La famille Le Pen joue encore à gentille flic / méchant flic

par Laurent Herblay
samedi 11 avril 2015

Cette semaine, l’actualité politique a été dominée par les « disputes » de la famille Le Pen. Mais le timing trop idéal (après les cantonales, avant une nouvelle affaire) et le fait que le FN semble profiter de ces clashs publics amènent à se demander si cela n’est pas trop parfait pour être honnête

Pourquoi cela est très suspect ?
 
La première question qu’il faut se poser sur ces polémiques récurrentes, c’est à qui profite-t-elle  ? Et force est de constater qu’elle ne semble pas faire du mal au FN, passé de 18 à 25% des suffrages après plusieurs disputes familiales publiques. Autre raison de se méfier : le timing idéal de cette nouvelle scène, après les élections cantonales, pour ne pas prendre de risque, et juste avant une nouvelle affaire, qui passe du coup au second plan. Et la sanction envisagée a de quoi faire sourire. Déjà, à 86 ans, Jean-Marie Le Pen est le plus vieux député européen. Veut-il vraiment vivre entre Saint-Cloud, Bruxelles, Strasbourg et Marseille ? Bref, la sanction pourrait ne pas en être une en réalité.
 
Mais surtout, ces polémiques récurrentes entre le père et sa fille sont sans doute le meilleur argument pour défendre la campagne de dédiabolisation de Marine Le Pen. Après tout, si elle ne s’entendait pas avec son père, c’est bien parce qu’elle ne serait pas d’extrême-droite, qu’elle serait une femme politique respectable. Mais ce faisant, cela revient à admettre que le meilleur argument électoral de la franchise politique lepéniste serait ses querelles récurrentes, suffisamment fortes pour être sérieuses, mais pas assez pour aller à une vraie rupture. Le scénario semble un peu trop idéal et bien écrit pour être honnête, d’autant plus que les sanctions prises contre son père restent totalement symboliques.
 
Une comédie prise au sérieux
 
Mais le plus effarant est de voir comment la majorité des média cavalent en répétant l’histoire idéale pour valoriser Marine le Pen. Ce faisant, ils avalisent la dédiabolisation de la fille, sans se demander s’il ne s’agit pas d’une posture de celle qui fut la directrice de la communication de son père… Après tout, l’équilibre actuel est idéal. Par ses dérapages, Jean-Marie Le Pen entretient la flamme de la frange la plus radicale et le fumet radicalement anti-système du parti dont il reste le président d’honneur, pendant que les moulinets de sa fille peuvent rassurer ceux qui rejettent tout autant PS, UMP et extrémisme. Déjà, Marion Maréchal Le Pen se positionne pour la relève de cette comédie familiale.
 
La partition des 3 générations de la famille Le Pen est trop parfaitement complémentaire pour être honnête. Il ne faut pas oublier qu’il y a déjà eu des incidents entre la fille et sa nièce il y a quelques semaines. Comme si les deux femmes répétaient une partition familiale à succès. Les bisbilles Marion-Marine se préparent déjà à remplacer celles entre Jean-Marie et Marine pour essayer de continuer à développer la boutique politique de la famille. Bien sûr, on ne peut pas sonder le fond de la pensée d’un dirigeant politique, mais on ne peut pas exclure non plus le recours au maquillage et à la tromperie, surtout de la part d’une dirigeante qui en fait parfois usage. Et certaines déclarations sont troublantes.
 
Abracadabrantesque ! Voilà ce que certains se diront ceux qui croient à un vrai conflit. Mais quand on prend du recul, force est de constater qu’il y a beaucoup d’indices suspects qui accréditent la thèse d’une véritable comédie familiale jouée parce qu’elle semble profitable à cette famille.

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