La défaite du FN a-t-elle tué le débat sur l’euro ?

par Laurent Herblay
lundi 10 juillet 2017

C’est un débat auquel j’apporte ma contribution depuis plus de 7 ans. Après la large défaite d’une Marine Le Pen de moins en moins enthousiaste pour défendre le démontage de la monnaie unique, comment va évoluer le débat sur le maintien de la France dans la monnaie unique, déjà biaisé par des médias en mode Pravda, alors que le FN semble plus que jamais prêt à changer de posture  ?

 

Entre contexte difficile, débat interdit, et pire avocate
 
Malheureusement, il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui, seule une claire minorité, probablement déclinante, est favorable au démontage du veau d’or européen et au retour aux monnaies nationales. Et on peut croire que cette nouvelle campagne n’a pas arrangé les choses. Si elle a fait apparaître Asselineau, le candidat le plus résolu dans ce domaine, les changements de règles ont donné moins de temps aux petits candidats pour s’exprimer et le président de l’UPR n’a pas convaincu beaucoup d’électeurs. Pire encore, les deux tenants de la sortie de l’euro en 2012, NDA et Marine Le Pen ont petit à petit reculé sur le sujet, jusqu’à ne plus en faire un préalable entre les deux tours de la présidentielle.
 
Et si on ajoute à cela l’incapacité crasse de la présidente du FN à défendre de manière un tant soit peu solide cette idée dans les médias, même si elle a eu cinq ans pour la travailler, sans être trop occupée par son poste au parlement européen. Résultat, pour bien des français aujourd’hui, le démontage de l’euro est une idée venue de l’extrême-droite, mal expliquée, et donc rendue inquiétante par la propagande de l’autre camp, que presque plus personne ne semble enclin à défendre. Le possible aggiornamiento du FN sur la question pourrait laisser à l’UPR cet étendard, FN et DLF préférant disputer aux dits Républicains le primat de la représentation des idées de droite sur tous les sujets.
 
En effet, le démontage de l’euro pourrait bien être le bouc-émissaire commode des scores de 2017, utile dans la guerre interne pour amoindrir le poids de Florian Philippot. Après tout, Marine Le Pen n’a que faire des idées, elle qui a défendu tout et son contraire, et son opportunisme politique pourrait bien la pousser à droite pour essayer de prendre en étau les Républicains entre le FN et les Marcheurs. En fait, le simple fait que le FN se soit emparé de la question pénalisait le débat puisque la première avocate médiatique de l’idée en était une bien piètre représentante, poussant des « prix Nobel d’économie » à signer une tribune ridicule pour la critiquer, quite à se renier en partie sur le sujet de l’euro.
 
Mais on peut aussi penser que de puissants facteurs externes contribuent à éteindre le débat aujourd’hui. La conjoncture économique européenne s’est améliorée depuis l’effondrement conjoint de l’euro et du pétrole, et même si la situation reste préoccupante sur bien des aspects, le moins pire est un progrès. Ensuite, le fait que les Grecs aient préféré la torture européenne au retour à la drachme a sans doute contribué à la démonétisation de l’idée d’une sortie de la monnaie unique, tant la majorité des Grecs semble encore vouloir conserver l’euro, aussi cher soit le prix à payer. Plus globalement, la baisse des tensions dans la zone euro contribue à réduire la tentation du départ dans bien des pays.
 

 

Au final, la défaite du FN va probablement affaiblir plus encore le débat sur l’euro, malgré la force de nos arguments. Mais les aléas de la conjoncture, en faisant trembler de nouveau ce château de cartes, pourrait le réveiller. Il est malheureux que la monétisation des dettes publiques du Japon et du monde anglo-saxon ne montre pas que cette construction est profondément dysfonctionnelle.
 

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