L’instrumentalisation de l’antifascisme

par Morpheus
lundi 24 juin 2013

Le premier juin, j'apprenais, stupéfait, l'annulation des projections en salle du film documentaire militant Dédale, un fil vers la démocratie. Cet événement, suite logique de toute une série d'autres faits similaires, était l'événement de trop : il me fallait enquêter sur cette mouvance antifasciste. Je voulais comprendre qui étaient ces (prétendus) antifascistes et pourquoi ils s'en prenaient systématiquement à des personnalités qui combattent l'oligarchie, l'impérialisme, les guerres néocoloniales et qui, de façon générale, luttent courageusement pour un monde plus juste. Ces atteintes violentes à la liberté d'expression et à l'honneur de ces personnalités était tellement incohérentes qu'il me fallait enquêter pour comprendre et trouver un sens à cette sombre cabale. Le 6 juin, dans une étrange synchronicité, l'actualité me rattrapait avec la mort tragique du jeune Clément Méric, militant antifasciste, tué durant une bagarre de rue contre des skinheads. J'ai donc poursuivi de plus belle mes recherches dont voici le dossier.

Histoire de l'antifascisme

L'antifascisme est un mouvement qui apparaît en regard du fascisme qu'il combat dès les années vingt et qui se développe fortement dans les années trente face aux régimes d'Hitler en Allemagne et de Mussolini en Italie, ainsi que dans la guerre d'Espagne, notamment contre Franco et les phalangistes. En France, le Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes (CVIA) est fondé en 1934 par le philosophe Alain (radical), l'ethnologue Paul Rivet (socialiste) et le physicien Paul Langevin (proche du communisme). La même année voit naître, sous l'impulsion de la lutte contre la montée de l'idéologie fasciste en France, la coalition politique du Front Populaire, composée de la SFIO (qui deviendra en 1969 le PS), du Parti Radical Socialiste (ancêtre des partis de la droite dite « classique ») et du PCF (communiste). Durant la seconde guerre mondiale, les antifascistes ont joué un rôle important dans la Résistance.

Selon le comité de vigilance contre l'infiltration policière dans le mouvement antifasciste (CVIPMA) « l'antifascisme est né sous le signe de l'équivoque » dans la mesure où, dès la rupture du pacte germano-soviétique en 1941, l'URSS totalitaire de Staline s'allie au bloc occidental contre les régimes fascistes Allemand et Italien, et c'est cette « union sacrée » qui va altérer la définition de l'antifascisme. Ils expliquent « À partir de 1941, être antifasciste, c'est d'abord être communiste. Et être anti-communiste devient alors suspect de sympathies pro-capitalistes, donc profascistes. C'est pour cela que l'antifascisme est né dans l'ambiguïté sémantique ».

Les choses se compliquent juste après la victoire contre l'Axe, dès le début de la Guerre Froide en 1947. En URSS, le terme « fasciste » va être utilisé abusivement pour désigner toute contestation du régime stalinien au sein même de l'union, ainsi que l'ensemble du monde non communiste. En occident, sous l'impulsion de l'Amérique, ressort la notion de « totalitarisme » qui permet de désigner l'ennemi soviétique et ses sympathisants. Le CVIPMA écrit :

« L'antifascisme était utile avant 1945 au forces occidentales, mais il devient ensuite gênant. Le camp du "monde libre" a besoin des anciens nazis, et le combat se focalise sur l'anticommunisme ». Etant donné l'appropriation du terme antifascisme par les soviétiques, toute référence à l'antifascisme en occident devient suspecte d'accointance avec les communistes. Le CVIPMA conclut : « L'antifascisme, au cours de la Guerre Froide, est vidé de toute substance. »

Dans les deux blocs (capitaliste et communiste), les mouvements antifascistes et antitotalitaires, mais également les groupuscules néonazis, vont être instrumentalisés par infiltration (entrisme) en vue de servir de levier politique dans les luttes d'influence souvent occultes de cette période. Bien entendu, les services secrets des deux côtés jouent un rôle déterminant dans ces noyautages. La manipulation devient un outil des "démocraties" occidentales comme des "totalitarismes" rouges afin d'orienter les opinions publiques et justifier des actions politiques, juridiques et militaires.

Durant les années septante apparaît en France une nouvelle mouvance politique nationaliste et populiste : le Front National. Le CVIPMA explique : « Les néo-fascistes, instrumentalisés pendant la Guerre Froide au service des intérêts du camp occidental, vont trouver là un moyen de retrouver un rôle politique moins obscur ». Ce qui donne lieu à une réactivation des mouvances antifascistes, issues le plus souvent de l'extrême-gauche, et dont la lutte va s'étendre, pour l'occasion, à ce qu'on va alors désigner comme « extrême-droite ». Il ne s'agit plus de combattre le fascisme au sens strict, historique, mais toute mouvance politique qui s'inspire ou évoque certaines caractéristiques du fascisme, et notamment le nationalisme, le racisme et bien sûr l'antisémitisme.

Mais l'antifascisme des années septante et quatre-vingt est critiqué, même à gauche. Outre George Orwell qui déjà, en 1940, explique que le mouvement antifasciste a surtout servi une « démocratie bourgeoise » et a été soutenu par des communistes devenus dans les faits des contre-révolutionnaires (Dans le ventre de la Baleine), l'écrivain et metteur en scène italien Pier Paolo Pasolini écrira (1974) :

« Je suis profondément convaincu que le vrai fascisme est ce que les sociologues ont trop gentiment nommé la société de consommation (...) En réalité nous nous sommes comportés avec les fascistes de façon raciste : nous avons voulu croire hâtivement et cruellement qu’ils étaient prédestinés à être fascistes, et que face à cette décision de leur destin il n’y avait rien à faire. Et ne nous le cachons pas : nous savions tous, dans notre conscience profonde, que lorsque l’un de ces “jeunes” décidait d’être fasciste, c’était par hasard, ça n’était qu’un geste, immotivé et irrationnel : il aurait suffit peut-être d’un seul mot pour que cela n’arrive pas. Mais aucun d’entre-nous n’a jamais parlé avec eux. Nous les avons tout de suite acceptés comme des représentants inévitables du mal. Et c’était peut-être des adolescents et des adolescentes de 18 ans qui ne savaient rien de rien, et ils se sont jetés tête la première dans l’horrible aventure par simple désespoir. »[i]

Pour Amadeo Bordiga, l'antifascisme est une idéologie bourgeoise qui cherche à mêler les intérêts de la classe ouvrière avec ceux de la bourgeoisie afin de neutraliser toute percée de véritables mouvements révolutionnaires, ce qui est également expliqué en détail dans un manifeste du Courant Communiste International publié sur son site internet en 2000 et intitulé L'antifascisme radical de l'extrême-gauche de la bourgeoisie. Le CCI explique notamment :

« Alors que "l’antifascisme bourgeois" classique, tel celui d’un Churchill ou d’un De Gaulle, fonde sa propagande sur la défense du libéralisme capitaliste et de la démocratie parlementaire "garantie de liberté", l’antifascisme révolutionnaire prétend, lui, se fonder sur la défense des intérêts de la classe révolutionnaire. Toute sa mythologie s’appuie sur un mensonge, pourtant démenti des dizaines de fois par l’histoire, à savoir : l’opposition entre fascistes et fractions démocrates de l’appareil politique de la bourgeoisie peut, à certains moments, recouvrir, traduire, l’antagonisme qui oppose la bourgeoisie au prolétariat. Si les "antifascistes révolutionnaires" appuient momentanément les fractions antifascistes de la bourgeoisie, ce ne serait donc pas pour défendre une partie de la bourgeoisie contre une autre, mais pour défendre le prolétariat, dont les intérêts seraient momentanément portés par une fraction de la bourgeoisie. Ce ne serait qu’une question de tactique momentanée. »

Cette critique se fonde sur l'analyse de la tactique du front populaire, consistant à former des gouvernements unissant les partis de la bourgeoisie libérale et de la gauche dans le but de contrer la menace fasciste, tactique appliquée en France et en Espagne avant la guerre. Pour les trotskistes et les anarchistes, la lutte révolutionnaire et l'antifascisme ne peuvent pas reposer sur le principe du front populaire, qui a échoué en Espagne et n'a rencontré, en France, qu'une demi réussite, puisque même s'il a permis d'empêcher un temps la prise de pouvoir par les factions fascistes du sérail politique français, il n'a pas permis de préserver la France contre la prise de pouvoir de Pétain durant l'occupation nazie. Les trotskistes arguent du fait que cette tactique, même si elle réussit, permet surtout à l'oligarchie capitaliste de se maintenir au pouvoir, ce qui bien évidemment fait obstacle à la révolution prolétarienne.

« Affirmer que la droite est l’organe spécifique de la répression des luttes prolétariennes et présenter les régimes "démocratiques" comme une sauvegarde, une aide, même provisoire, contre celle-ci, c’est se moquer grossièrement de toute l’expérience tragique du prolétariat. La "gauche démocrate" a joué directement le rôle de "chien sanglant" ; parmi d’autres exemples :

  • contre l’insurrection ouvrière de Berlin en 1919 (c’est le gouvernement social-démocrate d’Ebert-Scheidemann, avec l’ouvrier "socialiste" Noske, qui a fait couler le sang ouvrier dans les rigoles des rues de Berlin).
  • contre les premières révoltes de la classe ouvrière espagnole rapidement déçue par la "démocratie" de 1931 (c’est le gouvernement "social" d’Azana qui a assumé la responsabilité de les réprimer violemment : en juillet 1931 à Séville, en janvier 1932 en Catalogne, en janvier 1933 contre les ouvriers agricoles de Casas Viejas - le gouvernement avait donné l’ordre de raser le village si nécessaire).
  • contre l’insurrection des ouvriers polonais de décembre 1970 (c’est le très "antifasciste" parti ouvrier qui a commandé aux milices et aux blindés de tirer sur les manifestants).

Ce ne sont là que quelques-uns des cas les plus nets car comme nous le verrons, c’est surtout en collaboration avec la droite que la gauche a joué son rôle de répression du prolétariat. »

À la chute du mur de Berlin en 1989, qui va rapidement aboutir à l'effondrement du bloc communiste et de l'URSS dans les années nonante, le contexte géopolitique change et modifie, on s'en doute, la situation de l'antifascisme :

« En même temps que se dissipent les illusions communistes un peu partout dans le monde, l'antifascisme va renaître sur une base moins idéologique et moins prosoviétique. C'est le moment où l'antifascisme n'est plus un slogan récupéré par les idéologues de l'URSS et qu'il redevient possible d'être antifasciste sans cautionner pour autant le système soviétique. La notion gagne alors en pertinence. (...) L'antifascisme, c'est alors la lutte contre l'extrême droite en général. Bien entendu, c'est encore demeurer éloigné du contenu strict et scientifique du terme, qui recouvre les régimes mussolinien et hitlérien. Mais un grand pas en avant est fait dans la rigueur de la cause antifasciste qui n'est plus aussi marquée par l'idéologie qu'elle ne l'était pendant la Guerre Froide. (...) Mais les succès médiatiques de l'antifascisme vont à nouveau altérer peu à peu le sens de ce combat. Le fait que chacun se retrouve sommé de se positionner par rapport au national-populisme, et donc par rapport à ses éléments fascistes, fut nécessaire mais provoque aujourd'hui certaines dérives. Le fascisme est en passe de se muer à nouveau en pur instrument idéologique, tandis qu'en règle générale, l'effet mobilisateur des accusations mutuelles de "fascisme" est inversement proportionnel à la rigueur scientifique du terme. » (CVIPMA)

On ne peut en tout cas pas passer sous silence cet aveu fait en 2007 par Lionel Jospin, premier secrétaire du PS de 1981 à 1988 sous la présidence de François Mitterrand, ministre du gouvernement sous le second mandat, qui avoua en 2007 : « Pendant toutes les années du mitterrandisme nous n'avons jamais été face à une menace fasciste donc tout antifascisme n'était que du théâtre. Nous avons été face à un parti – le Front National – qui était un parti d'extrême droite - un parti populiste aussi, à sa façon - mais nous n'avons jamais été dans une situation de menace fasciste et même pas face à un parti fasciste. » On ne peut mieux révéler l'instrumentalisation, par le PS et le gouvernement de François Mitterrand, des mouvements antifascistes par le biais d'une récupération des luttes antiracistes. Le témoignage de Farida Belghoul est particulièrement éclairant pour comprendre les manœuvres de la classe politique au pouvoir dans les années quatre-vingt.

Les mouvements antifascistes contemporains (durant les années 1980 et 1990) se revendiquent nettement de l'extrême-gauche et sont aussi très liés à la mouvance « skinhead ». C'est comme si, en réaction à la mouvance skinhead d'extrême-droite (« boneheads » souvent proche ou assimilée à la mouvance néo-fasciste), la jeunesse ouvrière d'extrême-gauche avait décidé de lutter contre la jeunesse ouvrière d'extrême-droite en adoptant les mêmes codes vestimentaires, les mêmes comportements, la même culture de rue, la même violence. On voit alors arriver dans la mouvance antifasciste les « Redskins », le « RASH », le « SHARP » et autres « Red Warriors ». Est-ce d'ailleurs anodin que cette nouvelle génération antifasciste ait repris, dans les années quatre-vingt (sous Mitterrand) le symbole de la SFIO (les trois flèches), devenu le PS en 1969 ?

 

Actions et méthodes

Voyons donc maintenant de quel bois se chauffent les antifascistes. Quelles sont leurs modes d'action ? Quelles sont leurs méthodes ? Leur stratégie ? Avec quelle efficacité et quelle pertinence ? C'est ce que nous allons essayer de voir. Pour cela, je vais principalement me baser sur le communiqué de dissolution du SCALP-Reflex (No Pasaran), dans lequel ils brossent un historique de leurs actions au cours des vingt-cinq années de leur existence. Le SCALP n'est bien sûr pas le seul mouvement antifasciste, mais vu leur expérience d'un quart de siècle sur la scène antifasciste, il me semble que cet angle d'approche devrait être représentatif.

Les actions :

Les antifascistes du SCALP-Reflex sont assez lucides et autocritiques : ils constatent eux-mêmes les limites de leurs méthodes et leur échec face à leur cible historique, le FN :

« La première limite est liée aux évolutions de la conjoncture sociopolitique, et en particulier à la banalisation des idées d’extrême droite. La lepénisation des esprits, que nous pensions dès l’origine être un danger plus grave, plus pressant et plus insidieux qu’une éventuelle prise du pouvoir par l’extrême droite, est désormais presque achevée : en témoignent non seulement les bons scores électoraux du FN lors de la séquence électorale de 2012, ainsi que la multiplication ces dernières années de groupuscules fascisants (Identitaires, Troisième Voie, Nationalistes autonomes, etc.), mais aussi et surtout le fait que les thèmes et souvent les thèses de cette mouvance ont été peu à peu récupérés par les partis politiques classiques – et ce, à gauche comme à droite. »

Constat d'échec, donc, qui certes n'est pas le fait des antifascistes en eux-mêmes, mais qui montre en tout cas que les méthodes adoptées n'ont pas permis d'obtenir les résultats espérés.

Ce qui me saute aux yeux en faisant cette liste d'actions, c'est l'évidente inadéquation des méthodes avec l'objectif pourtant affiché de façon claire :

« Si le Scalp-Reflex, et au-delà le Réseau No Pasaran, s’est impliqué dans des luttes aussi diverses au cours des trente dernières années, c’est que dès l’origine et jusqu’à aujourd’hui sa ligne directrice a été celle de l’antifascisme radical. Antifascisme radical, c’est-à-dire qui entend attaquer les racines profondes du fascisme, de transformer la société pour en extirper les germes du fascisme. »

En effet, c'est exactement ce que veut dire le mot « radical » : qui cherche la (ou les) cause(s) d'un problème à la racine "pour en extirper les germes". Le hic, c'est que ce mot fait partie de ces très nombreux termes qui ont été dévoyés et pervertis par le système (cf. Le syndrome de Babel) et que pour beaucoup - y compris pour des antifascistes eux-mêmes, sans doute - le mot radical est synonyme d'extrémiste. Cette idée fausse (même si elle n'est pas évoquée, bien entendu) est d'autant plus forte que la position des antifascistes, au sein de bandes de rue ou de mouvements ayant eux-mêmes une dimension identitaire (Redskins, Red Warriors, etc. ont un évident caractère identitaire dans la culture de rue au sein de laquelle ils évoluent : look, couleurs (blason), codes vestimentaires, signes de reconnaissances, contre-culture musicale, appartenance à une "tribu", ...) renforce d'autant le clivage et la position « à l'extrême » : Il y a nous (les antifascistes et antiracistes = les bons), il y a les fachos (le FN, la JNR, la LDJ, Troisième Voie, etc. = les méchants et les brutes), il y a le monde politique (les truands) et il y a les autres (le peuple = les endormis, les bourgeois, les zombies).

Pourtant, le SCALP-Reflex semble lucide aussi sur les causes :

« Même si, en France, l’antifascisme radical s’est développé dans les années 1980 en réaction à la montée en puissance du Front National, il n’est donc pas seulement une lutte contre l’extrême droite, encore moins contre un parti d’extrême droite. Il s’agit d’une lutte globale, à la fois socioculturelle, économique et politique, contre tout ce qui, dans une société, est susceptible de permettre la résurgence de phénomènes fascistes, avec leur cocktail d’autoritarisme, d’inégalités et d’exclusions, bref une lutte pour l’émancipation et l’autonomie de tous et toutes. »

Le mot clef est prononcé : inégalités. Les inégalités sociales et économiques sont le creuset dans lequel se forgent toutes les idéologies mortifères, la ségrégation et l'autoritarisme. La stratégie du chaos (bien expliquée par la journaliste canadienne Naomi Klein dans son livre La stratégie du choc) est l'arme dont usent les ultralibéraux dès les années septante pour imposer une série de politiques crapuleuses, mais c'est aussi, bien plus largement, le levier politique dont se servent toutes les oligarchies pour réorienter leurs politiques hégémoniques, USA et Israël en tête (mais ils ne sont bien évidemment pas les seuls).

Si je résume à quelques thèmes essentiels la liste des actions mentionnées ci-dessus, nous avons donc grosso-modo cinq axes d'action :

  1. anti Le Pen / anti F.N.
  2. antiracisme
  3. anti conservateurs (luttes progressistes au niveau des mœurs sociétales)
  4. anti guerre / OTAN / U.E.
  5. anti sexiste

Mais dans cette liste, je ne vois aucun thème qui concerne les inégalités sociales et économiques. Si l'on excepte les luttes contre les guerres (dont on a hélas bien vu l'impuissance à les empêcher, et dont l'analyse au cas par cas pourrait bien révéler d'étranges contradictions et ambiguïtés[ii]), les actions semblent bien se focaliser sur les inégalités « sociétales », c'est-à-dire les droits des minorités, permettant notamment aux femmes, aux étrangers, aux homosexuels, d'obtenir les mêmes droits que la majorité, comme si était déjà acquise l'égalité économique et sociale ! On reste donc à (pardonnez-moi l'expression) « grenouiller » dans la mare de la société bourgeoise, capitaliste, libérale, et on ne parle plus de droits ou d'acquis sociaux, on laisse les riches et les puissants (les voleurs de ressources et les voleurs de pouvoir) continuer à se goinfrer et à piller les ressources de la planète tout en détruisant méticuleusement l'écosystème, on ne s'en prend, finalement, qu'aux symptômes les plus apparents : le racisme, le sexisme, les inégalités sociétales. Le racisme, n'en déplaise à certains, n'est pas une cause, mais un symptôme. Ce n'est donc pas un germe du fascisme.

On ne naît pas raciste, on le devient. Le racisme engendre du mal, mais n'est pas « le mal » : il est la conséquence d'un mal plus profond et résulte principalement de deux choses : les inégalités économiques et le tissu socioculturel. On a donc là deux causes fortes à analyser pour le racisme, mais aussi pour toute une série d'autres symptômes. Où sont les actions sur le plan socioculturel, économique et politique revendiquées comme fondements de la lutte globale antifasciste radicale ? Où est l'éducation populaire, qui devrait être au centre des luttes antifascistes aussi bien qu'anticapitaliste ?

De façon générale, l'idée que les luttes sociales se font dans la rue a été une erreur stratégique déterminante dans l'échec de l'antifascisme. Cette orientation a été délibérément laissée au peuple par les voleurs de pouvoir, pour la simple et bonne raison que les pouvoirs - tous les pouvoirs, y compris les contre-pouvoirs - c'est entre leurs mains qu'ils sont, et cela depuis... la Révolution !

Le SCALP le dit lui-même : le F.N. s'est relevé de sa crise de 2002 après une traversée du désert de huit ans, et dès 2010, sous la houlette de la « vague bleue Marine »[iii]. Comment ? Pourquoi ? Il a radicalement changé de stratégie et s'est tourné vers le seul pouvoir susceptible de le faire monter dans les sondages : les grands médias, « quatrième pouvoir ». Le F.N. a changé son image, s'est débarrassé des groupuscules skins et néo-nazis qui traînaient dans son sillage et apportaient de l'eau au moulin des accusations de « parti facho », il a réorienté son discours, à récupéré toute une série de thèmes délaissés par la gauche. Bref, le F.N. a abandonné le terrain de la rue aux antifascistes. Ils ont été plus malins en comprenant que ce n'est pas là que se joue la partie. Ce n'est pas faire leur éloge que de leur reconnaître ça.

La rue, le peuple, n'a aucun pouvoir. On peut manifester, protester, pétitionner, se mettre en grève, les voleurs de pouvoir s'en fichent et ils le disent clairement : « Ce n'est pas la rue qui décide ! ». Il ne faut pas être grand clerc pour s'en rendre compte. Et l'élection, dans lequel le peuple est censé détenir le « pouvoir suprême » est une vaste mascarade. La litanie propagandiste qui sévit depuis plus de 150 ans, comme quoi « élections = démocratie / démocratie = élections » est une des plus grandes tromperies universelles auxquelles les peuples ont cru, par la répétition, et il est urgent de les désintoxiquer de cette croyance. Elire de prétendus « représentants », qui en réalité ne représentent qu'eux-mêmes et les intérêts des banques et des multinationales qui financent leurs partis et leurs campagnes électorales et qui constituent leurs réseaux d'influence, c'est seulement désigner des maîtres qui décident de tout à notre place jusqu'à la prochaine élection. Ce n'est pas Octave Mirbeau, cet écrivain et romancier anarchiste par trop méconnu, qui contredira cette idée, lui qui écrivait déjà, en 1888, cette chronique incendiaire dans Le Figaro, intitulée « La grève des électeurs », véritable pamphlet anti élections qui dénonçait le faux suffrage universel de l'oligarchie particratique.

Car en effet, l'élection est, par définition, oligarchique. Elire, c'est choisir le meilleur ; « le meilleur » se dit en grec aristos. Dès lors, l'élection est bel et bien aristocratique, donc oligarchique (l'oligarchie étant le « gouvernement du petit nombre », et l'aristocratie étant constituée d'un petit nombre de gens, l'aristocratie est oligarchique). Comment une telle évidence ne nous a-t-elle pas sauté aux yeux plus tôt ? Voilà une question à creuser.

Si Mirbeau - et sans doute d'autres auteurs anarchistes - avaient déjà découvert ça il y a plus d'un siècle, je ne l'ai découvert, moi, qu'en 2010. Et grâce à qui ? Un homme d'une grande intégrité, profondément humaniste, gentil (trop) et foncièrement antifasciste, aujourd'hui traîné dans la boue par... une frange inquiétante de la mouvance antifasciste française et grecque, dans un grand élan de diabolisation par association, syllogismes, amalgames, calomnies, mensonges et diffamations dont ils se sont fait une spécialité.

 

Les cibles de la fronde antifasciste.

Etienne Chouard, l'homme qui a révélé le coup d'Etat contenu dans le TCE et contribué, par ses analyses, à faire gagner le NON au referendum de 2005, qui s'est, selon son propre aveu, réveillé politiquement (à 50 ans) à cette occasion et a poursuivi sa lutte contre l'oligarchie. Et, avec d'autres penseurs, artistes, journalistes, intellectuels, scientifiques, qui tous luttent contre l'Empire, le sionisme, le capitalisme, l'U.E, les guerres et contre tous les fascismes (les vrais), il est à présent victime d'une étrange cabale provenant apparemment de la mouvance antifasciste. Cette fronde est-elle justifiée ? Pertinente ? Efficace ? C'est ce que nous allons analyser. Mais vient-elle réellement, à la source, des antifascistes eux-mêmes, ou les antifascistes (ou une partie d'entre eux) se sont-ils laissés instrumentaliser par des barbouzes infiltrés dans le mouvement ? Je pense que c'est très probable, et je vais aussi m'efforcer de montrer comment et pourquoi j'en arrive à cette hypothèse.

Voyons d'abord qui sont les quelques personnes qui - outre Etienne Chouard - ont notamment subi les foudres d'actions antifascistes sur le net et lors d'événements d'éducation populaire. Qui sont-elles, que font-elles, qui combattent-elles, pourquoi sont-elles accusées d'être fachos ou « amis des fachos », en quoi ces accusations n'ont aucune pertinence et sont, au contraire de pures calomnies ? Développons.

 

Jean Bricmont est un physicien et essayiste belge, docteur en sciences, membre de l'Académie Royale de Belgique, et est actuellement professeur de physique théorique à l'UCL. Libre penseur, il s'est notamment fait connaître pour sa défense radicale de la liberté d'expression, et cela notamment en prenant la défense de Noam Chomsky (dont il partage les idées et les analyses politiques radicales de gauche). Mr Bricmont a été descendu en flammes par un certain establishment « d'extrême-gauche » arqué sur des positions de principe contradictoires, des antifascistes qui prétendent être pour la liberté d'expression, à condition que celle-ci ne véhicule que des idées politiquement correctes ; qui prétendent être contre la guerre mais qui attaquent tous ceux qui dénoncent les guerres impérialistes de l'OTAN ou des USA ; et qui sont bien entendu favorables à la loi Gayssot.

Le professeur Bricmont est donc de ceux qui pensent, comme Chomsky, que le meilleur moyen pour combattre les idées intégristes (de quelque bord qu'elles soient - y compris fascistes, bien entendu), n'est pas d'interdire et de condamner juridiquement une personne pour ses paroles ou ses idées, mais de permettre un débat contradictoire qui, en faisant valoir des arguments bien fondés et des faits établis, permettent de rétablir la vérité et de montrer la non pertinence de ces idées totalitaires. Pour cela, il est accusé par une nébuleuse prétendument antifasciste, au prétexte fumeux de "créer des ponts avec l'extrême-droite", d'être un "rouge-brun". Le très "gauchiste" Charlie Hebdo (officine dorénavant rendue aux intérêts atlantistes, sionistes et européistes) s'est ainsi fendu d'un billet intitulé « Les soutiens bruns de Damas » dans lequel ils le dénoncent. Jean Bricmont a répondu à ces diffamations au micro du Cercle des Volontaires, mais également dans ces colonnes.

 

Michel Collon est journaliste indépendant et essayiste belge, fondateur du collectif indépendant Investig'Action qu'il gère avec une équipe de bénévoles. Il a commencé sa carrière à l'hebdomadaire Solidaire (Parti des Travailleurs de Belgique, pas franchement de droite aux dernières nouvelles). Il dénonce depuis de nombreuses années la désinformation des grands médias ainsi que les techniques de propagande de guerre. Il s'est notamment élevé contre l'intervention de l'OTAN au Kosovo en 1999. Il a participé à la conférence contre l'impérialisme Axis for Peace en 2005. Il a dénoncé les mensonges médiatiques de la guerre illégale contre la Lybie. Il s'est opposé à la guerre de la France au Mali. Il s'oppose farouchement à la politique d'apartheid d'Israël, qu'il considère comme l'un des Etats parmi les plus racistes au monde et dont il dénonce les crimes de guerre. En novembre 2011, suite à des pressions de syndicalistes se prétendant antifascistes, la CGT lui a refusé l'accès à la Bourse du travail de Paris. Voici un extrait de leur "argumentaire" qui en dit long sur leur totalitarisme : « La question qui se pose aujourd’hui à tout prolétaire en lutte menacé par la montée du fascisme est donc simple : comment faire taire les bourgeois et les fascistes, comment détruire ou neutraliser les moyens de propagande de l’ennemi ? La «  liberté d’expression  » doit être détruite, au même titre que toutes les libertés bourgeoises, il ne s’agit pas de les reprendre pour nous, c’est impossible. (...) Reconnaître à nos ennemis le droit de s’exprimer, c’est leur reconnaître le droit de gagner la bataille : car les mots sont des armes mortelles. (...) La révolution, c’est nécessairement bâillonner la bourgeoisie et ses alliés fascistes. » On en reste sans voix... (c'est le but, me direz-vous : stratégie du choc).

Dans cette même déclaration, digne des pires dénonciations collabos de l'occupation nazie en Europe, ils associent Michel Collon notamment à Alain Soral, « crypto fasciste notoire », faisant accroire qu'ils seraient amis. Amalgame qui ne résiste pas trente secondes à la vérification (on félicitera au passage la CGT pour leur discernement). En 2012, il a de nouveau été interdit de parole à la fête de l'Humanité, le service d'ordre des organisateurs ayant décrété ne pas pouvoir assurer sa protection suite à des menaces d'agression physique (!) s'il devait effectivement s'exprimer comme cela était prévu. On a donc affaire à des gens violents, près à faire usage de la force physique (de quel droit ?) pour « détruire la liberté d'expression » ! Méthodes qui flairent bon le fascisme et rappellent étrangement les méthodes utilisées par les milices nazies d'avant guerre.

 

René Balme est maire de Grigny, fils de bûcheron, homme du peuple. Il est engagé à la SNCF en 1968. Il adhère à la CGT en 1974. Il entre au Parti Communiste en 1983 et y reste jusqu'en 1997 où il décide de quitter le parti car il n'adhère pas au soutien du PC à la déclaration de guerre de la France contre la Serbie. Elu maire de Grigny en 1992, il est réélu en 1995, 2001 et 2008. Il rejoint le Parti de Gauche à sa création en 2009. En 2012, il est victime d'une campagne de calomnie orchestrée par la "journaliste" Ornella Guyet (dont nous allons reparler) qui publie, dix jours avant le premier tour de la campagne des présidentielles, un billet incendiaire malhonnête sur le site "d'information" Rue89. Cette diatribe, qui l'accuse d'être la « tache rouge-brun » dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon, est reprise sans vérification (!) dans d'autres médias, notamment par Le Monde et Le Figaro. Dans ce texte, il est notamment accusé de « complotisme » (sic), d'« antisémitisme obsessionnel », d'homophobie et de « faire l'éloge de dictatures ». L'accusation d'antisémitisme, en particulier, scandalise René Balme, qui revendique sa lutte, toute sa vie, contre tous les racismes. Mais René Balme a visiblement (surtout ?) le tort d'être aussi opposé à l'idéologie sioniste. Il n'est pas difficile de vérifier que ces accusations sont mensongères et donc sans aucun fondement, mais qui prend le temps de vérifier ? Pas la hiérarchie du Parti de Gauche, en tout cas ! Au lieu de le défendre contre ces diffamations, la hiérarchie du Front de Gauche baisse son froc devant les média-mensonges et laisse lâchement tomber René Balme, qui décide naturellement, après la campagne présidentielle, de le quitter.

 

François Asselineau est le président fondateur de l’Union Populaire Républicaine (UPR), mouvement politique qu'il a créé en mars 2007 pour convier les Français à se rassembler provisoirement en dehors du clivage gauche-droite, afin de faire sortir au plus vite la France de l’Union européenne, de l'euro et de l'OTAN. Diplômé d'HEC Paris, vice major de l’ENA, Inspecteur général des finances, il a été membre de cabinets ministériels puis directeur de cabinet du président du Conseil général des Hauts de Seine Charles Pasqua de 2000 à 2004. Il a également été Conseiller de Paris, de 2001 à 2008, et Délégué général à l’intelligence économique à Bercy de 2004 à 2006. Il fait des conférences dans lesquelles il présente ses analyses pointues des rapports entre les USA et la construction européenne. Il s'est présenté aux élections présidentielles, sans toutefois recueillir les 500 signatures de maires. L’Union Populaire Républicaine (UPR) et son président François Asselineau ont fait l’objet, dès 2011, d’attaques extrêmement virulentes de la part de “Marie-Anne Boutoleau”, prétendue “journaliste indépendante” dont le véritable nom est Ornella Guyet. Ces attaques ont été diffusées sur les sites Internet Indymedia-Paris et Rebellyon et ont eu notamment pour effet d’empêcher la tenue d’une conférence à Lyon, deux gérants d’établissements ayant été successivement contraints, sous l’effet du climat de violence entretenu sciemment par cette femme et ses relais locaux, d’annuler les locations qu’ils avaient accordées. L'UPR et Mr Asselineau ont déposé une plainte pour diffamation publique contre Ornella Guyet et les sites Indymedia-Paris et Rebellyon. D'autre part, l'UPR a diligenté une enquête pour déterminer qui est réellement "Marie-Anne Boutoleau" et quels intérêts se dissimulent derrière ces attaques. Les informations récoltées sont très éclairantes sur les réelles motivations de cette dame, compte tenu des liens étroits qu'elle entretient avec les réseaux d'influences étasuniens. Il apparaît également dans cette enquête que le réseau Indymedia est entièrement financé par des fonds étasuniens, notamment la Fondation Ford, connue comme étant un des prête-noms de la CIA.

 

Vikctor Dedaj et Maxime Vivas, journalistes et coadministrateurs du site legrandsoir.info, se voient eux aussi victimes des délires diffamatoires d'Ornella Guyet et son double d'Article 11 : billets incendiaires diffusés sur internet, conférences annulées suite à des menaces, tout est bon pourvu que l'on fasse taire « l'infâme antisémite Dedaj ». Il faut dire, il est vrai, que Viktor Dedaj ne cache pas son rejet du sionisme. Il l'écrit sans détour et sans fioriture. Mais voilà : pour les Ornella Guyet et Co., l'opposition à l'idéologie sioniste ne fait que dissimuler un « antisémitisme honteux » ; tout qui s'oppose au sionisme et à la politique crapuleuse d'Israël est, nécessairement, antisémite. Il ne peut y avoir de demi-mesure, de nuance. Pour ces défenseurs inconditionnels d'Israël et de l'Empire US, il n'y a pas de différence entre juif et sioniste : tous les sionistes sont des juifs, donc tous les juifs sont des sionistes (et il faut le rappeler à ceux qui s'ignorent), donc tous les antisionistes sont antisémites. CQFD. Aucun complexe à faire assaut de syllogismes et de sophismes. C'est bien connu, plus c'est gros, plus ça passe !

La liste des victimes de ce genre de cabale ne s'arrête pas là, je pourrais encore en citer d'autres, beaucoup d'autres (Alain Gresh, Thomas Coutrot, Frédéric Lordon et les économistes atterrés, Béatrice Pignède, Jonathan Moadab et Raphaël Berland du Cercle des Volontaires, Hervé Kempf, François Ruffin, l'association Reopen911, ... même Alain Soral - n'en déplaise -, puisqu'il est lui aussi la cible de ces attaques et, bien sûr, l'humoriste Dieudonné).

Je vais tout de même mentionner encore Annie Lacroix-Riz, dernière en date à être victime des fatwas antifascistes, parce qu'on atteint là les sommets de l'absurde, c'est vraiment la cerise sur le gâteau. Cette historienne dont les travaux dérangent considérablement parce qu'ils sont rigoureusement sourcés et virtuellement indémontables, remet en cause toute une série de mythes qui concernent la première et la deuxième guerre mondiales ainsi que la construction européenne. Elle met en cause, notamment, une série d'hommes politiques et d'industriels occidentaux en démontrant leur implication dans la machine de guerre nazie. On la dit d'extrême-gauche, trotskiste, « rouge ». Il est vrai qu'elle a toujours été de gauche, en tout cas, et farouchement antifasciste. Et la voilà maintenant pointée du doigt comme une fasciste par un groupuscule prétendument « antifasciste de Lille » (toujours courageusement anonymes) sur le site Indymedia-Lille,... Les sommets de l'absurde, je vous disais !

Arrêtons-nous là et récapitulons les positions de ces personnes.

Etienne Chouard est démocrate (au vrai sens du terme), adversaire de l'U.E., contre les guerres, contre le fascisme (le vrai) et tous les totalitarismes, il défend un projet pour une vraie démocratie pour rendre le pouvoir au peuple et il n'est lui-même candidat à rien. Son leitmotiv est d'aller à une constituante populaire. Son crime ? Accepter le débat, y compris avec ses opposants politiques.

Jean Bricmont est libre penseur, défenseur radical de la liberté d'expression, opposé aux guerres et aux manipulations de la propagande de guerre. Son crime ? Lutter contre les lois liberticides, dont la loi Gayssot, afin de permettre un vrai débat d'idées qui permette de faire la lumière sur les mythes historiques (tous les mythes historiques), non pour donner des armes aux négationnistes, mais au contraire, pour éclairer les zones d'ombres dans lesquelles s'engouffrent les négationnistes pour convaincre leur public.

Michel Collon est adversaire de l'impérialisme, des guerres coloniales (néo-colonialistes), du « droit d'ingérence » prétendument humanitaire, du sionisme, du fascisme, de tous les totalitarismes. Son crime ? Mettre en doute les mensonges des grands médias.

François Asselineau est adversaire de l'impérialisme étasunien, de l'Union Européenne, favorable à un retour de la souveraineté monétaire pour la France. Son crime ? Présenter des analyses documentées et très argumentées qui démontent le mythe de la « construction européenne », ultralibérale et atlantiste.

Victor Dedaj et Maxime Vivas sont adversaires du sionisme, de l'ultralibéralisme, de la domination des multinationales (notamment agroalimentaires), et bien sûr, eux aussi adversaires des guerres néocoloniales. Leur crime ? Dire et écrire sans détour leurs quatre vérités aux sionistes.

Annie Lacroix-Riz est une historienne pointue, nécessairement révisionniste (le révisionnisme est un principe élémentaire de la méthode scientifique propre à l'analyse historique) franchement à la gauche de la gauche, adversaire des mythes et des mensonges historiques. Son travail pointe, de façon documentée, les dissimulations et les ententes secrètes entre intérêts économiques convergeant dans les camps ennemis et le financement des guerres et la manipulation des révolutions par les milieux bancaires et affairistes. Adversaire de l'impérialisme, son crime est évidemment de révéler quelques vérités très dérangeantes sur les pratiques de quelques grandes entreprises et dynasties bancaires, autant que la collusion de certains politiques avec le régime nazi.

Résumons-nous :

Tout cela vous semble-t-il relever de l'idéologie fasciste ou « crypto fasciste » ? Revenons donc sur cette idéologie pour vérifier.

Qu'est-ce que le fascisme ?

À l'origine, les termes « fascisme, fasciste » apparaissent avec le mouvement italien fondé par Benito Mussolini en 1919. Le mot vient de l'italien fascio « faisceau » et fait référence à un attribut des Licteurs dans la Rome de l'antiquité. Le premier régime fasciste est donc le régime de Mussolini, qui a été au pouvoir en Italie entre 1922 et 1945. Le terme s'étend ensuite pour désigner toute une série de mouvements politiques partageant de nombreux points communs avec le régime de Mussolini, notamment, bien sûr, le régime nazi en Allemagne sous Hitler (entre 1936 et 1945).

Mussolini décrit lui-même son régime comme étant totalitaire (parti unique dirigé par un chef charismatique), ce qui s'exprime à travers ses mots : « Tout par l'État, rien hors de l'État, rien contre l'État ! ». Le leader italien prône le combat contre le bolchevisme et le socialisme, mais aussi contre le capitalisme et la démocratie parlementaire. Le régime fasciste italien est une oligarchie (gouvernement par le petit nombre).

Les fascistes sont adversaires de la démocratie (gouvernement par le grand nombre), du parlementarisme (gouvernement représentatif), de l'individualisme et de la société libérale du XIXe siècle (qui constituent un frein à l'embrigadement des masses), du socialisme et du marxisme (puisque le fascisme est adversaire de l'égalité et de la redistribution des richesses). La caractéristique du fascisme nazi et mussolinien (le fascisme historique) est l'idéologie qui fonde une hiérarchie fondée sur la suprématie d'une race sur les autres (aryenne pour les nazis, italienne pour les mussoliniens).

Le fascisme prône donc un régime autoritaire, il interdit la liberté d'expression, contrôle l'information, réécrit et impose l'histoire officielle et persécute les opposants, il exalte le nationalisme, appuie sa politique sur une armée forte et sur la guerre et ne craint pas l'emploi de méthodes coercitives violentes contre la société civile (atteintes à la vie privée, arrestations arbitraires, emprisonnements sans jugement, procès politiques, assassinats politiques, tortures).

De façon plus générale, est considéré comme fasciste tout mouvement politique ou organisation s'appuyant sur un pouvoir fort au service d'une classe sociale dominante, la persécution d'une classe ennemie chargée de tous les maux, la répression de l'opposition et un contrôle politique arbitraire de la société civile.

En France, l'idéologie fasciste (qui ne portait pas encore ce nom) s'est principalement développée, selon Zeev Sternhell, entre 1880 et 1914 suite à une réaction entre une radicalisation antidémocratique de certains mouvements d'extrême gauche (entre autres le syndicalisme révolutionnaire) et l'arrivée d'une nouvelle droite nationaliste (la droite révolutionnaire) dont naîtra le fascisme après la première guerre mondiale.

Le terme « fasciste » est employé de nos jours pour disqualifier des ennemis politiques. Cette acception a été utilisée par les Soviétiques durant la guerre froide dans le cadre de la « tactique du salami ». Dans les débats politiques, le terme « fasciste » (abrégé « facho ») continue d'être employé comme une injure visant à disqualifier et diaboliser une cible politique (que cela soit abusif ou non) dans une tactique dont le but est d'exercer une fonction repoussoir dans l'esprit du public.

Résumons-nous :

Fascisme

Cibles des «  antifascistes  »

Totalitaire (parti unique)

Contre l'impérialisme

Autoritaire (régime policier)

Contre la police de la pensée et la violence

Pouvoir au service d'une classe dominante

Contre la domination d'une classe sur les autres

Hiérarchie fondée sur la race

Contre tous les racismes

Nationaliste (contre l'internationalisme)

Souverainistes et/ou internationalistes

Élitiste (contre la redistribution des richesses)

Contre les inégalités sociales et économiques

Contre la liberté d'expression

Pour la liberté d'expression (libres penseurs)

Contre le parlementarisme

Pour une vraie démocratie

Régime fondé sur la guerre et l'armée

Contre la guerre et le colonialisme

Cherchez l'erreur ...

 
 

«  La liberté d'expression doit être détruite  »

Au cours de ce travail j'ai pu en apprendre un peu plus sur les raisons avancées par certains antifascistes (ou prétendus tels) et les justifications qu'ils donnent à leurs actions liberticides. Par exemple, ce témoignage anonyme (oui, avec les antifascistes, on a le plus souvent à faire avec de courageux anonymes[iv]), nous apprenons que « non, nous ne sommes pas pour la liberté d'expression de tous, selon l'expression consacrée : la liberté d'expression, c'est une minute pour les juifs, une minute pour Hitler. » Cette logique est absurde, parce qu'elle part du principe que tout le monde aurait droit au même temps de parole face au même auditoire, ce qui est le contraire de tout ce que nous connaissons. Les grands médias (ceux qui mènent au pouvoir) sont verrouillés et seuls ceux qui ont l'autorisation tacite de l'oligarchie de s'y exprimer peuvent y apparaître. Qui plus est, il n'y a pas que les juifs et Hitler : c'est quoi cette manie de tout ramener aux juifs ou à Hitler ? Une manie d'antifascistes qui ne trouvent leur identité que dans l'affrontement face aux fachos ?

Si Marine Le Pen et le F.N. ont pu grimper dans les sondages, c'est uniquement parce qu'ils ont décidé d'abandonner le terrain de la rue pour conquérir celui des grands médias et donc jouer le jeu de l'oligarchie. La corrélation est parfaite entre temps de parole et résultats aux élections. Il est dès lors frappant de constater que ceux et celles que l'on cherche à bâillonner ne sont pas des personnalités qui apparaissent dans les grands médias.

On ne cherche pas à faire taire des membres de l'UMP, dont au moins la moitié tiennent des propos bien plus puants que Marine Le Pen elle-même (et je ne le dis pas pour la défendre, mais pour établir un fait : elle est maligne, elle mesure ses propos et calcule la portée de chacun de ses mots). Pas non plus de fatwa lancée sur, par exemple, un Yves Calvi, qui s'est pourtant illustré en 2012 en faisant l'éloge, dans l'émission C dans l'air, à une heure de grande écoute et sur une chaîne publique, de la politique d'épuration des étrangers menée par le parti fasciste Aube Dorée à Athènes. J'attends toujours la réaction indignée des antifascistes à ce propos (moi, je suis scandalisé qu'un pareil individu puisse encore sévir dans le PAF !).

Non. Il est tellement plus facile de s'en prendre aux plus faibles, ceux qui ne s'expriment que dans de petits auditoires, dans des conférences ou via le net. Ou à travers des livres, quand on sait très bien qu'à peine 5 % de la population lit. Les courageux antifascistes vont aller casser la gueule d'un Jonathan Moadab (au passage, il est juif... opposé au sionisme, certes, mais juif - bien sûr, il se sent Français avant d'être juif : serait-ce un crime ?), mais ils n'oseront pas aller s'en prendre à un Calvi, un Val, un Cohen ou un FOG. Tout cela est assez minable. Si encore ils ne tiraient pas contre leur propre camp, on pourrait comprendre, mais là, franchement, c'est à pleurer...

Je veux citer un internaute :

« Les gens qui sont ouverts au dialogue méritent qu'on dialogue avec eux. Il n'y a que ceux qui le refusent et qui ne connaissent que la violence qui doivent être mis à l'écart. Que ces derniers se disent de gauche ou de droite importe peu. Tant que le dialogue est possible, il y a de l'espoir. Refuser le dialogue quand il est possible, c'est vouloir la guerre quand on peut avoir la paix, c'est favoriser le pire quand on pourrait l'éviter mais c'est surtout n'avoir aucune vision de comment convaincre ceux qui ce sont perdu et demandent la contradiction. »

Si l'on considère certaines idées comme dangereuses, nuisibles, alors il ne servira à rien d'essayer de faire taire ceux qui expriment ces idées. Les idées (même les mauvaises) survivent aux individus et les dépassent. Au contraire, rendre ces idées illicites les rendra même plus attrayantes, par un processus que nous connaissons tous (en particulier les anarchistes et les libertaires que nous sommes) : il suffit d'interdire quelque chose pour susciter la curiosité, l'intérêt, le désir de savoir ce qui se cache derrière et l'excitation de la transgression (un exemple ? Les protocoles des sages de Sion est mis à l'index, j'ai donc voulu savoir pourquoi, je l'ai donc lu : c'est très instructif - et cette lecture n'a pas fait de moi un adepte des théories fascistes ni un antisémite - par contre, j'ai bien compris pourquoi il était mis à l'index...). Pour lutter contre de telles idées, il faut les comprendre. Et le seul moyen d'y parvenir passe par l'isègoria. Selon ce principe, pour combattre le fascisme, on doit en écouter les penseurs pour mieux saisir leurs raisonnements, leurs motivations et surtout leurs besoins. Si on saisit leurs besoins, on peut essayer de démontrer qu'ils se trompent de solutions et montrer d'autres formules pour répondre à leurs besoins.

Une grande partie de la population vote pour le F.N. Tous ne sont évidemment pas fascistes, extrémistes, racistes, voués au mal. Beaucoup sont des ouvriers, des gens du peuple. Et ce n'est bien évidemment pas en les diabolisant -eux ou le F.N. - qu'on parviendra à les convaincre qu'ils font une erreur en votant F.N : on sait bien que si l'on diabolise un parti ou des candidats, les électeurs qui votent pour ce parti ou ces candidats se sentiront, eux aussi, diabolisé, ce qui aura pour effet qu'ils se sentiront solidaires du parti ou des candidats visés, plutôt que l'inverse. Ce n'est pas en s'attaquant à des Chouard, des Moadab, des Collon, des Bricmont, etc. qu'on les persuadera de voter FdG ou NPA. C'est donc seulement par l'éducation populaire que l'on peut empêcher les idées obscures d'investir la conscience collective, et cette éducation populaire passe par la défense radicale de la liberté d'expression.

Voyons maintenant le discours d'un antifasciste qui ne se cache pas derrière l'anonymat, le franco-grec Yannis Youlountas. Il explique notamment ceci :

« L’isègoria posée de façon absolue est une connerie (ou une hypocrisie intentionnelle). Il faut poser des limites à la propagande et aux actes fascistes, car ils n’opèrent pas du tout selon les mêmes règles éthiques de discussion et sont dangereux en distillant leur poison ou en visant explicitement des boucs-émissaires. »

Ils sont dangereux en distillant leur poison et en visant spécifiquement des boucs-émissaires... Oui, un peu comme les antifascistes qui s'en prennent aux résistants à l'Empire, en somme : ils distillent leur poison (calomnies, mensonges, syllogismes, anathèmes, insultes, sophismes, fatwas, diffamation) et posent des actes fascistes (menaces d'agression visant à faire taire, à censurer et interdire de parole ; agressions physiques) et tout cela sous couvert de prétendue "lutte contre le fascisme". Curieuses « règles éthiques » que celles des antifascistes. C'est bizarre, mais je n'ai jamais vu ceux que les antifascistes désignent comme « FAF » appliquer ces méthodes pour interdire de parole un de leurs adversaires idéologiques,... Qui est fasciste, dans l'histoire ? Ah mais oui, j'oubliais : c'est normal, puisque ce sont tous des fachos ! Raisonnement circulaire.

 

«  Nous sommes en guerre  !  »

Une autre position avancée par un antifasciste sur un forum est que « nous sommes en guerre  ! ». Et là, évidemment, il y a un gros problème : la seule situation qui justifie une hiérarchie, c'est précisément la guerre. Si on est en guerre, on a intérêt à s'organiser, et compte tenu des contingences de la guerre, seule une structure hiérarchique peut permettre d'optimiser l'action. D'ailleurs, historiquement, la logique hiérarchique trouve son origine dans la guerre, et toutes les structures sociales qui ont développé des principes hiérarchiques trouvent leurs racines - quand ce n'est pas leur fin (c'est le cas de tous les fascismes, évidemment) - dans la guerre.

Si on est anarchiste, libertaire, se considérer comme étant « en guerre » (alors qu'on est objectivement en période de paix), c'est problématique. Serait-il impertinent de voir dans cette situation une des causes de l'échec des mouvements antifascistes ? Pourtant, songez-y : pour gagner la guerre, il y a tout intérêt à être bien organisé, à pouvoir agir de façon précise, efficace, en économisant les forces et les ressources, en pointant les bonnes cibles au bon moment, en adoptant des actions selon un plan stratégique (et pas au coup par coup). Cela nécessite une hiérarchie, un chef ou un état major, des lieutenants et des troupes. Bref, tout ce qui est de la nature du fascisme et contre la nature de l'anarchie (l'anarchie est le contraire de la hiérarchie[v]). De quoi se perdre avant même d'avoir commencé la bataille. Les électrons libres sont toujours perdants dans une guerre.

Oui mais ce à quoi nous assistons en ce moment, il faut bien admettre que ça n'a pas l'air d'être désordonné. Au contraire, toutes ces actions liberticides ont l'air bien orchestrées, bien structurées, toujours sur le même mode opératoire, avec des cibles bien spécifiques dont il est facile de cerner les points communs : « dis-moi qui tu dénonces, je te dirai qui tu protèges » (paroles d'antifascistes). Il y a visiblement une stratégie, des moyens, des ressources et des soldats qui frappent selon une procédure réfléchie. Qui sont les têtes pensantes ? Qui élabore les stratégies ? Mystère : l'origine de cette cabale se dissimule derrière l'anonymat. À une ou deux exceptions près. Et là, on a comme un début de piste pour comprendre.

 

«  Nous sommes l'antidote contre le nationalisme  »

Slogan : «  LE NATIONALISME EST UN POISON  ! Si tu penses qu'on peut vivre sans patrie ni frontières, ensemble, NOUS SOMMES L'ANTIDOTE.  »

Les contresens et les inversions de cette affiche sont très révélateurs. Déjà, on voit bien qu'il ne s'agit plus de lutter contre le fascisme, mais contre le nationalisme. Le nationalisme - et les nationalistes (ceux qui défendent l'idée de nation souveraine, par exemple) sont donc assimilés, de facto, à des fascistes. Cette forme d'amalgame et de généralisation est précisément la rhétorique de base des racistes, des intégristes, des extrémistes. C'est évidemment stupide.

Ce qui est encore plus stupide, et qui montre le degré d'incohérence et d'ignorance de ce genre de slogan, c'est que ce raisonnement est censé se baser sur l'idéologie internationaliste. Or, l'internationalisme, comme son nom l'indique, n'est pas du tout en opposition au principe des nations et des frontières qui les définissent, c'est même exactement le contraire ! Par nature, l'internationalisme est fondé sur un respect mutuel entre nations, un respect de la souveraineté de chaque nation et la volonté de créer des relations mutuellement avantageuses avec les autres nations.

Dans cette optique, qui reçoit d'ailleurs l'approbation de beaucoup de nationalistes (que l'on dit "de droite"), ceux-ci sont plus proches de l'idéal internationaliste que tous les prétendus gauchistes qui se disent « communistes » - donc internationalistes - sans comprendre de quoi il s'agit. Même la tournure de phrase est ambigüe : si on ne lit que les grands caractères, on lit effectivement « nous sommes l'antidote contre le poison nationaliste » ; mais si on lit la phrase dans son contexte, on lit plutôt « nous sommes l'antidote contre ceux qui pensent qu'on peut vivre sans patrie ni frontières. » : cette affiche affirme donc deux choses radicalement contraires ! Cette supercherie très maligne est digne du Mossad.

Enfin, impossible pour moi de ne pas faire le rapprochement entre ce slogan et les paroles de l'Agent Smith dans Matrix, qui explique que l'espèce humaine est un virus dangereux, et que, eux, les agents du système, sont l'antidote contre ce virus. Etrange inversion : les soi-disant « antisystème » qui adoptent un slogan non seulement pro système, mais qui plus est déjà entendu de sinistre mémoire dans la bouche des ... nazis !

 

Abandonner les thèmes démocratiques aux «  FAF  »  ?

Si l'on suit le raisonnement de ces antifascistes, puisque les Chouard et Co. sont des « rouge-bruns », puisqu'ils fricotent avec des fachos et des antisémites « notoires » (sic), il faut les diaboliser et les ostraciser par association et amalgame. On ne peut donc plus avoir de débat avec eux, ni les lire, ni les écouter, bref : on doit les censurer. Il s'en suit logiquement que l'on abandonne les thèmes qu'ils développent (démocratie, lutte contre les guerres néocoloniales, liberté d'expression, etc.) aux « FAF » (ou désignés comme tels). De fait, puisque l'on cherche à évincer les Chouard, Collon, Bricmont, etc. des événements d'éducation populaire « de gauche » et que seuls les événements d'éducation populaire « de droite » continuent à accepter (et à solliciter) la présence de ces vilains pas beaux, ces thèmes sont débattus et défendus « à droite ». Et « à gauche », on se retrouve en pleine confusion, à se méfier de débats sur la démocratie (la vraie), sur la Révolution, sur les Lumières, etc. sous prétexte que « les intellectuels et penseurs qui abordent ces thèmes sont des rouges-bruns ». On distille à gauche l'idée que la démocratie populaire, c'est une idée de fachos pour prendre le pouvoir. Logique : ne dit-on pas que les Le Pen, les Asselineau, les Cheminade, etc. sont des « populistes » ? Donc, s'ils veulent donner le pouvoir au peuple, c'est qu'ils sont populistes, donc fachos. Puis-je affirmer qu'il s'agit encore là d'un syllogisme grossier, donc insignifiant ?

La meilleure façon de résister au fascisme serait, tout au contraire, de montrer plus d'assiduité à développer ces thèmes - et donc à solliciter et inviter ces personnalités pour débattre avec eux - dans des colloques et événements d'éducation populaire organisés par des associations dites « de gauche », que ne le font les associations et événements d'éducation populaire dits « de droite ». Cela empêcherait ceux que l'on prétend combattre de s'emparer de ces sujets et donc de les récupérer à leurs fins (puisque c'est ça que l'on affirme vouloir empêcher).

Là, le résultat est exactement inverse : on abandonne les thèmes à l'ennemi, on lui laisse le champ libre. Comment mieux décrire une stratégie de la défaite annoncée ? C'est comme si un général disait « OK, l'armée ennemie cherche à s'emparer de nos ponts, et bien nous allons les leur laisser sans combattre et nous replier sur de meilleures positions défensives, ainsi l'ennemi sera bien attrapé ! ». Je sais, pas vous, mais moi, ce genre de stratégie, j'appelle ça de la trahison. Posons-nous la question : à qui peut profiter le fait de reléguer pareils thèmes de débats et d'éducation populaire à « l'ennemi fasciste », tout en écartant ces mêmes thèmes à ceux qui veulent (théoriquement) le bien des peuples ? Poser la question c'est y répondre : l'establishment, l'oligarchie ; ceux qui mènent la danse.

 

L'entrisme

L'entrisme est une stratégie qui vise à noyauter un groupe par infiltration. C'est une ancienne technique qui remonte à l'entre deux guerres et qui se développe largement durant la guerre froide, des deux côtés du rideau de fer. Le noyautage est notamment utilisé pour détourner des groupuscules néonazis aussi bien qu'antifascistes, ou pour manœuvrer des groupes terroristes. C'est une méthode contre laquelle le CVIPMA met en garde les mouvements antifascistes sur la page «  Les faux antifas  : mieux les reconnaître  !  » en décrivant bien les techniques d'infiltration policière ou par des barbouzes (agents de services secrets).

« Un faux antifa a plusieurs visages : celui du flic, de l'idéologue, de l'hystérique. (...) Les groupuscules anarchistes violents sont sa cible privilégiée. (...) Mais, plus subtil, il existe des flics qui ont leur propre organisation antifasciste. Au service d'un Etat, ils concentrent leurs attaques sur les partis ou mouvements politiques les plus dangereux. Personne n'a trouvé mieux, à l'heure ou l'antifascisme dérive vers les autodafés médiatiques, que d'accuser tel ou tel parti ou homme politique de fascisme. Comme le premier type de flic, les valeurs démocratiques et humanistes de l'antifascisme sont subordonnées à une cause policière. C'est une forme très perverse de trahison de la cause antifasciste. (...) Mais le grand tournant, après la fin de la Guerre Froide, c'est l'appropriation par les idéologues en chef du néo-libéralisme triomphant des slogans de l'antifascisme. Aujourd'hui, tous les ennemis du nouvel ordre mondial sont taxés de fascisme. L'effet médiatique est immédiat. Ils n'ont pas trouvé mieux, avant les tapis de bombe en Irak, en Yougoslavie, en Afghanistan, que de sortir la grande cause de l'antifascisme. Ceux qui lisent Le Monde et le Courrier International en savent quelque chose. Il n'y qu'à ouvrir les pages des quotidiens ou allumer les chaînes de télévision où se répandent les maîtres penseurs du néo-libéralisme. Pour ceux d'entre eux qui haïssent le communisme, et qui se sont vu privés de leur raison d'être avec la fin de l'URSS, il y a un nouveau slogan : les rouges-bruns. C'est la grande panacée, on fait d'une pierre deux coups : on vomit sa haine du communisme et on instrumentalise l'antifascisme. Les rouges-bruns, c'est un mythe. »

C'est en 2001 que le CVIPMA a rédigé ce texte. Ils avaient déjà conscience de l'infiltration et de la récupération des mouvements antifascistes par leurs véritables ennemis idéologiques ultralibéraux. Et c'est notamment contre ces dérives antifascistes que le CVIPMA a enquêté au sein de la mouvance antifasciste.

Si j'en juge par les événements de ces dernières années, leur travail a échoué. Il semble bien qu'aujourd'hui, les mouvements parisien, mais aussi toulousain, lyonnais et belge sont noyautés. Mais par qui ? Considérant les cibles de ceux-ci, deux pistes me semblent possibles : les services secrets US et/ou le Mossad. En effet, c'est principalement des résistants à l'Empire atlantico-sioniste qui sont visés, mais également un mouvement d'émancipation et de prise de conscience que nous ne sommes pas (et n'avons jamais été) en démocratie qui est visé. L'oligarchie veut faire taire les penseurs qui développent ces thèmes et étouffer dans l'œuf un possible réveil des peuples pour empêcher la montée de revendications démocratiques (constituante populaire, tirage au sort, contrôle des mandats des représentants, etc.). De la même manière, il faut discréditer et faire taire - au moins en les éloignant des grands médias - ceux qui dénoncent la politique d'apartheid et les crimes de guerre d'Israël, tout autant que la politique hégémonique des USA. Il faut désigner ceux qui s'opposent aux guerres néocoloniales comme étant des traîtres, des fascistes, des « idiots utiles » défenseurs des tyrans et des dictateurs de tous poils.

Et ça marche. Les petits crétins sans culture politique ni culture générale, sans faculté d'analyse mais dopés à la testostérone et en quête d'adrénaline, se font aisément fanatiser par quelques idéologues (faux antifascistes) et se jettent avec autant de haine que de hargne belliqueuse contre les « ennemis » désignés, les « rouge-bruns ». Une fois entraîné dans pareils excès, difficile de faire marche arrière et de se désavouer, même si, par miracle, une lueur de lucidité touche soudain leur esprit. Le phénomène est bien montré dans l'expérience de Milgram : on appelle cela « l'état agentique ». C'est cet état qui est décrit, de façon allégorique, dans le film Matrix, lorsque le personnage de Morpheus explique :

« La Matrice est un système, et ce système est notre ennemi. Quand on est à l'intérieur, qu'est-ce qu'on voit partout ? Des hommes d'affaires, des avocats, des enseignants, des charpentiers, ... C'est avec leur esprit qu'on communique pour essayer de les déconnecter. Mais en attendant, tous ces gens font quand même partie de ce système. Ce qu'il faut que tu comprennes, c'est que pour la plupart, ils ne sont pas prêts de se laisser débrancher. Bon nombre d'entre eux sont tellement inconscients et désespérément dépendants du système qu'ils vont jusqu'à se battre pour le protéger, ce qui fait d'eux nos ennemis. »

L'ironie suprême étant bien entendu de conduire ces jeunes décervelés à cet état agentique (soumission à une autorité) afin qu'ils en arrivent à défendre le système (sans en avoir conscience) et cela au sein même de groupes anarchistes et libertaires prétendant combattre « les valeurs bourgeoises » et défier les principes hiérarchiques de leurs pères (il est à noter que contrairement aux antifascistes des années '80 et '90, qui étaient pour la plupart fils d'ouvriers, bon nombre d'antifascistes d'aujourd'hui sont recrutés (!) dans les facultés au sein de la jeunesse bourgeoise, traditionnellement bienpensante). Et c'est là que le Diable hurla de joie.

Le CVIPMA fait le même constat :

« Les jeunes antifas ont mélangé crise d'adolescence et militantisme antifasciste. L'autorité est devenue fasciste, la loi est devenue fasciste, le nationalisme est devenu fasciste, la rigueur est devenue fasciste. La nuance elle-même est finalement devenue fasciste. D'où l'hystérie, la paranoïa (...) Les pseudo antifas hystériques, qui sont finalement des antifas naïfs, sont des éponges à propagande. Dès que l'opprobre médiatique ou autre leur jette en pâture le terme de fascisme, ils courent, ils se font avoir. Cette catégorie est extrêmement influençable par les flics et les idéologues. (...) Le problème est que cette attitude fait le jeu de l'idéologie dominante, le néo-libéralisme. (...) Précisons qu'un hystérique peut ne plus être très jeune, tout en restant très naïf. »

Le CVIPMA conclut cette page de leur site en décrivant le profil de l'antifasciste légitime :

« L'antifa légitime est d'abord indépendant des idéologies et de leurs relais médiatiques. Il se méfie des abus de langage, des amalgames. Il combat le fascisme quand il se présente, et il combat les autres idéologies meurtrières et aliénantes pour ce qu'elles sont. Pas pour régler des comptes, pas pour servir l'ordre dominant à une époque donnée. C'est une posture critique et lucide, qui sait se garder des slogans et mythes de ceux qui se réapproprient l'antifascisme. Afin que ce combat ne dérive pas vers des objectifs de reproduction de l'ordre dominant, ni ceux de la réémergence d'idéologies aussi meurtrières qui appartiennent au passé. Ses principaux ennemis sont d'abord les faux antifas. Parce que le fascisme ne peut être combattu si on les laisse dénaturer cette cause. »

Quels indices avons-nous pour étayer l'hypothèse du noyautage par la CIA, le Mossad et/ou la DCRI ? Primo, l'enquête diligentée par l'UPR de François Asselineau concernant Ornella Guyet (alias « Marie-Anne Boutoleau ») a montré, d'une part, les liens très particuliers de cette dame avec les lobbys étasuniens et la CIA, d'autre part que le réseau Indymedia (dont elle semble être coadministratrice) est entièrement financé par des sociétés étasuniennes (dont la Fondation Ford, prête-nom bien connu de la CIA). D'autre part, en Belgique, les mouvements antifascistes sont chapeautés depuis 1996 par la Coordination Antifasciste de Belgique (CAF), initiée par Manuel Abramovicz, également dirigeant de ResistanceS.be, un site internet et une revue consacrée à « l'observation de l'extrême-droite » (sic). Il est lié au PS (parti socialiste francophone de Belgique), donc à l'establishment et l'oligarchie politique Belge. Abramovicz est connu pour ses positions pro israéliennes, pro atlantistes et islamophobes. Il a également eut à faire à la justice concernant ses méthodes « spéciales » d'investigation. Ces indices ne sont pas rien.

 

Qui sont les vrais fascistes aujourd'hui  ?

Un tableau valant mieux qu'un long discours, reprenons celui que nous avons élaboré ci-dessus :

Fascisme

USA

ISRAEL

Totalitaire (parti unique)

Fausse alternance

Démocrates / Républicains

Oligarchie politique

Intégrisme religieux

Autoritaire (régime policier)

Patriot Act I et II

Guantanamo > tortures

Lois antiterroristes

Prisons politiques / tortures

Pouvoir au service d'une classe dominante

Financement (corruption) des partis par le "privé".

Pas de constitution formelle (différent religieux vs laïques)

Hiérarchie fondée sur la race

Communautarisme

(diviser pour régner)

Etat juif, par les juifs, pour les juifs

Nationaliste

« patriotisme » à toutes les sauces (drapeaux US partout)

Ultranationaliste

Politique d'apartheid

Élitiste (contre la redistribution des richesses)

Capitaliste et ultralibéraux

Capitaliste et ultralibéraux

Contre la liberté d'expression

Contrôle de la presse

par les ploutocrates

Contrôle de la presse

Contre le parlementarisme

Utilise le parlementarisme comme maquillage démocratique

Utilise le parlementarisme comme maquillage démocratique

Régime fondé sur la guerre et l'armée

50 % du budget mondial à l'armée

Néocolonialisme guerrier

Armée omniprésente et politiquement puissante

 

Bien que les USA et Israël aient un gouvernement (prétendument) représentatif fondé sur des principes parlementaires, il n'est pas difficile de montrer l'absence réelle de représentativité et la nature oligarchique de ces régimes, notamment par le truchement du principe électif. Il n'y a pas, stricto sensu, de parti unique et ces deux régimes ne sont pas stricto sensu totalitaires, mais la politique - et notamment la politique étrangère - a une orientation impérialiste, colonialiste et prédatrice prédominante qui montre une parenté avec les régimes fascistes.

Les deux pays ont un système policier et judiciaire puissant, des services de sécurité intérieure et extérieure puissants, un système répressif fort, fondé notamment sur les lois antiterroristes et la doctrine de la prétendue « guerre contre le terrorisme international ». L'arsenal judiciaire comprend le non respect de la vie privée, les arrestations arbitraires (y compris dans des pays étrangers, par la CIA, de façon totalement illégale), la détention arbitraire, le non respect de l'habeas corpus, des droits de la défense et jusqu'à la légalisation de la torture.

Le pouvoir politique est inféodé aux pouvoirs de la ploutocratie (les voleurs de ressources, multinationales, banques, FED, etc.), principalement aux USA où la corruption des partis politiques et le lobbysme sont légalisés, mais également en Israël, où l'essentiel du budget dépend d'aides provenant des USA (principalement). À l'évidence, le pouvoir politique de ces deux pays est en faveur d'une classe dominante, riche et puissante économiquement.

Les USA ont un très lourd passé raciste (génocide des amérindiens, esclavage des noirs africains, lois raciales et ségrégationnistes) et ont une politique fondée sur un faux multiculturalisme où prédomine le communautarisme (diviser pour mieux régner). Ils font de gros efforts pour se donner une image moderne, progressiste, antiraciste, mais la culture profonde des USA reste fortement WASP. Israël est un état raciste, tant dans son mythe créateur que dans la doctrine sioniste sur laquelle repose toute sa construction. Les autorités Israéliennes veulent un état juif, pour les juifs, par les juifs. Ils pratiquent, depuis leur création en 1948, une politique ouvertement ségrégationniste, coloniale, violente.

Aussi bien les USA qu'Israël ont poussé le « patriotisme », le nationalisme, à des sommets. L'omniprésence du « drapeau étoilé » aux USA est caractéristique. Quiconque ose émettre une critique de la politique (en particulier de la politique étrangère et guerrière) est aussitôt taxé d'antipatriotisme et de trahison. Les pacifistes sont taxés d'être des « lopettes ». En Israël, la propagande nationaliste et raciste (essentiellement à l'égard des arabes, mais aussi contre les européens) est omniprésente, y compris dans le cursus scolaire. L'armée et la logique militaire y sont sans cesse valorisées.

Les deux pays forment l'avant garde de l'idéologie néolibérale, ultra capitaliste, et favorisent nettement une logique élitiste. L'importance et l'influence de la pensée religieuse protestante aux USA est déterminante dans cette orientation, où même Dieu semble cautionner l'exploitation des faibles par les riches. Dans les deux pays, la presse est détenue par de puissantes multinationales, notamment par le complexe militaro-industriel et les milieux financiers. Inutile de dire que la presse y est contrôlée et orientée.

En ce qui concerne le parlementarisme, les deux pays n'y sont pas franchement défavorables, puisqu'ils l'utilisent pour maquiller leur régime en pseudo démocratie, mais une frange importante de leurs factions politiques sont en faveur d'un régime beaucoup plus centralisé et autoritaire. Certaines factions ne seraient pas contre une vraie dictature. On remarquera qu'aux USA, si le parti communiste a été officiellement interdit, le parti nazi ne l'a jamais été : pourquoi ce deux poids, deux mesures dans un pays qui se prétend champion de la liberté d'expression et de la liberté ?

Enfin, et c'est sans doute ce qui est le plus déterminant dans l'analyse : les deux pays fondent leur politique sur l'armée et sur la guerre. Les USA, à eux seul, représentent plus de 50 % du budget militaire de toute la planète ! Ils ont des bases militaires partout dans le monde, ils occupent de nombreux pays, notamment des pays qu'ils ont rasés suite à une guerre qu'ils ont déclenchée, le plus souvent en défiant les lois internationales. En Israël, le service militaire est obligatoire, pour les hommes comme pour les femmes. L'armée est omniprésente, notamment dans les territoires occupés.

On le voit, de tous les pays du monde, et bien que bon nombre de pays aient également des similitudes avec les critères qui définissent un régime fasciste, les USA et Israël collent à très peu de chose près au modèle fasciste. Pour ma part, cela ne fait pas de doute : les USA et Israël SONT des pays dominés par un régime fasciste, grossièrement maquillé en régime parlementaire et prétendument démocratique. L'adversaire désigné des antifascistes et des libertaires est donc bel et bien l'Empire atlantico-sioniste et leurs nervis et non ceux et celles qui dénoncent les politiques, les idéologies et les guerres de cet axe Washington-Tel Aviv.

 

Comment lutter efficacement contre le fascisme  ?

Pour lutter contre le fascisme, il faut recentrer les actions sur la lutte globale, à la fois socioculturelle, économique et politique, contre tout ce qui, dans une société, est susceptible de permettre la résurgence de phénomènes fascistes. L'antifascisme radical, c’est celui qui entend s'attaquer aux racines profondes du fascisme, à commencer par les inégalités sociales et économiques.

  1. Socioculturel : l'antifascisme doit mobiliser ses forces dans la promotion de l'éducation populaire, et au lieu d'exclure des penseurs injustement accusés de « collusion avec les fachos », il faut au contraire promouvoir la défense radicale de la liberté d'expression et miser sur la volonté grandissante des peuples à apprendre, à se cultiver, à penser par eux-mêmes. C'est l'axe le plus important, le plus décisif, car le fascisme se nourrit et alimente les peurs, l'ignorance et l'obscurantisme.
  2. Economique : l'antifascisme doit lutter contre les inégalités sociales (lutte des classes) et économiques (pauvreté, différences salariales, inégalités face au pouvoir de l'argent). Il faut analyser et comprendre les ressorts de l'économie, comprendre comment certains accaparent les ressources par la création monétaire, quitte à remettre en cause l'économie fondée sur la monnaie elle-même. Il faut étudier de nouvelles façons de penser l'économie (par exemple, l'EBR). La lutte radicale contre les inégalités économiques et sociales passe par la remise à l'ordre du jour de l'anarchie en tant que système social indissociable de la vrai démocratie.
  3. Politique : Il faut analyser les causes profondes de ces hiérarchies sociales et comprendre l'origine des principes hiérarchiques dans les sociétés prétendument « modernes ». Il faut lutter pour promouvoir une société non hiérarchisée, où le pouvoir est réparti horizontalement et non plus verticalement. Il faut se réapproprier les notions de la vraie démocratie et le germe démocratique que fut l'Athènes d'il y a deux mille cinq cents ans. Le slogan - si slogan il doit y avoir, devrait être « Je suis démocrate DONC anarchiste ! ».

Il est nécessaire de faire savoir ce qu'est le fascisme - le vrai - et ce qu'il n'est pas. Il faut introduire du savoir, de la connaissance, du discernement dans les analyses. Il faut avoir le courage de dénoncer les fascismes là où ils sont les plus dangereux, c'est-à-dire lorsqu'ils se manifestent à travers les grandes puissances de ce monde. C'est derrière le masque craquelé de « champion de la démocratie » que se cache aujourd'hui la pire menace fasciste que la Terre et l'humanité aient jamais connue.

Si des actions doivent, hélas, mener à des violences, il est essentiel qu'une forte éthique gouverne celles-ci. Je n'en vois qu'une qui puisse servir de modèle à d'authentiques antifascistes, c'est l'éthique des Jedi dans la saga Star Wars : la violence ne doit être utilisée que pour se défendre contre la violence. Cela demande beaucoup plus de rigueur, beaucoup plus de conviction et de maîtrise de soi. Mais ce n'est qu'à ce prix que l'on peut lutter contre le fascisme sans sombrer soi-même dans le côté obscur. Car la violence n'est jamais la solution. Elle est le problème : violences morale, psychique, sociale, économique, physique, c'est par toutes ces formes de violence que naissent les fascismes.

Et croyez-moi, ces considérations n'ont rien à voir avec de l'angélisme, c'est tout le contraire. Notre civilisation est en déclin. Sa chute est inévitable (et souhaitable), mais cette chute risque d'être douloureuse, dangereuse. Il ne s'agit pas de chercher à empêcher cette chute (elle est inéluctable) mais à se préparer à nous relever après la chute, à anticiper la civilisation à venir, afin d'empêcher qu'une fois encore la stratégie du choc nous fasse requérir les fausses solutions des voleurs de ressources et de pouvoir.

Enfin - et c'est certainement le plus important - la lutte contre le fascisme doit passer par une traque impitoyable des faux antifascistes et des mouvances antifascistes d'origine policière (au sens large). Sans ce travail d'assainissement, l'antifascisme continuera à servir les intérêts de l'oligarchie et des puissances qui dominent le monde, ce qui est le comble de l'absurde. Sans compter qu'elle se décrédibilisera de plus en plus aux yeux du grand public. Il faut donc prestement réactiver le CVIPMA. C'est indispensable.

 

Conclusion

En entamant ce dossier, j'ignorais à peu près tout de l'antifascisme. J'ai découvert beaucoup de choses, et notamment que le mouvement antifasciste authentique avait déjà tracé les contours de l'action la plus pertinente de l'antifascisme. En découvrant des documents précieux issus des mouvances antifascistes elles-mêmes, j'ai trouvé toutes les causes de la dérive antifasciste actuelle, mais aussi toutes les solutions (ou presque). Si l'antifascisme d'après la guerre froide a échoué, de même que l'antifascisme contemporain, c'est bien parce qu'au lieu de s'en prendre aux causes, ils ont agi sur des conséquences, sur des symptômes. Et s'ils ont orienté leurs actions sur ces symptômes, c'est parce qu'en grande partie, ils se sont laissés manipuler par infiltration et récupération de leur cause par les nervis de l'ordre établi - et notamment par le PS (tant en France qu'en Belgique). Ils le savent : ils l'ont écrit.

Mais une chose me saute encore aux yeux : les antagonismes intégristes (que l'on dit à tort "radicaux") sont la plus grande faille, la plus grande faiblesse de la lutte contre les extrémismes, quels qu'ils soient. Ils mènent au manichéisme judéo-chrétien, stérile et mortifère, à la pensée binaire, à l'exclusion de l'intelligence et du discernement. Ils mènent, inévitablement, à la confrontation brutale, à la guerre. Si on lutte contre la guerre, c'est-à-dire pour la paix, il faut rompre avec les logiques intégristes, et pour cela il faut se réapproprier le vrai sens du mot « radical ». Il y a une très grande différence entre l'intégrité et l'intégrisme, malheureusement, la distance entre les deux est extrêmement mince : seule une rigueur éthique et morale peut nous garder de franchir cette fragile frontière. La bienveillance et la tolérance ne sont jamais les positions les plus confortables, et certainement pas les plus faciles à adopter. Mais la lutte contre le fascisme - contre tous les fascismes - passe par là.



[i] http://www.radioradicale.it/exagora/les-fascistes-et-nous-les-veritables-fascisme-et-antifascisme-par-pier-paolo-pasolini

[ii] Une bonne occasion d'observer le fascisme, c'est la guerre et sa machine de guerre. Par exemple en 1999, l'antitotalitarisme et l'antifascisme sont mis au service de la guerre de l'OTAN contre le Kosovo. Quiconque émet un doute est qualifié de "rouge-brun".

[iii] au fait, le choix de « la vague » était-il un message subliminal envoyé au public ?

[iv] « J'appartiens à une organisation antifasciste. Mais cette prise de position ne concerne que moi, et mes camarades n'en sauront jamais rien. Car ils sont sur la position que vous critiquez qui est : on ne discute pas avec nos ennemis idéologiques ». Je trouve inquiétant que cette prise de position (le fait d'intervenir sur un blog pour ouvrir un dialogue avec "l'ennemi Chouard et ses adeptes" - puisque c'est ainsi que nous sommes considérés et qualifiés sur plusieurs sites antifascistes) doive être cachée et ignorée de ses camarades. Cela en dit long sur la liberté de pensée et la liberté d'agir au sein d'un mouvement qui, dans son ensemble, se revendique libertaire et donc (il me semble) attaché à la liberté individuelle.

[v] « anarchie » provient de an- privatif et de arkhein « commandement » : sans chef. 
 « hiérarchie » provient de hiéros « sacré » et de arkhein « commandement » : gouverné par un chef "sacré".

Autres sources

Technique secrètes pour contrôler les forum (Korben)

Analyse de la culture du mensonge (Le Grand Soir)

Communiqué d’ATTAC Besançon relatif à Étienne Chouard et les antifascistes
Quand Étienne Chouard rencontre un antifa

Pseudos antifascistes, vrais maccarthystes !

Ornella Guyet (wiki Reopen911)

Les honteux stratagèmes d’une manipulatrice démasquée

Chiens de garde : Ornella Guyet & Co.

Ornella Guyet contre Viktor Dedaj

Le délit de blasphème n’a pas sa place dans la république ! (Parti de Gauche)

L’Huma défend Forest mais pas Bricmont, pourquoi ?

les antifas, des militants proches de la gauche aux méthodes musclées (Le Monde)

L’affaire Daeninckx (Fabrice Nicolino)

Daeninckx, ou la calomnie pour vocation (Serge Quadruppani)

Indymedia-Paris : articles refusés

Problème technique ou censure (Gérald Christin to Indymedia-Paris)

Archive Indymedia.be

Résultat de recherche pour « chouard » sur Reflet.info

Les églises politiques et les sectes révolutionnaires de gauche

Lettre ouverte à Étienne Chouard

Étienne Chouard et ses inspirateurs d’extrême-droite (Indymedia-Nantes)

Monolecte, Étienne Chouard et les « vrais antifas »

Les liens entre Étienne Chouard et l’extrême-droite (selon « parasite-antifa »)

Le blog du SCALP-Reflex Paris

Les infiltrés (CQFD) > un modèle d’accusation à front renversé !

Quel antifascisme aujourd’hui ? (Coordination des Groupes Anarchistes)

Blog de Yannis Youlountas

Pour en finir avec certains arguments « chouardistes » (affreux, sale, bête et méchant)

Philippe « Avichai » Wagner, néonazi de la LDJ

Philippe Wagner, garde du corps de François Hollande

Antifa – chasseurs de skin (film documentaire)

Sur les pavés (film documentaire – réponse à « Antifa – chasseurs de skin »)

 


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