La crise ?

par Michel DROUET
mardi 23 octobre 2012

C’est la crise, l’horreur, des cohortes de chômeurs s’agglutinent derrière les portes de Pôle emploi, les riches fuient le pays pour ne pas laisser un euro de plus au gouvernement socialo communiste, la patronne du Medef montre chaque jour sa tête de cocker triste dans les médias pour dire que les entrepreneurs n’ont plus le moral.

Tout va mal ! Tel est le message que véhiculent les économistes patentés dans les médias. L’opposition, qui n’a jamais accepté l’alternance en rajoute une couche chaque jour pour stigmatiser le gouvernement. La France est le premier pays consommateur de tranquillisants : à quand les suicides collectifs ?

Bon, il ne faudrait pas tout de même sombrer dans la déprime totale. Il y en a tout de même pour qui les choses vont bien.

Prenez par exemple ce bon M. Arnault qui est en train de choisir l’exil fiscal en Belgique pour ne pas avoir à payer des frais de successions dont le montant couvrirait à lui seul la moitié de l’effort budgétaire de l’Etat pour 2013.

Savourez en silence les 14 Millions d’euros versés à une « star » du football du PSG.

Pensez un moment à ces chanteurs et ces sportifs qui n’en peuvent plus de la fiscalité française et qui oublient ce qu’ils doivent à leur pays avant de se réfugier en Suisse pour compter tranquillement leurs sous.

Pensez au marché du luxe qui ne s’est jamais si bien porté.

Je vous sens déjà mieux, moins angoissés, prêts à relever tous les défis pour que le pays s’en sorte. Vous êtes désormais prêts à ne plus suivre les clameurs des quelques pigeons qui ont réussi à faire bêler des milliers de moutons.

Vous êtes prêts également à ne plus écouter les sorties front nationaliste de Copé sur les pains au chocolat et vous vous fermez la télé lorsqu’apparait Mme Kosciusko Morizet qui est devenue infréquentable depuis qu’elle est dans l’opposition.

Vous vous dites que vous êtes prêts à contribuer à l’effort demandé, à condition toutefois qu’il soit partagé et que les exilés fiscaux passent également à la caisse. Vous êtes disposés vous-mêmes à investir dans votre logement pour réaliser des travaux d’économies d’énergie plutôt que de thésauriser inutilement et c’est là que ça se gâte et que vous réalisez que le sens du collectif, si nécessaire en période de crise, fait défaut.

Vous allez sur Internet pour chercher des entreprises qui œuvrent dans ce domaine et vous en sollicitez cinq pour avoir un devis.

L’une vous répond à peine et vous n’aurez pas d’autre contact qu’un mail de réponse impersonnel.

La seconde (spécialiste de l’isolation) vient vous voir rapidement et vous promet sous huitaine un devis que vous attendez encore deux mois après.

La troisième (une PME importante) qui vient d’installer une agence sur votre commune est également sollicitée (un premier chantier sur la commune peut être intéressant) et n’a toujours pas pris contact pour un rendez-vous un mois après.

La quatrième s’est déplacée, a fait un métré sérieux et a envoyé un devis trois semaine après.

La cinquième est venue rapidement et a envoyé non moins rapidement un devis 35% plus cher que le précédent, pour les mêmes prestations.

C’est la crise, on licencie à tour de bras mais vous avez l’impression qu’on se fout quand même de votre gueule, que certaines entreprises ne courent pas après les commandes, que d’autres se moquent ouvertement des clients potentiels ou bien essayent de vous arnaquer en gonflant les devis.

Bref, vous avez l’impression, même si la situation est difficile pour certaines, que des entreprises sont dans une logique bizarre, faite de prudence et d’attentisme sans doute, mais aussi de chacun pour soi, bref rien qui ne corresponde au monde idéal de « l’entrepreneuriat » et des PME glorifié par les économistes et par le Medef et qui est censé sortir le pays de la crise.

Au final, vous vous demandez si vous devez engager des travaux ou bien laisser votre Codevi en l’état, sachant par ailleurs qu’une autorisation de travaux est nécessaire et que le service instructeur, pointilleux, va sans doute couper les cheveux en quatre comme il l’a fait la fois précédente en rallongeant arbitrairement d’un mois le délai d’instruction du dossier.

Allez, vous reprendrez bien un petit lexomil ? 


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