Sans doute pas complètement à l’aise avec ce qu’est le parti dont il est le vice-président, Florian Philippot se présente de plus en plus comme gaulliste. Mais comme pour son logo de campagne, où la flamme frontiste semble plus brûler la croix de Lorraine qu’autre chose, cela ne prend pas.
Signe d’un malaise
Plus c’est gros, plus ça passe ?
Pas sûr quand on voit le montage malheureux du logo de campagne de Florian Philippot. Bien sûr, il ne faut pas nier l’évidence de certaines convergences qui ont existé dans le passé, et existent toujours aujourd’hui, comme l’explique Laurent de Boissieu sur son blog dans un bon papier, (attachement à la patrie, respect des traditions) mais le FN reste très éloigné du gaullisme pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, il est pour le moins paradoxal de se revendiquer gaulliste, quand Louis Alliot, N°2 du FN, publie sur son site des hommages à Bastien-Thiry, l’homme qui voulait assassiner le Général.
Ensuite, il y a une différence fondamentale dans le rapport à la nation du gaullisme et celui de l’extrême-droite. Le Général a toujours professé un amour des siens sans rejet de l’autre, alors que les extrémistes parlent souvent davantage du rejet de l’autre (immigrés, musulmans) que de l’amour des leurs. Ce discours typique de l’extrême-droite se retrouve dans la bouche des dirigeants du FN («
Merah en puissance »,
crise bretonne attribuée au « lobby musulmam »).
Bien sûr, certains ressortiront des propos qu’aurait tenu le Général. Et je veux tordre le coup à cet argument. D’abord, je pense que seuls les propos publics font foi. Ils sont les seuls dont l’authenticité est incontestable et où l’on peut donner un contexte. En outre, veillons à ne pas tomber dans une vision orwellienne de la politique : les propos privés doivent pouvoir garder une plus grande liberté, ce que le provocateur qu’était le Général savait. Enfin, soit dit en passant, tout le monde sait que ces propos sont anecdotiques par rapport à certains propos publics du FN. Et que dire des propos privés ?
Bref, vouloir drapper le Front National d’un oripeau gaulliste est une mystification effarante,
bien dénoncée par Jean-Pierre Chevènement. On peut comprendre l’intérêt qu’il y a pour le parti de la famille Le Pen à se recentrer de la sorte, mais on n’est pas obligé de tomber dans ce grossier panneau.