La conférence de presse du garçon de salle

par leon et paulette
mercredi 14 novembre 2012

On l'a regardé, le garçon de salle. Il était là, vêtu de sa tenue habituelle, sérieux, puis souriant, aimable. Il rappela ce qu'il avait fait et ne rappela pas ce qu'il avait promis. Aujourd'hui, il n'accueillit pas les clients, et ne les installa pas. Pour les commandes, il faudrait repasser. Les ministres, sur leur chaise, attendraient longtemps leur café. Son monologue introductif, les journalistes n'en feraient pas leur tasse de thé. Mais lui, était content de lui. Le garçon de salle, dans son costume de fonction, se félicita de son travail et indiqua qu'il ne pouvait être partout.

C'est un métier difficile.
Pour l'exercer dans de bonnes conditions, le garçon de salle se doit d'être aimable. Il l'est.
À l'écoute des clients, y compris des plus turbulents, veillant à son confort, il doit fait preuve de qualités relationnelles pour fidéliser sa clientèle. Le nôtre a toutes ces qualités là. Il sait se montrer discret quand il le faut. Observateur et réactif, il reste à l'affût des nouveaux arrivants et des demandes des clients qui pourraient le gêner en écoutant mal leurs commandes.
L'autre jour, à cause de quelques courants d'air médiatiques, il avait évolué entre des tables vides mais s'était mis en tête de servir à des clients absents un plat qu'ils n'avaient pas commandé dans les formes. Il a tout fait, découpé la viande, a procédé au flambage du dessert et débouché de bonnes bouteilles pour trinquer à son geste. Le MEDEF apprécia le service du professionnel.
Juste un petit retour. 
Ce jour là, le menu proposé avait été le « pacte de compétitivité ». Ce fut un tournant remarqué : dans les fourneaux de l’Élysée, on s'était converti à la tambouille que le chef précédent avait mis en musique sur les pianos dézingués des cuisines de la Cinquième. 
On vit la mise en place de quelque chose de surréaliste : une niche fiscale pour les entreprises, en un « pacte » que le gouvernement avait décidé seul au profit du patronat et sans contrepartie de ce dernier. 
Alors, pensez-donc, le patronat fut très content : ce n'est pas lui qui paierait la note de la « diminution du coût du travail ». Ce sont les salariés qui le feront à sa place et les plus démunis, qui verront l'Etat, les collectivités et la protection sociale de nouveau touchés.

La conférence de presse du 13 novembre, dans un décorum aux ors fins, restera le lieu où le « tournant » fut assumé. On ne fit plus le «  coup de la parenthèse  ». Maintenant, on le sait, le professionnel ne changera rien. Il ne se battra sur rien. 
S'attachant à peaufiner sa crédibilité à l’égard des seuls marchés financiers, le Président confirma qu'il s'était définitivement coulé dans le moule. Avec tout l'humour qui le caractérise, il souhaita que tous les français « Les dirigeants, les cadres, les salariés, les actionnaires  » se donnent la main, le regard tourné vers la mecque du bonheur libéral à venir. Ce qui n'est pas rien.

Sa formule sur «  le coût du travail  » s'applique aussi à lui : « Il n’est pas tout mais est tout sauf rien  ». C'est un tout. Un tournant.
 
Léon
 
léonetpaulette.fr

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