L’Iran aux portes de l’armement atomique ?
par Grégory VUIBOUT
lundi 7 novembre 2011
Passé au second plan de l’actualité internationale le projet atomique iranien va de nouveau faire parler de lui. L’AIEA s’apprêtant, en effet, à fournir de nouvelles preuves à charge contre la République islamique, c’est tout le Moyen-Orient qui voit s’annoncer de nouvelles secousses diplomatiques ; tant Israël est plus que jamais décidé à agir, y compris contre les appels à la retenue.
L’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) réunira son conseil des gouverneurs le 17 novembre à Vienne. L’information d’importance toute relative se trouve, néanmoins, rehaussée par une rumeur de plus en plus étayée. En effet à l’occasion de ce sommet, l’AIEA s’apprêterait à rendre public un rapport complet sur l’activité nucléaire iranienne. On y trouverait les preuves irrévocables des intentions iraniennes en matière de nucléaire militaire.
Une évolution de ton historique
L’information, si elle venait à se confirmer, serait purement et simplement historique tant par ses conclusions que par ses implications géopolitiques à plus ou moins long terme. Car ce serait la première fois, après des années de surveillance du programme iranien, que l’AIEA reconnaitrait explicitement que l’Iran fait tout pour se doter de l’arme atomique. Ce changement de ton de l’AIEA, loin de n’illustrer qu’une simple accélération du projet iranien, renvoi aussi à nombre de changements à l’intérieur de l’AIEA elle-même. En effet pour nombre d’experts il est évident que le choix de l’ambigüité, de la part de l’Agence, avait beaucoup à voir avec la personnalité de son directeur, Mohamed El-Baradei. Ce dernier parti, il semble que la parole se soit un tant soi peu libérée.
La course contre la montre est lancée
Mais d’autres facteurs plus circonstanciels ne sont pas, non plus, à écarté. Le fait que trois des cinq membres permanents du Conseil de sécurité connaissent des échéances politiques importantes en 2012 (Etats-Unis, France, Russie) peut aussi jouer. Le cas russe est plus particulièrement important, tant il est quasiment certain de revoir Vladimir Poutine investi des plus hautes fonctions. En effet le retour de l’ex agent du FSB s’accompagnerait, immanquablement, d’un durcissement de ton à l’encontre des pays occidentaux, au grand bénéfice de l’Iran.
Une vraie course contre la montre semble donc s’être engagée pour faire définitivement, ou presque, plier le régime des Mollahs.
Les inquiétudes de l’Etat hébreux
D’où l’inquiétude grandissante d’un pays comme Israël, dont on sait qu’il ne fait, bien souvent, qu’exprimer les inquiétudes occidentales. En effet dans ce climat de regain de tension entre Téhéran et Jérusalem on a, de nouveau, vu certains hommes politiques israéliens brandir la menace de l’intervention militaire face à l’attentisme international sur la question.
C’est le cas, par exemple, de Shimon Pérès, Président en exercice et ancien prix Nobel de la paix. Des bruits de couloir émanant de l’exécutif israélien attestaient d’une tentative récente émanant de Benyamin Netanyahou pour obtenir l’aval de son gouvernement à la définition de cibles possibles à viser en cas d’attaque militaire de l’Iran par Israël.
Même s’il est vrai que ces initiatives viennent en contradiction avec les propos de Meir Dagan, ancien chef du Mossad, qui déclarait en mai dernier ne voir dans cette option qu’une sorte de boite de pandore ; elles illustrent, pourtant un net regain de tension. En effet selon Dagan on sait comment ces « choses commencent » mais jamais comment « elles finissent ». Appel à la retenue qui semble de moins en moins convaincant pour nombre de politiques israéliens.
Inclinaisons belliqueuses de la classe politique israélienne venant en opposition aux propos tempérés d’Alain Juppé qui parlait, récemment d’une « opération déstabilisante » pour la région.
Bref rien de bien nouveau par rapport aux derniers épisodes du jeu de cache-cache atomique entre l’Iran et la communauté internationale.
Mais il y a tout à parier que dans les jours qui viennent le psychodrame reprendra.
Grégory VUIBOUT le 7-11-11