L’UDF a-t-elle un avenir ?
par Jean Claude BENARD
mardi 23 mai 2006
Gilles de Robien vient de l’annoncer : « Je viens de créer un cercle appelé Société en mouvement pour mener une réflexion dont manque cruellement notre parti. »
Est-ce le début de la fin pour ce parti politique qui ne compte plus aujourd’hui plus que trente députés à l’Assemblée nationale ?
Retour sur une histoire
Valéry Giscard d’Estaing (auteur de la célèbre phrase : « Les Français aspirent à être gouvernés au centre ») prendra l’initiative de réunir en 1978 des familles de pensées alliant l’humanisme social et européen et des positions de droite ultra libérales.
En mars 1978, aux élections législatives, l’UDF forme le deuxième groupe de l’Assemblée nationale.
Poids des composantes dans les députés UDF :
PR : 53%
CDS : 27%
divers UDF : 12%
Parti radical "valoisien" : 7%
MDSF : 1%
Cette performance va vite tourner au
cauchemar, année après année, au gré des désaccords et de la profusion de
mouvements ou de groupes de pensée :
10 mai 1981
2e tour de l’élection présidentielle :
48,24% pour Valéry Giscard d’Estaing
5-12 juin 1988
élections législatives.
Certains députés, majoritairement membres du Centre des démocrates sociaux (CDS), forment le groupe dissident de l’Union du centre (UDC).
5 novembre 1995
le Centre des démocrates sociaux (CDS) et le Parti social-démocrate (PSD) fusionnent dans Force démocrate (FD).
24 juin 1997
le Parti républicain (PR) devient Démocratie libérale et s’élargit à une partie du PPDF.
8 avril 1998
exclusion des trois présidents de région UDF élus en mars avec les voix du Front national (FN, extrême-droite).
16 mai 1998
Démocratie libérale quitte l’UDF
- 17 Démocratie libérale favorables au maintien dans l’UDF créent le 17 août un
Pôle républicain, indépendant et libéral (PRIL-UDF).
3 avril 2002
Philippe Douste-Blazy, président du groupe UDF de l’Assemblée nationale, annonce la création d’une nouvelle structure chiraquienne, destinée à se transformer en parti chiraquien unique : l’UMP.
16 juin 2002
second tour des élections législatives. 27 élus sous la seule étiquette UDF.
14 juin 2005
François Bayrou suspend Gilles de Robien (ministre de l’Éducation nationale) des instances dirigeantes de l’UDF en raison de sa participation au gouvernement de Dominique de Villepin.
23 novembre 2005
15 députés UDF votent contre l’ensemble du projet de loi de finances pour 2006.
16 mai 2006
11 députés UDF votent la motion de censure déposée par la gauche contre le gouvernement de Dominique de Villepin.
S’il est vrai que dans une démocratie l’abondance de courants de pensée est essentielle, elle trouve ses limites à l’UDF qui, au cours de sa jeune histoire, aura connu départs tonitruants, défections, trahisons et petits meurtres entre amis.
Le choix de François Bayrou et de sa garde rapprochée peut paraître héroïque, mais n’est-il pas l’annonce de la disparition de l’UDF, du moins dans son actuelle configuration ?
Il est clair que l’UMP fera « payer » aux onze élus UDF leur rébellion de mai 2006 en présentant des candidats de poids dans chacune de leurs circonscriptions et en aidant si nécessaire un candidat de gauche.
L’UDF résistera-t-elle aux prochaines législatives de 2007 ? Que restera-t-il du message de François Bayrou après les mesures de rétorsion ?
La dernière déclaration de Gilles de Robien préfigure-t-elle un nouveau et prochain démantèlement des dépouilles de l’UDF ? François Bayrou joue gros, mais n’est-il pas en train de redonner naissance au courant fondateur de son mouvement ?
Dans une époque qui pousse à la bipolarisation de la vie politique, verra-t-on des socialistes modérés se regrouper avec des centristes sociaux ?
Le pari de François Bayrou trouvera-t-il un électorat ? J’en connais beaucoup qui souhaiteraient être plus vieux de quelques mois !!!
Sources