La dédiabolisation du FN : une façade selon Claire Checcaglini, journaliste infiltrée

par menou69
jeudi 23 février 2012

Claire Checcaglini, journaliste indépendante, a utilisé un nom d'emprunt, Gabrielle Picard, s'est inventé une profession, "écrivain public" pour infiltrer le Front National des Hauts-de-Seine, de mai 2011 à janvier 2012, comme l'avait déjà fait la journaliste Anne Tristan en 1987 dans les quartiers Nord de Marseille.

Bien que les Hauts-de-Seine soient le département le plus riche de France, les quartiers populaires y sont nombreux. "Je suis allée rencontrer la frange de la classe moyenne qui vote pour le Front national", explique la journaliste.

Tout en reconnaissant que la méthode est "contestable", selon elle l'espionnage était la seule façon de pénétrer le FN, parti très fermé. Son objectif était de voir si le parti dirigé depuis janvier 2011 par Marine Le Pen, qui suscite, selon elle, un véritable engouement, avait vraiment changé et découvrir ce qui liait ses militants.

En tant que militante, elle va assister aux réunions de la fédération des Hauts-de-Seine ainsi qu'aux assemblées et aux actions de propagande parmi la population. Elle gagne rapidement la confiance des cadres et des militants, expliquant cette rapidité de monter en grade, à cause de son curriculum vitae inventé qui correspondait au profil souhaité par l'appareil du parti. On lui confie même des responsabilités au sein du parti, et on insiste même pour qu'elle porte les couleurs du Front National aux prochaines élections législatives à Neuilly, puis comme elle a déclaré qu'elle allait déménager à Paris, celles de Paris.

Dans son livre "Bienvenue au Front - Journal d'une infiltrée", qui sortira le 27 février, elle raconte la réalité du FN et de ses militants, marquée par le charisme de Marine Le Pen et un "racisme obsessionnel contre les musulmans". Elle écrit qu'un militant qui "dérape" n'est pas "recadré", bien au contraire.

Et de citer des exemples : lors d'une réunion à Puteaux, un adhérent qui se déclare "FN light" dit n'avoir "rien contre les étrangers, les étrangers qui travaillent, qui payent des impôts, mais bien contre la racaille dans les banlieues". Le recadrage du secrétaire fédéral a bien lieu : "Quand l'Islam gagnera en France, les frères musulmans rejoindront les plus forts et il n'y aura plus d'Islam modéré qui établira la Charia".

Elle décrit un FN fait de classes moyennes et plus tellement "France d'en-bas", avec des militants mus par le charisme de Marine Le Pen. Mais aussi un parti obsédé par l'islamisation et "la colonisation à l'envers" : "C'est un réflexe", dit-elle, c'est n'est pas "un racisme ordinaire mais un racisme obsessionnel".

Plus étonnant, elle a aussi croisé un maire UMP, Philippe Pemezec, maire du Plessis-Robinson, franchement lepéniste qui se vante de pratiquer la discrimination contre les Arabes dans l'attribution des logements sociaux. Ce dernier a déclaré : 'Moi, je me suis jamais trompé d'ennemi, je suis de droite, et j'ai même voté Jean-Marie Le Pen en 2002 contre Jacques Chirac.'"

Claire Checcaglini, après cette immersion, en est ressorti encore plus effayée par le FN et ses militants, qu'elle ne l'était avant cette expérience

Sources : France Info,


Claire Checcaglini : "Mon immersion au Front... par FranceInfo


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