La défense indécente de la réforme du collège

par Laurent Herblay
samedi 16 mai 2015

La réforme du collège portée par Najat Vallaud-Belkacem a déclenché une vive polémique. La majorité a déclenché une contre-offensive dont les principales lignes de défense ne sont pas la défense des mesures mais bien plus une caricature outrageuse de ceux qui osent s’y opposer.

 
Insultes et caricatures
 
Le débat sur la réforme du collège prend une mauvaise tournure, avec l’alliance de la droite, plus par réflexe d’opposition que par réflexion puisqu’elle prolonge ses propres réformes, ainsi que le note Natacha Polony, et d’une partie de la gauche, avec la pétition lancée par Marianne notamment (que j’ai signée et que je vous invite à signer également). De nombreux intellectuels sont montés au créneau pour en dénoncer les dangers ainsi que l’argumentation effarante de la ministre, qui y voyait un moyen pour lutter contre l’ennui des élèves à l’école. Pour sauver cette réforme, la majorité n’a plus recourt désormaisqu’à l’anathème et la caricature, se contentant d’essayer de disqualifier les opposants.
 
Trois lignes de front ont été ouvertes, aussi ridicules l’une que l’autre. D’abord, on instille le soupçon que les opposants seraient racistes et viseraient la ministre pour cette raison. Argument effarant pour la quasi totalité des opposants, de Marianne à Jean-Pierre Chevènement en passant par Natacha Polony. Puis, la ministre a osé qualifier les opposants de « pseudo-intellectuels  ». Argument aussi effarant quand on parle de Marcel Gauchet, Jean-Paul Brighelli ou Alain Finkelkraut. Enfin quelques membres de Terra Nova et des amis ont écrit dans le Monde pour dire « Halte à l’élitisme conservateur  » et ainsi sous-entendre que tout opposant refuserait de vouloir traiter l’échec scolaire par refus arriéré du progrès.
 
Un problème de fond et de forme
 
L’attitude des défenseurs de la réforme a des aspects totalitaires. En ressortant à ces arguments, ils refusent de facto le débat intellectuel, préférant les invectives qui escamotent l’échange d’arguments rationnels. Et ils ont un sacré culot de prétendre vouloir « combattre l’échec scolaire (…) par des programmes moins lourds et des stratégies pédagogiques pensée à l’échelle de l’établissement  » ! C’est précisément en agissant de la sorte que cela a abouti aux « médiocres résultats du collège français dans les comparaisons internationales ». Pire, le triste visage du système éducatif étasunien démontre bien que la direction qu’ils souhaitent prendre ne réduira en aucun cas l’échec scolaire.
 
Comme le note un professeur de lettres membre du collectif « Sauver les lettres  » dans Marianne, « encore heureux que l’école sélectionne », car cela valorise le mérite et évite de finir dans un système aristocratique où l’effort ne sert à rien puisque l’enfant travailleur et doué de milieux populaires ne pourra jamais franchir le mur d’argent qu’il aura devant lui et les enfants de familles riches n’auront plus besoin de travailler pour réussir, comme aux Etats-Unis. Et il tout de même effarant que l’on ne souligne pas davantage à quel point cette réforme s’inscrit dans la droite lignée des réformes menées depuis 30 ans, qui ont abouti à la situation désastreuse dans laquelle nous sommes aujourd’hui.
 
Bref, il faut absolument continuer à mener le combat et signer la pétition lancée par Marianne, qui a suscité des réactions extrêmement encourageantes. Et pour cela, il faut absolument dissiper les rideaux de fumée que représentent ces lignes de défense effarantes pour revenir sur le débat de fond.

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