L’indignité de Sarkozy
par Fergus
samedi 14 avril 2012
On savait Nicolas Sarkozy menteur, manipulateur, mesquin. On le savait également vulgaire et inculte. On découvre durant cette campagne à quel point il peut également être méprisant à l’égard de ses adversaires, et notamment de son principal concurrent : François Hollande. Jamais dans le passé un président sortant ne s’était ainsi vautré dans la goujaterie et la médiocrité...
Parmi les causes avancées pour expliquer l’échec de Jospin lors du fameux « 21 avril » figure en bonne place son célèbre « off » confié à des journalistes lors d’un retour en avion de La Réunion au mois de mars 2012 : « Chirac est vieux, usé, fatigué ». Que n’avait-il pas dit ? Malgré l’évidente pertinence de ce constat, un grand nombre de Français y a vu un inadmissible manque de respect et en a tenu rigueur au candidat socialiste. Cette petite phrase n’a pas suffi à provoquer l’élimination de Jospin, mais elle y a contribué.
2012. Sarkozy n’a que faire de ce précédent fâcheux. Confronté à des sondages pour le moins difficiles, il tape comme un sourd sur Hollande, alignant sans vergogne les mensonges les plus éhontés et ponctuant ses propos d’attaques personnelles visant à discréditer la stature et la crédibilité de son adversaire socialiste. Comme vient de le rappeler la journaliste Anna Cabana dans l’hebdomadaire Le Point, Sarkozy veut faire du petit bois de Hollande, et plus précisément « lui sauter à la gorge », « l’atomiser », « l’exploser », « le réduire en miettes ». Comprendre : lui fait partie de la race des vainqueurs, l’autre n’est qu’une chiffe molle.
En l’occurrence, Sarkozy, une fois de plus oublieux de sa fonction présidentielle et de la dignité qui s’y attache, voudrait se prendre pour Tyson face à Holyfield. Raté : il n’est qu’un gamin effronté, un pathétique chef de bande prétendant au leadership de la cour d’école. Pathétique, mais aussi terriblement frustré de voir, drapé dans son assurance tranquille, son adversaire ignorer ses rodomontades et les dérisoires moulinets de ses petits bras musclés.
Qu’à cela ne tienne : arrogant et suffisant à l’extrême, Sarkozy n’hésite pas à afficher sa supériorité auprès des membres de la presse. Ainsi confie-t-il au journaliste du quotidien Le Monde Philippe Ridet « Hollande est nul ». Étrange tactique électorale de la part d’un candidat donné battu par tous les instituts de sondage au 2e tour de la présidentielle : vaincu par un « nul », bonjour l’affront !
Mais sans doute Sarkozy estimait-il n’être pas encore allé assez loin dans la provocation. Cédant à son penchant pour l’excès et la puérilité, il s’est lâché début avril à Saint-Raphaël devant un parterre de militants UMP appelés à brocarder Hollande : « Et ça voudrait gouverner la France ! » s’est-il exclamé, très satisfait de lui alors qu’il venait de toucher le fond de l’indignité et d’ajouter une nouvelle tache sur le costume présidentiel.
« Ça » n’a pas répondu à cette pitoyable provocation. C’est aux électeurs que Hollande a préféré laisser ce soin. Á eux, s’ils le jugent utile, de sanctionner Sarkozy les 22 avril et 6 mai pour l’ensemble de son œuvre, vulgarité et bassesse comprises. Les quatre derniers sondages, calamiteux pour le sortant, pourraient d’ailleurs donner raison au flegmatique Hollande et renvoyer l’agité Sarkozy à sa collection de timbres et aux ennuis judiciaires qui se profilent. Et qui sait ? peut-être pourrait-il un jour succéder à Tapie dans sa cellule VIP de La Santé. Le président déchu pourrait toujours y contempler Marianne, mais uniquement sous la forme d’un timbre !