La bouillie sécuritaire

par Désintox
mardi 25 mai 2021

"Vous vous rendez compte, de tout ce qui se passe ?"

Cela fait peur, en effet. Des crimes et des attentats chaque jour. Nous ne sommes plus en sécurité !

Est-ce si sûr ?

Évolution de la criminalité

Faire le décompte des délits au cours du temps est une entreprise hasardeuse.

En effet, leur prise en charge varie selon les époques.

Par exemple, les agressions sexuelles sont beaucoup moins tolérées aujourd’hui qu’hier et font donc l’objet de plaintes qui n’auraient pas été déposées il y a quelques décennies.

En outre, de nouveaux délits sont apparus, comme la cybercriminalité. La consommation de drogues s’est développée, et avec elle son trafic.

Par contre, les homicides volontaires restent des homicides volontaires..

Examinons donc l’évolution du nombre de meurtres pour 100 000 habitants, de 1 994 à 2 020.

(Sources : pour les crimes, pour la population)

On constate que le taux d’homicides a fortement baissé en 25 ans. Nous vivons donc beaucoup plus en sécurité qu'alors !

Poids de la criminalité dans la société

Une autre approche consite à rapporter les homicides au nombre total de décès. En 2 020, il y a eu 669 000 décès en France, dont 863 homicides. Cela fait un homicide pour 775 décès. Ci-dessous, on a représenté chacun de ces décès par un disque noir, sauf celui colorié en rouge, qui correspond à l’homicide.

Cette infographie illustre le poids réel des homicides en France. Je ne cherche pas à nier la réalité de ceux-ci et encore moins à les banaliser.

Je dis juste que nous sommes en sécurité.

Mais alors, pourquoi entendons-nous continuellement parler de crimes et d’insécurité dans les médias ?

Tout simplement parce que ceux-ci déforment la réalité.

En effet, dans un pays de 67 millions d’habitants, il y a forcément des crimes. Il y en a même deux par jour !

Les médias peuvent donc s’emparer de chacun d’eux, puis le dupliquer en des millions d’exemplaires, pour nous faire croire que nous vivons dans un monde dangereux.

Mais ce n’est pas vrai.

L’illusion de la ”tolérance zéro”

Nous serions en "insécurité" à cause du "laxisme" de la justice. Il suffirait d’être fermes pour remettre les choses en ordre. Cette politique se nomme la "tolérance zéro", elle consiste à infliger de la prison ferme au voleur de pizza (source).

Est-ce efficace ?

Pour le savoir, il suffit de comparer la France aux États-Unis.

Considérons l’année 2 016 :

L’infographie suivante résume ces données. Elle est accablante pour les tenants de la tolérance zéro :

Les politiques sécuritaires ne font pas baisser le crime. Au contraire, elles l’augmentent !

C’est facile à comprendre. En emprisonnant à tour de bras, on met le voleur de pizza au contact de délinquants endurcis. La prison devient ainsi une école du crime, qui amplifie l’insécurité au lieu de la combattre.

Résultat : il y a quatre fois plus de crimes par habitant aux États-Unis qu’en France. Oui, quatre fois plus ! Tel est le bilan expérimental de la tolérance zéro !

En plus, la prison coûte cher ! L’argent ainsi dilapidé, qui ne sert qu’à développer le crime, manque ensuite pour les écoles ou les hôpitaux.

D’une façon générale, la surenchère répressive ne résout rien comme le montre cet article du site The Conversation.
 

Cas du terrorisme islamique

La déformation médiatique est encore plus forte lorsqu’il s’agit du terrorisme islamique.

En 2 020, celui-ci a fait 7 morts en France, sans compter des terroristes (source).

Dans l’infographie suivante, chacun des 863 homicides est représenté par un disque rouge, sauf les 7 victimes des attentats islamistes qui sont en violet.

Bien sûr, il ne s’agit pas minimiser le terrorisme et encore moins de l’excuser ! Je montre juste quelle est son importance réelle dans la société.

Oui, il faut pourchasser et réprimer les terroristes.

Non, nous sommes pas en guerre !

Non, nous ne risquons pas d’être égorgés au coin de la rue !

Maltraitance médiatique

Ce que je mets en cause ici, c’est un traitement médiatique disproportionné des crimes et des attentats.

Je trouve même que ce traitement anxiogène est une maltraitance collective de la population, car on banalise une violence extrême, alors qu'elle n’est absolument pas répandue dans la société. 

Voici une autre infographie pour enfoncer le clou. En 2 020 il y a eu en France :

La disproportion entre les faits et leur traitement médiatique est flagrante.

De plus, n’avez-vous pas remarqué que certains crimes sont commis sans mobile, par des individus isolés ? Il se pourrait bien que leur santé mentale soit en cause. Un traitement médiatique raisonné des violences n’aurait-il pas permis d’en éviter un certain nombre ?

Dans un pays de 67 millions d’habitants, il y a forcément un grand nombre de gens touchés par des maladies mentales. Je ne veux pas en faire de décompte, car mon but n’est pas de les stigmatiser ; d’ailleurs, il se pourrait bien que nous soyons tous malades à des degrés divers.

Non, ce que je mets en question, c’est l’attitude de certains médias. Le harcèlement sécuritaire est une véritable agression, qui touche une population déjà affaiblie par les conséquences sociales du COVID.

Tout le monde est-il vraiment en capacité de supporter ce lavage de cerveau permanent ?

Sans la lessiveuse médiatique, certaines victimes récentes de tueurs isolés ne seraient-elles pas encore en vie ?
 

Conclusion

Quand j’ai commencé à rédiger cet article, je n’avais pas de connaissance précise des données. Il m’a fallu me documenter, puis réaliser les infographies, pour vraiment prendre conscience du mensonge sécuritaire.

Cette bouillie médiatique contredit la réalité expérimentale, laquelle montre une société relativement apaisée.

En outre, le harcèlement sécuritaire constitue une véritable maltraitance de la population française. Il a probablement des effets nuisibles sur des gens en mauvaise santé mentale et il n’est pas exclu qu’il ait ainsi encouragé certains crimes.

Quant aux politiques de "tolérance zéro", dont on nous rebat les oreilles, elles ne font qu’augmenter la criminalité, aux frais du contribuable.


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