La droite qui aimait perdre

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lundi 11 décembre 2017

Laurent Wauquiez a été élu président de « Les Républicains » ce dimanche (voir ici). Il l'a été avec une majorité très confortable digne d'un dictateur stalinien. Il est réputé très à droite, on affirme même qu'avec lui c'est la vraie droite qui revient. On va voir ce qu'on va voir mon bon monsieur ! C'est déjà tout vu, sans m'avancer outre mesure, sans avoir aucun donc de voyance, je peux déjà prédire une chose : il perdra en 2022 et sans doute en 2027 quand Christophe Castaner (ou Benjamin Griveaux ! Ou Nemo !) sera élu président de la VIème République, la Vème 2.0, celle de la start-up nation et du Barnum permanent, le nouveau monde quoi ! En un peu plus virtuel que prévu, et réservé à quelques uns...

Car Laurent Wauquiez , avec ses envolées lyriques et presque religieuses de démonstrateur d'appareils ménagers en supermarché ou d'un Elmer Gantry passé à la lessiveuse BFM, comme tous ces prédécesseurs de la droite dite « républicaine » ne veut pas du vote qui rappelle les z-heures les plus sombres de notre histoire confondant la famille Le Pen et les citoyens votant pour elle pour de bonnes raisons et des angoisses bien compréhensibles :

Leur paupérisation galopante, l'insécurité préoccupante (et qui ne serait qu'un sentiment), la montée d'un communautarisme sur la base des pires obscurantismes de l'heure etc...

Wauquiez prétend bien entendu qu'il accepte le vote de tous les citoyens de droite, y compris ces pestiférés, mais l'exprime avec une telle condescendance qu'il a d'ores et déjà perdu la bataille. En bref, s'ils ne votent pas pour lui, c'est qu'ils sont méprisables, à peine bon à satisfaire ses exigences.

Pourquoi le feraient-ils de toutes manières ?

Quelles sont les différences réelles de son programme d'avec la politique économique actuellement menée par Emmanuel Macron ? Elles ont l'épaisseur semble-t-il d'un papier à cigarettes, l'emballage différant certes un rien. Wauquiez a un physique d'icône de droite. Parfois on croirait voir Jacques Perrin dans un film de Pierre Schoendoerffer, un « crabe-tambour » qui à un moment aurait bifurqué dans son destin pour devenir technocrate. On peut imaginer aussi que c'est un scout des illustrations du « Prince Éric » de Pierre Joubert qui aurait grandi et mûri, qui serait devenu réaliste et plus trivial dans ses ambitions (voir à ce lien ce dont je parle).

Wauquiez a un peu la même emphase verbale, mais avec moins de talent et d'habileté pour le Verbe et dans la mise en scène que son principal adversaire, Emmanuel Macron.

Et il est moins fin politique, ô combien ! Je précise que l'auteur de ces lignes ne s'est pas converti au macronisme mais je pense qu'il ne faudrait surtout pas sous estimer le président actuel. Il a compris qu'il fallait revenir à une certaine forme de décorum et d'apparat autour de la fonction. Il a parfaitement saisi qu'il lui fallait incarner la présidence ce que les présidents avaient oublié depuis François Mitterrand. Cela ne change strictement rien à la politique suivie, toute autant libérale-libertaire, détricotant soigneusement le service public en loucedé. Cela ne change rien non plus à la marchandisation du désir d'enfant et du corps des femmes (du moins les moins riches).

Laurent Wauquiez est déjà assimilé à cause de son positionnement bien à droite à la famille le Pen. Il est mis dans le même sac qu'eux quoi qu'il dise. Il est un peu dans le cas de ces membres de la « Manif pour tous » qui affirmaient terrifiés, sous le feu des questions des journalistes, des politiques, qu'ils n'étaient pas réacs, encore moins de droite alors qu'ils étaient déjà condamnés par les bien-pensants. On est encore surpris que cette droite n'ait pas réalisé sa sottise et son aveuglement à vouloir quand même plaire encore aux donneurs de leçons de morale politique, leur donner des gages de bonne conduite.

Et donc perdre du terrain.

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury – Grandgil

 

illustration prise ici


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