L’ouverture coince sur la franchise médicale
par Olivier Bonnet
mardi 22 mai 2007
En attendant, on fait passer le message du "Regardez comme nous sommes ouverts, voyez comme nous rassemblons" - et l’on enrage que l’opinion se laisse prendre à ce stratagème tout de même cousu de fil blanc. Bref, quand un Martin Hirsch accepte le poste de haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, c’est qu’il pense ainsi pouvoir servir la cause qu’il défendait en tant que président d’Emmaüs France. Sans remettre en cause sa sincérité, nous pensons qu’il est bien naïf d’imaginer lutter contre la pauvreté au sein d’un gouvernement à la politique antisociale annoncée (durant la campagne présidentielle).
C’est tout le mystère des extraordinaires talents de persuasion - d’embobinage serait plus juste - qu’il faut bien reconnaître au
Que dit donc Bachelot sur la franchise médicale ? Qu’elle "devait être entendue comme un facteur de responsabilisation des assurés, qui (...) serait accompagné des exonérations nécessaires pour tenir pleinement compte des situations sociales très dégradées". Ah, la belle tarte à la crème de la responsabilisation des assurés ! Ainsi, si l’on est responsable, raisonnable, on ne doit pas tomber malade. Ceux qui le font sont donc des irresponsables, coupables de dépenser sans compter au motif futile de se soigner, alors qu’on n’est même pas sûr qu’il se s’agisse pas de simulateurs, tricheurs et profiteurs qui plombent les comptes de notre système de santé ! Responsabiliser les usagers...
A quoi cela rime-t-il, quand "environ 70% de la dépense totale est le fait de 10% de patients qui sont atteints de lourdes pathologies, parfois en fin de vie, et à qui on ne demande guère leur avis quant aux soins dont ils sont l’objet, comme le rétablit l’Appel contre la franchise Sarkozy
Pour Faouzi Lamdaoui, secrétaire national du PS à l’Egalité, c’est tout vu : la prise de bec entre les deux membres du gouvernement marque "la fin de la lune de miel médiatique entre les personnalités débauchées par Nicolas Sarkozy, dont le ralliement équivaut déjà d’ores et déjà à un reniement de leurs convictions. Aujourd’hui Hirsch cède sur la franchise médicale, demain Kouchner devra taire son désaccord sur la Turquie. Les personnes débauchées ont été séduites puis réduites".