67% pour le NON, et 45,33% pour le OUI.
Pourtant, comme les partis majoritaires, UMP et PS étaient favorables au OUI, l’affaire semblait dans le sac. lien
Mais quelques temps après, par un magistral tour de passe-passe, le gouvernement imposait le traité de Lisbonne, en refusant un nouveau logique référendum qui aurait permis au peuple de choisir.
Or ce traité de Lisbonne reprenait les éléments refusés par les citoyens, et le gouvernement, le 4 février 2008 permettait ainsi la ratification du traité lui-même par la voie parlementaire, le 8 février 2008. lien
Comme le dit Jacques Sapir : « le Traité de Lisbonne, cette monstruosité née d’une forfaiture, établit de fait un régime de souveraineté limitée pour les pays qui en sont signataires ». lien
Et puis il y a eu l’Irlande qui après avoir voté non à l’Europe s’est vu imposer une Europe dont ils ne voulaient pas.
La stratégie des dirigeants européens est toujours la même : devant le non décidé par le peuple irlandais au mois de juin 2008, qui refusait de ratifier le traité de Lisbonne, l’Europe, 16 mois après, refaisait voter l’Irlande et obtenait finalement un OUI.
Pourtant, les nonistes avaient des arguments de poids : ils considéraient que le traité de Lisbonne était antidémocratique…mais le débat portait aussi sur l’avortement, interdit par la constitution irlandaise, et rendu possible par le traité de Lisbonne…
Il portait aussi sur la limitation du nombre de commissaires européens, sur la mise en danger de l’historique neutralité irlandaise, et sur la fiscalité pour laquelle, selon les partisans du non, planait un flou très artistiques. lien
On pourrait aussi remonter à 1992, au Danemark, lequel en juin avait dit Non au traité de Maastricht, avec un écart, il est vrai minime, mais suffisant.
En effet, pour 3 200 000 suffrages, 46 000 voix avaient suffit à faire pencher la balance du côté du Non, ce qui a fait s’écrier M. Holger K Nielsen, dirigeant du parti socialiste populaire : « la démocratie a fonctionné ». lien
Pourtant, depuis ce vote, le Danemark reste partie prenante de l’Union Européenne, puisqu’il est membre de l’espace Schengen depuis le 25 mars 2001, et qu’il a assumé la présidence tournante du Conseil de l’U.E. 7 fois entre 1973 et 2012. lien
Alors l’Europe ne souffre-t-elle pas à l’évidence d’un déficit démocratique, comme l’écrit dans les colonnes de « l’Obs+ », Igor Dizdarevic ? lien
De Pierre Levy à Michel Robin, en passant par Claire Gatinois, s’exprimant dans les colonnes du journal « Le Monde », ils sont nombreux à le penser. lien.
Comme le dit clairement Michel Robin, en se basant sur l’ACTA, retoquée en dernière minute, et concoctée dans le dos des peuples : « l’Europe est l’ennemie de la démocratie car on ne peut pas servir en même temps 2 maitres incompatibles, les banksters et les peuples ».
Cette démocratie européenne serait donc illusoire, mais alors, il faut se poser la question qui dérange : comment s’y prend-elle pour imposer ses vues tout en donnant l’illusion que les décisions sont démocratiques.
La manipulation médiatique est l’une des réponses, et elle a été à l’œuvre lors du référendum grec du 5 juillet 2015, lequel à donné une large victoire au non.
De nombreux politologues se sont penchés sur la question, et les langues se délient, maintenant que les résultats sont sans appel.
La plupart des chaînes de télévision n’ont pas respecté l’égalité de temps d’antenne, avec un rapport de 1 à 5 en faveur du OUI.
Internet est aussi la cible de ceux qui crient au scandale, notamment sur You tube, site sur lequel le OUI a largement été encouragé…le réseau téléphonique Wind a ouvertement pratiqué la corruption en offrant des avantages substantiels à ceux qui envoyaient des SMS en forme de OUI.
Les pressions sont aussi venues des entreprises, n’hésitant pas à licencier les salariés qui ne seraient pas allés au rassemblement en faveur du OUI.
Même l’armée s’y est mise, et le chef d’état major des armées grec a franchi la ligne jaune, et le devoir de réserve qui lui était imparti, en appelant publiquement à voter OUI.
De plus, une enquête sera probablement lancée contre les instituts de sondage qui, une semaine avant le vote, publiaient des résultats affirmant que le OUI allait gagner, afin d’influencer au maximum les électeurs. lien
Alors aujourd’hui, même si la majorité de la population grecque a décidé de refuser le diktat européen, et continue de résister, cette Europe, qui est d’abord celle des banquiers, va probablement tout faire afin de réduire la contestation au silence.
Le dernier mot pourrait être laissé à Jean Claude Juncker qui, après avoir affirmé qu’il ne serait jamais question de supprimer la dette grecque, déclarait dans « le Figaro » du 28 janvier 2015 : « il ne peut y avoir de choix démocratiques contre les traités européens ». lien
Tout est dit…
Un film est en cours de réalisation afin de dénoncer les dérives européennes, et chacun peut, s’il le désire, participer à sa production. lien
Son titre, « je lutte, donc je suis » en résume le propos, et comme dit mon vieil ami africain : « tout ce qui devient facile était au début difficile ».
L’image illustrant l’article vient de laplumeagratter.fr
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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