La bourse contre la vie
par ddacoudre
mercredi 12 novembre 2008
Il m’arrive dans des articles de rappeler que la compétition mondiale nous entraîne vers la paupérisation, non vers la misère qui se fera jour certainement plus tard si les pollutions dont nous recouvrons la terre rendent impropre à la consommation nombre de nos productions.
Le processus est en cours depuis longtemps il suffit de lire Le Guide des Toxicititudes de Michel Bounias aux éditions Laffont 1992, mais il n’affecte que certaines régions du monde, celles qui sont le moins protégées par un système de soins qui se développe en parallèle. Cette course qui s’est engagé risque de tourner à l’avantage des toxicitures compte tenu que la compétition mondiale impose une réduction constante des coûts des soins, alors que les productions écologiques ne parviennent pas à exploser pour maintenir un prolongement de l’existence sans l’intermédiaire des services de santé, je vais le dire comme cela.
S’il m’arrive de rappeler comme cela au cours d’articles ou de commentaires la nécessité d’engager une lutte contre le capitalisme sauvage qui se développe dans les pays d’Asie, c’est qu’ils nous importent leurs précarités source de paupérisation, dont le long terme risque de se montrer plus miséreux.
Les raisons de cette tendance se trouvent pour une bonne part antérieurement dans l’ignorance des pollutions chimiques et autres que la technologie ne nous permettait pas de mesurer, et maintenant devant la difficulté de freiner cette fuite en avant pour des raisons essentiellement spéculatives.
Il est toujours difficile dans un commentaire ou un article de boucler la boucle et aujourd’hui je suis tombé sur l’article d’un inconnu Olivier Pascal qui situe bien où se trouve la difficulté et le jeu néfaste des spéculations qui jouent « la bourse contre la vie » sur la base d’un dogme libéral.
Je vais résumer son article.
La guerre boursicotière du Grain.
La production de blé remonte à l’époque biblique. Cette matière première a toujours été un des produits alimentaires principaux pour la population tant humaine qu’animale.
Première bénéficiaire des soutiens publics par la PAC dans l’Union européenne, l’accord sur général sur les tarifs (GATT) en 1995 et les réformes de la PAC ont progressivement réduit les prix d’intervention pour le blé.
Ces changements associés à l’incertitude des prix liés aux fluctuations des taux de changes aboutirent par effet d’aubaine à une écrasante autorité du marché spéculatif du blé exercé par la bourse de Chicago, libérant les opérations les plus juteuses depuis 2007.
Dès janvier 2008, l’envolée des prix entraîne celle du prix de la nourriture de base qui touche le plus les populations éprouvées par la paupérisation et la misère.
Dangereux jeux dérivés.
Financeagri, société française d’information spécialisée en matières premières agricoles, lançait fin 2007 un mot d’ordre AMORAL : « Soyez un acteur de la volatilité des marchés agricole. Ne restez plus spectateur. Informez-vous. » Elle illustre cette révolution rapide des marchés à terme agricole, qui initialement créés pour couvrir les risques de variation des prix, sont devenus des cavernes d’Ali Baba appréciées par tous les spéculateurs réguliers ou occasionnels. La volatilité des cours répercutés par les indices agricoles fait le bonheur des fonds d’investissements. C’est ainsi qu’au quatrième trimestre 2007 le volume des capitaux gérés par les fonds d’investissements cotés sur les produits agricoles européens a quintuplé, passant de 99 millions d’euros à 583 millions selon la Barcap.
Les causes en sont multiples, globalement elles sont le résultat de jeux économiques dangereux. D’abord, il s’agit d’une spéculation de repli sur l’ensemble des denrées alimentaires faisant suite à la crise des « subprimes », le second facteur résulte de la conjugaison entre production d’agrocarburant (choix sélectif des productions vers l’industrie au lieu de la vie) et réchauffement climatique.
Certains analystes masquent leur pari pris pour l’enrichissement boursier, feignant d’ignorer que les politiques agricoles des pays du Sud sont soumises aux conditions de la Banque mondiale, du FMI ou encore du APE (Accords de partenariat économique).
Ainsi de nombreux pays surtout du continent africain importent des aliments au lieu de les produire pour privilégier les cultures d’exportations transformées en devises pour acheter ce qu’ils ne produisent pas.
Cette myopie simplificatrice dédouane les politiques capitalistes de privatisations, de plan d’ajustement structurel imposés depuis plus de trente ans par les institutions financières internationales en vue de réaliser l’ouverture des marchés.
En effet, pour les théoriciens du libéralisme, « la mondialisation déploiera l’ensemble de ses bienfaits quand chaque région produira ce en quoi elle excelle » s’échangeant ce qu’il leur manque.
Autrement dit, un pays adapté à la culture du blé doit renoncer à produire d’autres céréales nécessaires à l’alimentation de base de sa population et doit échanger sur le marché mondial suivant sa « loi ».
Un tel traitement rogne les souverainetés alimentaires des peuples. Dans son premier rapport du 24 février consacré aux PAS (Plan d’ajustement structurel) intitulé : « Les effets des PAS sur la jouissance effective des droits humains », Fantu Cheru, expert indépendant auprès de l’ancienne commission des droits de l’homme à l’ONU, explique que l’ajustement structurel porte au-delà de la simple imposition d’un ensemble de mesure macroéconomiques au niveau interne
L’ajustement structurel est l’expression d’un projet politique, d’une stratégie délibérée de transformation sociale à l’échelle mondiale, dont l’objectif principal est de faire de la planète un champ d’action où les sociétés transnationales pourront opérer en toute sécurité. Bref, les PAS jouent le rôle de courroie de transmission pour faciliter un processus de mondialisation qui passe par la libéralisation, la déréglementation et la réduction du rôle de l’Etat dans le développement national des pays.
En France, les céréaliers ont doublé leur revenu ; plus discrètes, les grandes maisons de négoces et les fonds spéculatifs, comme le fonds Parworld Agriculture de BNP Paribas enregistrent des bénéfices astronomiques sur la chaîne alimentaire humaine sans aucune vergogne, pendant que les médias nous bassinent avec les parachutes et les traders véreux et que notre président tient ses discours populistes qui rassurent les ignorants malgré eux pour être accros aux médias.
Si vous voulez changer le monde, changez de comportements et faites comme moi qui refuse toutes les propositions de ma banque du placement de mon épargne dans des fonds spéculatifs, plutôt que de croire en un président salvateur qui est partie prenante éclairée du système, tandis que la plupart d’entre nous le sommes par mimétisme.