La déroute d’Emmanuel Macron : un plan marketing qui a mal tourné
par Léonel Houssam
mercredi 26 décembre 2018
Alors que le slogan « Macron démission » est scandé autant par des gilets jaunes que par une majorité de français, il faut tout de même revenir sur ce que l’on pourrait appeler un hold’up sur la République largement soutenu par les puissants de notre monde ultra-libéral. Tout était pourtant bien parti. L’illusion était parfaite malgré un nombre de votants très faible et une représentativité nulle de « LREM » au niveau local. La République allait donc être « en marche », oui, mais pour où ? Pour quel projet ? Toutes les combines de communication furent employées y compris une divulgation tardive du programme de celui qui allait devenir le candidat des puissants, des ultra-capitalistes ainsi que des cadres urbains, hyper-connectés et ne voyant aucun inconvénient à accélérer la construction d’un monde où une petite minorité dévalise le reste de l’Humanité en toute impunité.
Je ne crois pas que Macron soit en déroute. Ce sont les médias « mainstream » (dits « traditionnels ») qui le sont, médias ultra-libéraux « libertaires » qui firent la promo de la marque « Macron ». Vendu comme un jeune réformateur, un être dynamique, un casseur de règles... Payé (et donc vendu à) par les boss milliardaires des multinationales, la marque Macron devait passer quitte à dégainer les plus gros flingues (l'affaire Fillon, l'enquête sur Lepen, mais aussi l'affaire Mélenchon plus récemment) et à jouer avec des termes forts bien appréciés par nombre de citoyens (« Révolution », le titre du livre de Macron en campagne).
La force de frappe des médias mainstream est sans limite. Ils bénéficient de deux atouts : l'argent et le pouvoir. Avec l'argent, ils paient les pires experts, les journalistes les plus médiocres et les éditorialistes les plus collabos à leur système. Les voix discordantes étaient durant la campagne une masse informe et diffamée. On entend en boucle la plus grotesque des assimilations entre « la France Insoumise » et le « Rassemblement National » qui n'ont de commun que le fait qu'ils sont les opposants les plus virulents à l'ultralibéralisme version Macron. Si l'un est au pouvoir, il tuera l'autre, mais ça, on ne l'entend jamais. Tout le monde est mis dos à dos, tout le monde est mis dans le même sac.
Les médias mainstream ne sont que des outils dont les patrons sont des milliardaires qui ne défendent que leurs intérêts : Bouygues, Bolloré, etc. Tous ceux qui acceptent un centime de ces gens sont des petits soldats de la peste brune moderne qu'est l'ultralibéralisme...
Cette idéologie dictatoriale ne se fonde pas sur une figure, un « führer », mais sur une communauté d'intérêts que sont les milliardaires. Elle n'utilise pas l'armée et la répression assassine pour contrôler les populations. Elle vend du rêve, s'appuyant sur les meilleurs outils de communication moderne... Et figurez-vous que l'ancêtre de la communication, c'est la propagande... Et oui, toutes les techniques de com' ont été élaborées par nos chers propagandistes dès les années 1910 (c'est l'armée anglaise qui a conçu les premiers outils de propagande). Il y a un siècle, il fallait « vendre » la guerre, il fallait booster les foules pour qu’elles aillent se faire tuer au front. Désormais, il s’agit de conforter un système qui ne bénéficie qu’à une ultra-minorité en guerre ouverte contre le reste du monde. Il n’est pas besoin de plus qu’une première place au premier tour en France pour remporter une victoire haut-la-main. Le sémillant Macron avait des allures de gendre idéal, d’un gars « qui n’en veut », d’un type capable de remettre la France au cœur du monde occidental après la débâcle hollandiste et sarkozyste.
Bref. La marque Macron allait réformer, mais pour un ultra-libéral, la réforme ne veut dire qu'une chose : pulvériser les services publics (qui est un bien commun à tous les citoyens), les acquis sociaux (qu'on nomme privilèges pour les disqualifier), les corps intermédiaires dont font partie les syndicats (les diviser n'a pas été compliqué. Au départ les comités d'entreprise étaient financés par les salariés et seulement les salariés. Pour exploser le système, les patrons ont proposé que l'entreprise finance ce comité d'entreprise à hauteur de la masse salariale. Dès lors les syndicats furent corrompus par le patronat et donc discrédités et inopérants. Et ce n'est qu'une des techniques employées par le patronat qui sait que quelques biftons peuvent calmer les ardeurs des plus durs de ses opposants).
Réformer signifie pour la marque Macron qu'il faut laisser les capitaux circuler librement mais pas tous les êtres humains, il faut utiliser la force publique pour mettre au pas les plus déterminés des opposants, il faut promettre l'enfer à ceux qui s'y opposent. Ainsi, celui qui ne vote pas pour les candidats ultra-libéraux de gauche et de droite subit une déferlante de messages angoissants : « Si c'est pas nous, c'est le fascisme ou le stalinisme qui gagnera ». Ça laisse réfléchir...
La plus grande technique, puisque l'oppression violente reviendrait à emprisonner ou tuer des consommateurs, c'est de fondre les oppositions dans le brouhaha. On noie la voix de chacun dans les voix des millions d'autres.
Car chers électeurs, voter ne revient plus qu'à choisir la marque que vous préférez. Macron fut la marque en vogue, la « start-up » du moment selon ses propres termes, mais peu importe, il est aujourd'hui lynché par les médias mainstream parce que les consommateurs politiques que vous êtes n'ont plus de goût pour ce produit politique... Les maîtres du monde, les 1% qui nous dirigent y travaillent. Ils ont compris que ce produit Macron ne permettra pas d'augmenter leur chiffre d'affaire, ils préparent donc une nouvelle marque... Je pense qu'elle est déjà choisie même s'il faut encore faire quelques enquêtes, mais je vous le donne en mille, je crois bien que la marque qui vous jettera à son tour dans l’abîme au prochain lancement démocratique commercial sera quelqu'un d'une marque challenger qui a le vent en poupe et qui ne trouve pas dégueu le fric, le pouvoir et le patronat....
Allez je vous le dis : le Rassemblement National ?
Léonel Houssam