La direction du PS en plein pataquès
par Sylvain Reboul
jeudi 10 janvier 2008
François Hollande et J-M Ayrault ont déclaré que les parlementaires PS refuseront de se rendre au congrès de Versailles qui est convoqué pour voter pour ou contre le changement constitutionnel en vue de la ratification ultérieure du traité modificatif de Lisbonne.
Un nombre important de parlementaires du PS ont immédiatement dénoncé ce qu’ils considèrent comme un coup de force, car selon leurs dires, ils n’ont jamais été consultés sur cette décision. L’actuel secrétaire et le chef du groupe PS de l’Assemblée nationale, selon leur propre déclaration , veulent, par là, masquer les divisions du PS sur la question de savoir s’il fallait approuver ou non, non pas le traité de Lisbonne, mais la procédure parlementaire promise par le président de la République pour le ratifier.
Or nous savons par ailleurs que la majorité des parlementaires du PS, ainsi que François Hollande et J-M Ayraut sont d’accord pour approuver le traité par la voie parlementaire, donc sans référendum. Une minorité, par contre, demande un référendum sur la ratification du traité en espérant renouveler l’opération de 2005 qui a vu le non l’emporter contre la majorité et la direction du Parti, et est prête à voter non à la modification de la constitution pour voter non par référendum à la ratification du traité, ce qui est cohérent. Une autre minorité, sans doute plus petite, se déclare prête à voter non au changement de la constitution par le congrès, donc à participer au vote concernant ce point, pour exiger un référendum sur le traité afin de l’approuver par cette voie. Ce qui est passablement tordu, mais a sa logique (complexe) dès lors que le PS s’est prononcé pour la procédure référendaire.
François Hollande et J-M Ayrault, pour préserver un faux-semblant d’unité en forme de faux-nez ostentatoire, ce qui ne peut que les décrédibiliser, croient pouvoir réconcilier l’inconciliable en refusant la procédure parlementaire sur ce qui n’est pas le traité, afin d’approuver celui-ci par cette voie. Aucun adhérent du PS dont je suis ne peut accepter une telle confusion politicienne qui confine au grotesque.
Il est triste de voir des dirigeants politiques, pour préserver un leadership chancelant, se conduire d’une manière aussi irresponsable et se prendre à ce point les pieds dans le tapis, et encore plus de les voir prendre leurs électeurs et les adhérents, voire les parlementaires de leur parti, pour des imbéciles.