La cacophonie socialiste pour les nuls

par Superyoyo
jeudi 21 février 2008

Pourquoi les socialistes n’arrivent-ils pas à se mettre d’accord ? Parce qu’ils sont soumis à un dilemme qui s’explique par l’histoire de l’économie.

L’analyse qui suit découle de la lecture de L’Economie pour les nuls.

En lisant cet ouvrage, on apprend une chose importante : le monde actuel est libéral. L’Europe est libérale, le FMI est libéral, l’OMC est libérale. Le libéralisme a gagné, il est partout. Et Besancenot au pouvoir, même avec le meilleur programme de gauche du monde, ne réussirait rien.

Pendant tout le XXe siècle, il y a eu un match entre libéraux et keynésiens (adeptes de l’économiste Keynes). Les libéraux disent qu’il faut laisser faire le marché, le marché s’autorégule, il y a une "main invisible" qui stabilise magiquement tout ça. Par exemple, si le chômage augmente, les salaires vont donc baisser. Comme les salaires baissent, ça devient plus intéressant pour un patron d’embaucher... et le chômage baisse... Tout seul, surtout il ne faut pas que l’Etat intervienne.

Cette politique libérale a mené à la crise de 1929 puis à l’inflation puis à la Seconde Guerre mondiale... A méditer.

Keynes, lui, dit que ce n’est pas parce que les salaires sont bas que les patrons embauchent. Les patrons embauchent parce qu’il y a de la demande de leur marchandise. Et il y a de la demande quand les gens ont les moyens d’acheter. Il faut donc que l’Etat intervienne pour faire de la redistribution. On a mis cette politique interventionniste en pratique après la guerre : la Sécurité sociale, l’assurance chômage, les congés payés, etc. Que ceux qui pensent que c’étaient de mauvaises idées lèvent le doigt.

Le problème c’est que cette politique a elle aussi menée à une crise, en 1973 (le fameux choc pétrolier). Reagan et Thatcher, puis Barre dès 1976 ont compris les premiers les réformes à faire. En France, cette politique ne passe pas dans l’opinion et finalement c’est Mitterrand en 1983 qui est obligé de céder (la fameuse parenthèse toujours pas refermée...).

Les libéraux ont donc gagné. Cela explique le dilemme du Parti socialiste : rester fidèle à ses valeurs mais être condamné à ne pouvoir rien faire (ce sont les "crétins" pour Philippe Val de Charlie Hebdo, ceux qui ont voté "non" à l’Europe libérale) ou alors se "moderniser", c’est-à-dire faire une politique libérale, pour pouvoir s’immiscer dans l’idéologie actuelle (ce sont les "traîtres", qui ont voté "oui").

Il y a une chose qui est gênante chez ces traîtres, c’est qu’ils ne choisissent pas de trahir pour pouvoir changer le système de l’intérieur, ce ne sont pas des agents doubles, ils sont vraiment devenus libéraux. Les socio-démocrates ne jurent que par l’économie de marché, la divine concurrence libre et non faussée et la sainte croissance.

Les crétins ont-ils raison de résister ? En effet, la partie n’est pas définitivement gagnée pour les libéraux. Il devient de plus en plus évident que le marché ne s’autorégule pas : les grosses entreprises imposent leurs lois aux petites et cela conduit à des situations de monopole contraires même à l’économie de marché. Les écarts de revenus deviennent de plus en plus indécents. En Bourse, les traders ne parient plus en achetant des actions, mais en achetant des options d’achats, c’est-à-dire qu’aucune somme n’est injectée dans les entreprises, ce qui est au départ le but de la Bourse. Des journaux gratuits vivent de la pub au lieu de vivre de la vente de leur travail. Des entreprises licencient alors qu’elles font des bénéfices. Au nom de la rentabilité et au mépris de l’écologie, des patates hollandaises sont lavées en Italie avant de revenir en Hollande. Au nom du réalisme économique, on vend des armes à un terroriste. Les gros riches ont la trouille et sont prêt à lâcher jusqu’à 800 milliards pour calmer les variations de la Bourse. Et puis l’info vient de tomber : l’Angleterre se met à nationaliser !

Bientôt la lutte finale ?

Non. Pour l’instant, c’est le marché qui dirige tout. Le seul pouvoir qui reste aux chefs d’Etat, c’est de faire de la com’ dans les médias...


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