L’ivresse du pouvoir des juges et des services sociaux

par June
vendredi 26 février 2021

L’IVRESSE DU POUVOIR DES JUGES ET DES SERVICES SOCIAUX

 

C’était un 29 juillet exactement où je pris une décision, la plus dure, la plus triste qu’il soit de me séparer de mon fils, de le placer plus exactement.

Je l’élevais seule depuis sa naissance, d’un père quasi absent, tourmenté déjà par sa propre maladie, la schizophrénie. Seule, sans les grands parents et avec le peu de nounous qui m’avaient soulagé.

Mon fils Lyam âgé de cinq ans doté d’un tempérament difficile, rejetant toute autorité, en obsession pour obtenir une chose quand il avait décidé, était un enfant exigeant. Mon état de fatigue face à ses exigences prenait une ampleur telle, que jusqu’à ce fameux 29 juillet 2018, j’étais prise d’une forme de tétanie, lessivée d’une fatigue qui m’avait pris tout mon souffle, je n’étais plus là, j’existais à peine. Les gens qui m’entouraient s’apercevaient sûrement de ces signaux de détresse que je leur renvoyais. Mais personne n’avaient bougé, personne n’avaient peut être osé jusqu’à ce que je m’enfonce dans mes plus grandes profondeurs.

Mon fils, hypéractif ne s’arrêtait pas, ne s’arrêtait jamais, me sollicitait sans arrêt pour l’écouter, jouer, le regarder danser, il n’était qu’à lui même le centre de la maison, je n’avais plus aucune place pour moi même de me retrouver ne serait ce qu’un bref instant. Je n’existais plus, je m’effaçais de ce monde pour qui déjà j’étais invisible. J’essayais de tenir bon pour mon fils, pour le peu de moi même qu’il en restait jusqu’à ce fameux jour où tout devint aussi noir que blanc, en me demandant sans cesse si j’avais pris une sage décision, celle de le confier aux services sociaux, ces services pourtant que je refusais en bloc sachant très bien qu’ils ne représentaient pas la solution à ce soulagement, bien au contraire, mais j’étais prise dans une telle détresse et spirale infernale que je les ai sollicité, avec la certitude conviction que je regretterai immédiatement ma décision prise.

Je leur avais confié vivre l’enfer avec mon fils, ce dernier m’écoutant très peu et qu’il ne s’arrêtait jamais m’ayant conduit à un état d’épuisement total.

 

Les membres de l’Aide Sociale à l’Enfance sont donc venus à mon domicile pour récupérer mon fils, pour l’enlever à sa mère, pour m’arracher la chair de ma chair où cet acte de déchirement, le terme déchirement n’étant qu’un doux euphémisme, m’avait complètement anéantie.

Ils essayaient d’expliquer la situation à mon fils mais lui même, pris de panique ne cessa de hurler et pleurer car il comprit, oui à cet instant qu’une nouvelle vie venait à lui, celle de vivre loin de sa mère. Je le regardait avec compassion, les yeux brillants, mais n’eût d’autres manifestations aussi intenses que lui pour le préserver, pour ne pas l’apeurer. On se doit dans ces moments d’être adultes responsables de savoir prendre sur soi y comprit dans ces moments aussi douloureux soient-ils. Il hurlait en disant qu’il souhaitait rester avec sa maman mais les membres de l’ASE lui expliquaient que maman était fatiguée, qu’elle avait besoin de repos. Son dernier regard perdu en descendant de l’escalier je l’ai encore en mémoire, mon pauvre petit qu’on prenait pour l’emmener en foyer d’urgence là où demeurent des enfants maltraités, abandonnés, ce qui n’avait pas été mon cas. Pour rien au monde je n’aurais pu maltraiter mon fils encore moins l’abandonner. Il me fallait juste un peu de repos, reprendre des forces pour regagner le cap du rôle de mère.

Mon fils intégra donc un foyer d’urgence d’enfants placés. Pendant quinze jours j’ai été privée de voir mon fils, quinze longs jours alors que nous sortions avec mon fils d’une fusion la plus totale. La procédure veut cela. Mettre un éloignement entre l’enfant et sa mère afin que l’enfant prenne ses marques ailleurs. Dure acceptation. Que voulaient-ils au fond ? Que l’enfant oublie sa mère ? C’est la question que je me pose encore deux ans et demi après ce placement où je n’ai eu que très peu d’agissements faits de la part de l’ASE et des membres AEMO (Action Educative en Milieu Ouvert) dans l’intérêt de mon enfant et moi même. Jamais je n’aurai cru vivre un tel cauchemar au sein de la justice. Comme si j’étais une criminelle ou considérée comme tel ou inapte, de tels jugements sous entendu par ces services qui pour certains vous regardent avec mépris, avec honte, avec culpabilité.

Lorsque l’on est une mère aimante on culpabilise assez de cette situation en s’insultant déjà de mère indigne.

Ces quinze jours ont été interminables, je n’arrivais pas à me reposer bien au contraire. Tous les sentiments se mêlaient culpabilité, angoisse, honte, un sentiment de vide intérieur le plus total. Le soir, à côté de moi, mon fils n’était plus là. Parce qu’il dormait tous les soirs près de moi, je regardais son absence dans mon lit, j’imaginais sa petite bouille , son sourire, son air mutin, son odeur mais son absence était bien réelle, elle n’était pas fiction.

La juge des enfants ordonna une audience le quinzième jour donc, pour évaluer la situation. Je suggérai un placement de six mois qui me permettrai de me reposer, de reprendre des forces afin d’être plus à même de pouvoir remplir mon rôle de mère. Le juge accepta et mit en place des visites médiatisées et appels téléphoniques sous surveillance du service gardien, l’ASE.

Cette fameuse ASE, entité hautement dangereuse pour les parents, qui pour mon cas n’a jamais agi dans l’intérêt de l’enfant et de la mère, bien au contraire dans le seul but de faire oublier la maman à l’enfant par le biais d’un foyer d’urgence pour enfants.

Ce foyer où demeurait Lyam n’avait ni plus ni moins le fonctionnement d’un système carcéral, un interphone où l’on doit se présenter à l’entrée du portail, un interlocuteur qui vous ouvre pour pénétrer à l’intérieur des lieux. Une salle d’attente minuscule vous attend avec l’interdiction de pénétrer dans la chambre de votre fils ni dans les couloirs du foyer. La violence, la souffrance sont des notions omniprésentes dans ces foyers, les enfants n’attendant que leur libération de ces lieux sous prononciation du juge des enfants pour retourner dans leur propre famille. La souffrance générant donc de la violence entre enfants, des enfants vers les éducateurs, ces enfants qui ne sentent plus aimés ou abandonnés. Certains enfants, du coup reproduisent le calque de la violence étant le seul moyen de se soulager, d’aller mieux, d’exister afin qu’on leur prête attention. L’équipe de plusieurs éducateurs, une directrice que je surnommais Gargamel, car oui cette directrice qui en plus d’être foncièrement méchante lui ressemblait drôlement, une psychologue professionnelle à qui je me confiais parce que je me sentais en confiance. Lyam a eu du mal à s’intégrer au début, réclamant beaucoup maman, il n’était pas habitué non plus à vivre en communauté avec une quinzaine d’enfants de tout âge, ces éducateurs, dans ce foyer qui pouvait être considéré comme une grande famille. Lyam aimait le calme et il remontait souvent ce trop plein d’agitation, les cris, les vols que les enfants pouvaient commettre entre eux, ce vacarme assourdissant qui lui était intenable. Alors oui cela était difficile pour lui et ce du début jusqu’à la fin. Nos retrouvailles en visites étaient euphoriques et il n’attendait que ça , voir et revoir sa maman. Nous nous nourrissions de ce peu de moments, une heure par semaine pour nous donner tout l’amour qu’il nous manquait à l’un comme à l’autre le reste du temps. Une heure seulement, une heure qui s’écoulait aussi vite que l’écoulement du sable dans un sablier. C’était dur , je comparais souvent ce foyer à une forme de détention, les familles pouvant aller rendre visite aux détenus une heure en parloir. Il n’y avait pas grande différence entre le monde carcéral et celui de ces foyers, les conditions étant des plus stricts pour les visites. Comment dans un pays démocrate et de liberté pouvait on vivre cela ?

C’est alors que je compris rapidement l’erreur que j’avais faite de me mettre les mains dans les services de l’ASE, que je regrettais amèrement cette décision, que je compris que la liberté n’était pas , que leur prudence exagérée face à certaines situations n’était que le reflet d’une société anxiogène, malade et que leur moraline n’avait lieu d’être.

Mes rapports avec mon référent ASE était un désastre, il n’écoutait rien, n’agissant qu’à sa guise sans y voir le moindre intérêt pour mon fils et moi même. Il était la bêtise même. Il se rendait difficilement joignable par téléphone ce qui compliquait la relation. C’était un frustré, un pervers narcissique qui se complaisait dans le mal qui pouvait faire aux familles, un homme sans empathie, un homme qui n’avait rien à faire dans ce métier.

L’ASE elle même étant une gabégie la plus totale qui ne voit que son intérêt qui ne fait que le strict minimum de son travail, des fonctionnaires comme on les connaît si bien.

Six mois, six mois d’enfer, de regrets, de souffrances inutiles que j’avais infligé à mon fils et moi même étant responsable de ma triste décision de départ, d’avoir fait sonner ce SOS dont j’aurais pu me passer.

Une nouvelle survint donc le 12 février 2019 soit six mois plus tard, comme convenu de réévaluer la situation. Ma position était claire récupérer mon fils à domicile avec s’il le voulait un éducateur qui aurait fait office de présence. La juge prit note et m’annonça que ma propre mère oui ma mère qui m’a mis au monde avait fait des signalements contre mon gré, en étant domiciliée à mille kilomètres de chez moi. Elle avait remonté que mon fils était en danger avec moi. En danger de quoi ? Je tomba des nues pensant comment une mère pouvait faire cela à son propre enfant. Je compris bien rapidement qu’elle souhaitait m’atteindre, atteindre ce qui comptait le plus pour moi, mon fils, que nos conflits qui duraient depuis ma plus tendre jeunesse entre elle et moi n’était en réalité qu’un règlement de compte. Mon père séparé de ma mère depuis plus de vingt ans ainsi que mon frère n’avaient pas digéré que ma mère ait été capable de faire cela à sa propre fille, au lieu de la soutenir. A travers mon long vécu je peux dire aujourd’hui et avec certitude que ma mère est sans empathie, le terme que l’on utilise vulgairement « pervers narcissique » et qu’à ce titre les médecins considèrent cette maladie comme inguérissable. Que pour s’en protéger il faut simplement fuir. Et qu’à travers ses actes, qu’elle a perdu sa fille de manière définitive. Je ne pourrais pardonner de tels agissements ou qu’en demandant à Dieu de la guérir. Mon entourage, choqué des agissements de ma mère m’avaient donné leurs avis à savoir qu’elle méritait de se prendre une grande gifle ou certains auraient été capables de commettre un meurtre. Il est vrai que l’on y pense à lui arracher les yeux tant ces actes sont violents et pathétiques mais la voie de couper les ponts a été la voie pour laquelle j’ai opté, voie plus sage de me battre avec mon avocate pour démontrer que je suis une mère aimante sachant remplir parfaitement la notion d’autorité parentale faisant tout pour son fils et d’arriver à soulever que le placement initial était parti d’un simple surmenage pour en arriver à une telle ampleur, amenant de surcroît ce jugement à un jugement abusif. Comment la juge a t elle pu prendre en compte des dires venus de l’autre bout de la France sans preuves ? Ces fameux appels émis vers le 119, numéro d’appel d’urgence pour dénoncer des enfants en danger et qui pour beaucoup de familles innocentes se sont vues placées leurs enfants sans motif légitime. La France étant le premier pays européen où existe le taux le plus élevé d’enfants placés.

Le jugement tomba donc sous reconduction du placement pour un an et non plus libre mais devenu judiciaire. Là je ne réalisais pas tout à fait ce que la juge venait de prononcer. Pourtant Lyam avait été entendu à savoir vouloir revenir au domicile de sa mère, que normalement la parole de l’enfant est entendu (les articles de lois le stipulant) mais non la bataille était perdue et c’est là que je compris la puissance de la magistrature, que j’étais juste le pot de terre contre le pot de fer. Lyam revint donc à son foyer où son état psychologique ne cesser de se détériorer, tristesse, pleurs, demandant sa mère. Mais personne ne pût réagir la décision de la juge ayant été prise. Voyant l’état de mon fils durant les visites, le miens était inaltérablement touché. J’ai compris que j’allais entreprendre un combat pour le récupérer, combat qui aujourd’hui n’est toujours pas terminé. Depuis ce fameux 12 février , j’ai écrit je ne sais combien de lettres à la juge, où tout ce que j’ai pu demander m’a été refusé. La juge avait prononcée une expertise psychiatrique à mon encontre, que j’ai refusé sachant qu’un diagnostic m’avait déjà été posé à savoir le TDAH Trouble Déficit d’Attention et d’Hyperactivité en 2015 et que mon diagnostic était bien plus valable que les experts psychiatriques judiciaires avec qui ils collaboraient sachant que les divers tests que j’ai effectué s’étaient déroulés sur plusieurs semaines comparativement aux tests de leurs experts dont la durée est d’une heure et demi. Comment pouvait on poser un diagnostic psychiatrique ou pas sur une durée de une heure et demi ? Question que j’avais remonté à la juge par écrit à laquelle je n’ai jamais eu aucune réponse. Cette non présentation à cette expertise a joué en ma défaveur non pas que je ne voulais pas y être soumise mais que mon argumentation était plus légitime. Du coup la juge est restée dans l’ignorance à savoir si j’étais atteinte ou non d’un trouble pouvant affecter mon rôle de mère. Les mois passèrent où les éducateurs avaient préparé mon fils à intégrer une famille d’accueil. Je vivais très mal cette situation où je criais mon injustice au sein du foyer où mon fils demeurait. J’étais en droit, en libre libre droit de dénoncer une situation que je qualifiais d’injuste et abusive. Mais combien de situations de placement injustes ou abusifs existent-ils en France ? Pour m’être documentée sur forums, je compris très largement que je n’étais pas un cas unique. Malheureusement. des parents ont abandonné leurs propres enfants devant les grands pouvoirs de l’ASE, des parents ont dépensé quelques milliers d’euros en frais d’avocats, de procédures, de déplacements ; des parents ont apporté des preuves irréfutables d’un père ou d’une mère violente, avec pour l’appui la paroles de ces enfants mais que ces derniers n’ont jamais été entendu ou pire encore des parents qui se seraient suicidés tant le système du placement d’enfants est violent. Comment ne pas bondir ou réagir ou ne pas dénoncer de tels abus ? Comment l’État dans tout ça peut il ne rien faire ou plutôt laisser tout faire ? Un documentaire l’avait pourtant souligné « Les oubliés de la République « ou encore « Dans l’enfer des placements » écrit par Lyès Louffok. Parce que les placements représentent encore un tabou, une honte, parce que l’on sait que la majorité des placements sont abusifs à 80 % et que peu de personnes le dénonce.

Mon fils a enfin quitté son foyer et a intégré en mai 2019 une famille d’accueil maghrébine avec quatre enfants où deux d’entre eux étaient recueillis, mon fils en faisant parti. Non pas que je sois foncièrement opposée à la culture maghrébine, ayant moi même des origines marocaines mais que l’ASE ne m’avait pas consulté pour obtenir mon avis, m’imposant cette famille sans mon consentement dont la loi l’interdit, à savoir que pour le choix de la famille d’accueil les parents ont leur mot à dire. Etant bouddhiste de philosophie pensant que de vivre l’instant présent étant le meilleur accès à la plénitude, cette famille de confection musulmane, ce que je ne rejette pas mais que mon fils baignerait dans une autre culture que celle que je lui avais inculqué. Non pas que je prône de manière absolue la philosophie bouddhiste mais me sens loin de la religion musulmane. J’avais le sentiment de plus ne plus exister, que l’autorité parentale qui m’avait été toujours attribuée n’était en réalité que des mots. Des mots qui n’avaient plus de sens. J’en voulais à l’ASE de faire ces choix sans mon consentement, je leur en voulais terriblement. Ce qui parfois me mettait dans des états de rage, comme une lionne défendant ses lionceaux. De plus le domicile de la famille d’accueil se situait à vingt kilomètres de mon ancien domicile, une distance qui ne facilitait pas les choses. La bonne nouvelle étant que Lyam avait pris rapidement ses marques au sein de cette famille de substitution. Une grande maison de deux étages, meublée de manière contemporaine, un immense jardin avec terrain de football, une grande piscine, tout à portée de ce que peuvent rêver les enfants. Lyam avait sa propre chambre ce qui le changeait de mon domicile de l’époque où il dormait avec moi. Plusieurs polémiques ayant été abordées sur ce sujet à savoir si l’enfant dort avec sa mère pouvait l’empêcher ou non de se réaliser dans son plein développement. Les réponses apportées selon plusieurs études cliniques varient mais j’ai préféré retenir celle de Catherine Gringen à savoir qu’un enfant qui dort auprès de sa mère se sent en sécurité, rassuré ce qui est en réalité très bon pour son développement personnel. Elle fait allusion à d’autres cultures plus précisément africaines qui vivent de telle manière et qui n’ont entravé en aucun cas la santé de leurs enfants. Lyam s’est rapproché d’un enfant recueilli comme lui du même âge dont la maman a été jugé défaillante pour élever son fils seule, ayant manifesté des gestes de violence à son égard. Ils sont dans la même classe, soit en CE1 où Lyam a de très bons résultats scolaires ce qui ne signifie pas en soi que ces résultats perdureront, le maître m’ayant remonté que Lyam avait parfois des problèmes pour écouter, qui le sentait en souffrance à des moments du fait d’être loin de sa maman.

Mais un élément nouveau qui vint perturber ma confiance au sein de l’ASE était l’amaigrissement de mon fils depuis qu’il avait intégré sa famille d’accueil. Un amaigrissement important où mon fils me remontait quand je le voyais, qu’il n’aimait pas les plats que lui faisait la famille d’accueil. C’était une période pendant laquelle j’avais le droit de pouvoir le prendre pendant deux heures en extérieur. Les semaines passaient où son état s’empirait le remontant à l’ASE qui devait fixer un rendez vous avec la PMI. (protection maternelle infantile). Elément que j’avais remonté au mois de mai et où rien n’a été fait. Je pris entre temps une décision que je savais risquée sur le mercredi d’après, de ne pas restituer Lyam à l’ASE pour cause cet amaigrissement en démontrant que la santé de Lyam était en danger. Je pris ce risque en expliquant le tout à Lyam tout heureux de cette nouvelle de pouvoir rester chez sa maman. Nous sommes partis faire une main courante aux services de police contre les membres de l’ASE pour dénoncer cet état d’amaigrissement. A notre retour à la maison, il n’a fallu que deux heures à l’ASE pour arriver à mon domicile accompagnée de la police pour venir récupérer mon fils avec comme cerise sur le gâteau une convocation m’attendant le lendemain au poste de police. Mon argumentation fût claire lors de la convocation où j’ai échappé à une mise en garde à vue mais où la juge tapa du poing sur la table en suspendant les visites libres avec mon fils au profit d’un retour en visites médiatisées à hauteur d’une heure tous les quinze jours. J’avais pourtant conscience que je prenais un énorme risque mais pensais être entendue sur le pourquoi qui mettait en danger mon fils. Non recevable. C’est là que tout fût pire, que je m’enfonçais dans ce sable mouvant et que je n’avais d’autres échappatoires que de quitter cette ville d’abrutis, sans interlocuteurs humains et compréhensifs.Il fallait que je m’évade loin, repartir à zéro, loin de cette violence, loin de ces individus qui vous mettent la tête sous l’eau, loin de la bêtise.

Ce combat que je mène seule depuis deux ans et demi qui, pour l’instant n’a mené à rien, où je n’ai vu l’ombre d’un résultat. J’avais évoqué à plusieurs reprises au foyer mon envie de déménager, car en plus de ce combat, je vivais dans une ville violente à tout va où les flics laissaient faire, où l’environnement ne m’aidait pas à être sereine. C’est là que je pris cette sage décision sans regrets de partir et qui m’emmena à Béziers. J’ai écrit au juge pour demander de transférer mon dossier sur la nouvelle ville., elle me répondit qu’un transfert ne peut se faire comme ça et n’est pas automatique. Pourtant « l’article 1181 du code pénal stipule qu’en cas de déménagement la mesure doit suivre dans le nouveau département » . Je décidais aussi de prendre un avocat pour me soulager dans les démarches, si j’avais su je l’aurais prise dès le départ d’ailleurs. J’ai le sentiment que depuis l’obtention de mon avocate le ton commence à changer chez les juges, que le ton a baissé mais que le combat est toujours là, que mon fils demeure encore dans le département 38, moi 34 et que cela va faire trois mois que je ne l’ai pas vu , que j’ai pris la décision de ne plus collaborer avec l’ASE de Vienne, fonctionnaires incompétents et malveillants mais de mener ce combat avec l’aide unique de mon avocate. C’est là qu’elle décida de faire une requête auprès de la juge pour demander une nouvelle audience.

Depuis le 29 juillet 2018 je ne vis plus, je survis pour mon fils pour le combat que je mène pour lui, pour moi, pour que l’on se retrouve mieux après cette terrible parenthèse. Tous les jours qui se suivent se ressemblent, sont une pause sur moi même, sur mes réelles aspirations, sur mes réussites mes échecs, sur ma voie du bonheur. J’opte pour la voie de Nietzsche dans « Ainsi parlait Zarathoustra », de m’isoler, de me rencontrer moi même afin de retrouver une cette plénitude, que je n’avais de toute façon jamais atteinte. Je restais planter là à culpabiliser encore et encore de cette erreur que j’avais pu commettre. Constance Debré résume très bien là où j’en étais « Un peu ici beaucoup ailleurs ». Pour ce qui existe de l’amitié, ou encore l’amitié d’aujourd’hui je la refuse en bloc, ces relations superficielles, sous discussions futiles, éphémères et qui ne durent jamais. L’humain aime parler de lui sans rien écouter de vous, il s’en contrefiche de vous son seul but parler de lui, se pavaner égocentriquement. L’amitié je la saisis sur l’instant d’une rencontre en ne donnant jamais suite. De toute façon je vis sans téléphone portable, j’ai uniquement un téléphone fixe ce qui me va très bien. Quand je les vois tous addicts, esclaves de leurs portables je les plains. Je les plains dans leur privation de liberté qu’ils s’infligent et ne peuvent être heureux si déconnectés d’eux mêmes. Avec les notions de « qui aura le plus d’amis sur Facebook » ou de « like » je crois que c’est moi qui suis déconnectée de ce monde nauséabond, sans intérêt. Ils ne savent pas vivre ce moment présent qui vous est offert mais prenne une photo du lieu ou d’une situation pour la poster immédiatement et attendre les retours des « like » comme des idiots. Je me dis que le monde à peu près fréquentable reste celui des livres qui me donne l’ivresse d’exister ne serait ce qu’un instant. Ou d’écrire, la plume étant ma seule alliée. Je refuse le monde d’aujourd’hui tel qu’il est bête, nauséabond, un monde stigmatisé fondu dans un même moule où tout le monde s’est fait prendre dans cette emprise de ce système dit de « communication ». De communication ? L’époque que nous vivions d’antan, du face à face, du déplacement pour aller chez les uns et les autres relevait d’une véritable communication que ces communications virtuelles où l’on pianote derrière son écran. Les individus se sont mis les deux pieds dedans. J’ai envie de leur dire « N’étiez vous pas plus libre avant » ? Ils répondraient sûrement et de manière incontestable que oui mais ils continueraient sans se remettre en question. Etre face à soi même fait bien trop peur, c’est tellement plus facile de s’égarer sur les réseaux sociaux, sur les pistes de danse alcoolisé, se mettre en fuite en perdant son propre centre.

La seule chose qui valait pour moi était de retrouver mon fils dans cet amour intemporel et inconditionnel. Il paraîtrait que Dieu fait vivre les situations les plus dures à ce ceux qui ont la force d’y résister, de combattre, de se relever, d’affronter. Sûrement, et il est vrai que je suis une femme forte dotée d’un fort mental qui affronte, se relève et gagne toujours, ce que je ne pouvais plus supporter c’était cette Injustice devenue le propre de la justice, d’évoquer de gagner contre la justice, gagner quoi mon fils alors que c’est le miens ? Une vraie boutade. Alors oui parlons en de ce pays aux fameux droits de l’homme. Dans cette bataille, j’ai soumis mes éléments à la Cour Européenne qui m’a répondu par la négative à savoir qu’il n’interférait pas sur des situations d’enfants placés. Ma lueur me dit de me tourner vers Brigitte Macron sous quatre mails et aucune réponse à ce jour. Ce que j’ai pu bien remonter à la juge des enfants c’est « Comment est ce possible que pour récupérer son propre fils se soit autant un combat » J’attends aussi toujours la réponse. Lorsque l’on voit aussi les délais de la justice, dans ce pays, cette lenteur la plus effroyable soit elle alors oui on se dit que tout n’est pas gagné. Toutes ces problématiques de manque de matériels et humains manquant, ces derniers éléments expliquant l’extrême lenteur de la justice.

Alors oui se pose le problème de la frustration ce sentiment qui envahit tout votre être, ce mélange de colère et de déception de ne pas arriver à avoir ce que vous désirez, que vos paroles, vos écrits soient du vent, mieux vaut parler à un mur encore là vous êtes sur qu’il ne vous répondra pas. A ce jour cela va faire trois mois que je n’ai pas mon vu fils, depuis que je suis arrivée sur Béziers et que de l’autre côté sur Vienne je n’avais plus d’interlocuteurs ASE, élément supplémentaire que nous avons remonté à la juge. Je me rends compte que cette situation est pire que celle des détenus qui en décomptant les remises de peine savent approximativement le jour de leur sorti, moi je ne sais pas, je vis dans le vague, ce flou qui vous tue, je ne sais rien hormis la date de la prochaine audience à savoir le 20 février 2020, et qu’il me reste quatre mois pour démontrer que je suis en capacité de reprendre Lyam, convaincre la juge de se dessaisir afin de confier le dossier à l’ASE de Béziers, ou mieux encore élément que j’ai demandé à mon avocate la main levée immédiate de la mesure d’assistance éducative ne souhaitant plus jamais être en contact avec ce type d’interlocuteurs malveillants. Il est bien connu que lorsque l’on rentre dans l’ASE on sait quand on y rentre jamais quand on en sort. Même un détenu condamné à perpétuité sait lui au moins qu’il ne sortira jamais.

Cela aura été l’erreur de ma vie, erreur que je paie très cher aujourd’hui car je ne vis plus et ne vis que pour le fait de récupérer mon fils, en idées obsessionnelles. Etant donné que j’ai mon fils que dix minutes par semaine par téléphone, il me reste du temps pour ressasser, écrire, trouver d’autres solutions alternatives, échanger avec mon avocate, et que j’espère surtout que mon fils sache que je me bats et que je ne l’abandonnerai jamais, qu’il est le seul sens à ma vie, mon unique projet. Pleurer, je ne savais plus ce que c’était depuis bien des années déjà, j’aurais tellement pourtant aimé me délivrer de ce mal qui me possèdes. Même ça je ne pouvais pas, je n’y avais droit.

J’essayais d’occuper mes journées tant bien que mal, à lire, à écrire pour exorciser cette plaie qui ne cessait de saigner. Cette plaie ouverte depuis plus de deux ans qui ne pouvait cicatriser tout pendant que je restais dans ce flou sans avoir cette date exacte, cette seule date que j’attends, le retour de mon fils. Plus grand-chose ne me faisait rire étant bonne vivante de nature, mes émotions oscillant entre l’angoisse, la mélancolie, la tristesse, même si Einstein avait osé dire « La mélancolie c’est le bonheur d’être triste ». Oui c’était une manière juste de voir les choses, d’accepter les émotions comme elles viennent et d’en extraire le meilleur. Car nos émotions ne durent jamais passant leur temps à fluctuer, si une émotion négative perdure alors oui ce peut être pathologique et faire en sorte d’obtenir les soins nécessaires.

Certains parents se sont ôtés la vie en étant sous le suivi de l’ASE, ayant perdu toute confiance sur l’éventuelle restitution de leurs enfants. Ils vivaient le désespoir, n’avaient plus d’énergie pour se battre, en se disant à quoi bon puisqu’il ne me remettront jamais mon enfant. Cela démontre bien comment ce système aussi pervers soit il peut amener à tuer des familles et que toutes ces manœuvres sont étouffées. Ce système que l’on devrait tous pointer du doigt, en dénonçant toutes ces pratiques illégales en appauvrissant les droits des parents. Qui sont-ils pour prendre nos enfants ? De quels droits ? A quand l’abolition de ce système répressif ? Ce que j’avais signalé à l’ASE « Auriez vous aimé voir vos enfants placés » « Qu’auriez vous fait pour les sortir » ? Je leur avais dit que pour mon enfant j’étais bien prête à sortir les armes et à faire l’impossible. Alors non vous n’êtes même pas encouragé , jamais vous n’aurez d’empathie de ces gens là. A vous de vous battre seule de tenir bon, de prendre sur vous , de respirer, d’occuper vos journées comme bon vous semble.

C’est là que j’ai décidé d’écrire ce témoignage en trouvant des lecteurs qui partageraient cette douleur, d’arriver à dénoncer les failles et abus de ce système à réformer. Ce ne peut être qu’à travers de témoignages que l’on peut recueillir des éléments qui démontrent clairement que liberté il n’y a pas, en écrivant à la place de ces familles qui n’ont plus la force, en écrivant pour nos enfants.

Et disons que cela sera peut-être la seule manière de me faire entendre à travers ce récit, ce vécu que j’ai longtemps gardé pour moi mais qui, bien trop lourd a porter m’a conduit vers l’écriture. Les médicaments, les psys sous toute leurs formes ne représentaient pas la solution en soi pensant que la seule volonté de l’ASE et de tout ce qui l’entoure c’est d’arriver à vous rendre malade pour justement que ce soit bien inscrit dans votre dossier en rouge pour démontrer votre incapacité, votre inaptitude. C’est pour cela qu’en comprenant ce petit jeu pervers j’ai opté pour une autre méthode, la méthode de dénonciation de cette perversité et de la faire partager massivement.

Tout comme Jaqueline Sauvage qui a réussi à se faire gracier sous François Hollande à travers son parcours chaotique, son vécu empli de violences que son mari lui avait infligé. Heureusement que nos gouvernements comprennent parfois que les jugements rendus par nos tribunaux aussi injustes soient ils les amènent à prendre une autre position celle de la grâce , celle de la remise en liberté et non celle de la punition à tort. Mais cela est bien trop rare malheureusement ces derniers n’agissant qu’en cas d’affaires dite d’exception.

 

Lorsque l’on est mère toute la difficulté réside dans le fait de mener à bien autant ce rôle de mère sans perdre de vue celui de femme. De trouver cet équilibre de manière à être en harmonie. La complication se fait lorsque vos enfants sont très demandeurs où vous n’existez plus, ou très peu, ou que pour lui. C’est sur ce terrain que j’ai dû faillir à savoir trop donner d’attention à mon fils : ne vivre que pour lui. Je ne pouvais pas reprendre ce second souffle pour avancer, je ne faisais que donner et m’épuiser. Retrouver mon centre celui d’être . Respirer ; profiter de ce ciel bleu qui se présente à vous, se faire bercer par une musique, se faire masser, prendre soin de moi. Je me disais souvent que je donnais aux autres, mais qui s’occupait de moi ? Mon fils en me donnant son amour pur et inconditionnel et ce n’était de toute façon pas son rôle de prendre soin de sa maman. Sinon personne, tristement personne. Les individus étant des énergies à part entière et puisque cette énergie varie, change, évolue en chacun d’entre nous, je n’avais personne qui pouvait m’offrir ce regain d’énergie vital à mon propre épanouissement personnel. Même l’argent ne m’aurait pas offert meilleur remède. Ah l’argent cette horreur qui gère le monde et comme l’a si bien souligné François Bégaudeau dans Histoire de ta bêtise, le propre du bourgeois qui ne cherche qu’à posséder, qui est dans la peur permanente de tout perdre, qui s’est perdu lui même en étant esclave de l’argent, de lui même. L’argent n’achète pas l’amour, n’achète rien de ce qui conduit au véritable bonheur. Mais la bêtise est partout pas uniquement chez le bourgeois, chez tout ceux qui soient avides d’argent, de profits. Pensant que le matériel remplit mais il agit en contraire il vide votre être pour vous mettre à néant. C’est encore ce chemin spirituel que très peu ont compris malheureusement. Cette fuite en avant de se fuir soi même.

 

 

Dans chaque situation, même difficile, on peut y extraire le bonheur, tout dépendra de la perception que l’on souhaite lui accorder et la volonté d’en tirer le positif de cette situation. Le tout étant d’accepter que nos émotions fluctuent et de savoir les gérer. Une émotion n’étant que passagère remplacée par une autre, de savoir que l’on ne peut être continuellement dans la joie ou la tristesse.

Etre dans l’Amour toute une vie procure indéniablement la sérénité donc source de bonheur.

L’Homme est un Créateur disposant de nombreux dons à créer, qui amène aussi au bonheur.

Aimer en étant aimer et à cette seule condition réciproque est aussi source de bonheur.

Mais je crois surtout que si vous me demandez « Il est où le bonheur ? » je vous répondrai tout simplement « Il est là ... » Christophe Mae

 

 

J’aimais bien me réconforter en m’imprégnant de ces notions qui me faisaient vivre, avancer dans ce tunnel noir dans lequel je m’étais engagé. Au bout j’y voyais cette lumière ou plutôt voulais y croire. Ou alors je me l’inventais. Mon fils qui m’attendrait juste là, au bout de ce tunnel. Ces rêves me faisaient vivre me donnaient espoir que rien n’était perdu, que l’issue était proche. Avec une règle d’or ne jamais baisser les bras. Ce terrible combat, ce labeur intenable plus épuisant encore lorsque j’élevais mon fils.

Je vivais aussi dans ce semblant devant les gens en montrant que tout allait bien, parler de moi je n’aimais pas ça ou en m’imaginant que mon fils m’observait à distance, observait le moindre de mes gestes, mon visage alors je lui souriais comme toujours lui montrant que tout va bien. Cet imaginaire que je m’étais crée me permettait d’avancer sans fausse note au tempérament de guerrière pour combattre cette tragique réalité. Heureusement que Dieu m’avait donné ce tempérament persévérant, persévérant dans tout ce que je pouvais entreprendre. Car il existe deux catégories de personnes les faibles et les forts. Dans un monde si rude le choix était fait. Alors je continue de me battre, attends, espère...pour enfin que justice soit faite d'autant que aujourd'hui c'est ma mère perverse qui en a la garde.

Je vous ai révélé une part de moi à travers ce témoignage réel de ce combat qui demeure toujours d’actualité. Et l’injustice dans toute sa splendeur. Le pot de terre finira-t-il par gagner ? Ce qui est sûr c’est que je ne serais pas cette terre maléable que l’on peut transformer en boue. Mais bien cette terre cultivable qui me rendra je l’espère cette magnifique fleur que j’ai mis au monde, mon fils.

P : Si certains d'entre vous peuvent m'orienter dans ce combat... Merci à vous


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