L’unité à gauche ou le néant

par Monolecte
mardi 7 mars 2017

Notre système électoral échoue à sélectionner le personnel le plus apte à gouverner. Il est — au contraire et structuralement — le tremplin des ambitieux, des sans scrupules et surtout des arrogants qui s’estiment supérieurs à tous les autres en général et au peuple en particulier.

L’idée qu’il nous faut nous serrer les coudes pour résister à l’adversaire est à peu près tout ce qui nous tient lieu de programme dans ce qui est assez emphatiquement appelé la gauche. Avouons que cela manque singulièrement de perspectives et d’ambitions et que cela produit assez logiquement un écœurement profond des citoyens que l’on prend globalement pour des distributeurs automatiques de blanc seing à gouverner n’importe comment.

Dès lors je vous garantis que je n’ai rien à foutre de qui remportera la timbale si le candidat que j’ai choisi de soutenir n’est plus dans la course. Parce que qui que ce soit d’autre, je continuerai de m’en prendre plein la gueule. Alors peu importe. J’ai résisté pendant plus de 20 ans d’abstention à tous les discours moralisateurs, culpabilisants, à toutes les menaces, à tous les chantages, à tous les appels au vote utile, je suis rôdé.*

*Je ne suis pas allé voter Chirac en 2002. Je n’irai pas en 2017 « faire barrage » blablabla, ça ne me concernera plus. Je n’irai pas choisir entre deux menteurs, deux escrocs, deux corrompus, deux néolibéraux plus ou moins décomplexés, je n’irai pas choisir mon bourreau, je ne cautionnerai pas ce putain de carnaval, qui n’a d’autre but que de maintenir cet ordre qui nous dégomme méthodiquement.

Lu sur le mur Facebook d’un copain

Le plus déprimant, c’est le nombre de citoyens qui marchent quand même dans la combine, se pensant de fins stratèges politiques à lire un avenir brumeux et incertain dans des sondages qui sont pourtant commandés, produits et publiés par leurs ennemis de classe, les riches possédants qui financent comme des fous les candidats qui les arrangent bien.

D’où vient le financement de la campagne d’Emmanuel Macron ? De gentils donateurs anonymes installés à Paris, Londres, New York… mais aussi à Uccle en Belgique, arrondissement chic de Bruxelles bien connue pour abriter des exilés fiscaux français. En effet, selon le site Mediapart qui passe au crible le portemonnaie du candidat et de son mouvement En marche !, Macron est allé récolter en octobre dernier, dans ces faubourgs bruxellois huppés, des fonds pour sa campagne auprès de contributeurs invités par le fondateur de la marque Celio, Marc Grosman.

Source : Macron : levée de fonds dans la banlieue bruxelloise des exilés fiscaux

Pendant que certains candidats se mettent en scène comme martyre persécuté ou jeune chevalier blanc hors système, on oublie un peu rapidement que ces gens-là ont déjà été aux manettes, avec les résultats que l’on connait, même si tout le monde joue à l’amnésie en ce moment :

L’un des principaux effets de la réforme Fillon de 2010 supprimant la retraite à 60 ans aura été… d’augmenter le chômage des personnes âgées de 60 ans ! C’est ce que montre une étude du Ministère des Affaires sociales d’octobre 2016. Sa direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a calculé que désormais, « près d’une personne sur trois n’est ni en emploi ni à la retraite aux alentours des 60 ans » ! Elles sont soit au chômage soit en invalidité ! Et on compte désormais dix fois plus de chômeurs de plus de 60 ans aujourd’hui que du temps de la retraite à 60 ans.
Cette affaire a un coût humain supplémentaire ! Le Ministère des affaires sociales estime que la réforme Fillon aura fait exploser le nombre d’invalides. Il y en aurait près 150 000 de plus qu’il ne devrait y en avoir aux conditions antérieures !

Lu sur le mur Facebook d’un pote

Sachant que les sondages… bref, je crois qu’on peut arrêter de se référer aux sondages… sachant que la plupart des partis n’ont tellement pas de projet de société à nous proposer qu’ils n’ont plus rien d’autre à nous vendre que quelque chose d’aussi pathétique que votez pour moi, je suis le moins pire !… Sachant qu’une élection n’est pas une course de canassons et un isoloir une caisse du PMU… sachant qu’il est de plus en plus évident que les élus ont en réalité un pouvoir très relatif en termes d’orientation de société…

Le comportement le plus rationnel consiste à ne plus être otage de la peur, des calculs à 3 balles et du mythe de l’homme providentiel et de voter (de s’abstenir) seulement selon ses convictions.

Si tous les électeurs faisaient ce genre de choix, alors oui, tout redeviendrait alors possible et pas seulement le pire !


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