La faute originelle de Hollande
par Fergus
lundi 30 septembre 2013
Avec 23 % de satisfaits dans le dernier baromètre Ifop pour le Journal du Dimanche, François Hollande n’est plus qu’à un point du record établi par François Mitterrand, entraîné en décembre 1991 par la chute de son Premier ministre Édith Cresson. Avec 76 % de mécontents dans le même sondage du JDD, le président en exercice bat même le record absolu de la Ve République. Bravo l’artiste ! En réalité, tout cela était prévisible dès lors que Hollande a commis sa faute originelle...
Selon les sympathies partisanes de chacun, on peut penser ce que l’on veut de la ligne politique suivie par François Hollande – si tant est qu’il y en ait une, eu égard aux approximations et aux louvoiements qui ont marqué les 16 premiers mois d’exercice du pouvoir en matière socioéconomique –, mais une chose semble désormais évidente : le président socialiste a commis une faute stratégique majeure dans les premiers temps de son mandat. Une faute que l’exécutif va traîner comme un boulet durant tout le quinquennat et qui, sauf improbable et significatif retournement de conjoncture, risque fort de plomber durablement l’image présidentielle et de brouiller, de ce fait, l’action et la communication du gouvernement.
La faute de François Hollande : ne pas avoir demandé, dès sa prise de pouvoir, à un collège d’experts un audit complet de l’action du quinquennat précédent et du bilan socioéconomique qui en résultait pour notre pays. Privé de ce précieux outil, le président socialiste n’a pu, à l’automne 2012, présenter aux Français cet état des lieux calamiteux sur lequel il aurait pu s’appuyer, d’une part, pour expliquer pourquoi ses promesses de campagne étaient d’emblée mises à mal par l’état des lieux du pays ; d’autre part, pour imposer, dès la loi de finance 2013 (votée en décembre 2012) les mesures drastiques d’austérité censées redresser les comptes publics mis à mal par la précédente majorité. Au lieu de porter le fer dans la plaie immédiatement avec de bonnes chances d’être compris par des Français sans doute prêts à ce moment du quinquennat à entendre un langage de sacrifice, Hollande s’est privé d’une arme de communication efficace en préférant saupoudrer les mesures impopulaires au fil du temps, au prix de nombreux cafouillages gouvernementaux et d’une perte de confiance progressive des électeurs de gauche.
En concentrant massivement sur le Budget 2013 les mauvaises nouvelles en matière d’augmentation des impôts, de durcissement des règles sociales et de diminution des effectifs dans certains secteurs de la fonction publique, François Hollande avait la possibilité de faire endosser, non sans raisons, la plus grande partie de ce virage d’austérité au poids des fautes de gestion commises antérieurement, et notamment durant le mandat de Nicolas Sarkozy qui a vu les comptes de la nation déraper comme jamais auparavant.
Fidèle à son image antérieure de Premier secrétaire du Parti Socialiste, celle dont beaucoup ont cru qu’il pourrait se débarrasser en endossant le costume présidentiel, Hollande a fait un autre choix et n’a cessé, depuis son élection, de ménager la chèvre et le chou, d’hésiter entre des options résolument libérales et un positionnement social plus conforme à ses engagements. Le tout en escomptant que sa bonne étoile lui permettrait, par la grâce d’une sortie de crise que rien pourtant ne laisse augurer, de retrouver en cours de mandat des indicateurs au vert. Résultat : tout le monde est mécontent, des tenants de la social-démocratie décomplexée à la Schröder aux partisans d’une véritable ligne de gauche centrée sur une correction significative des injustices sociales dont souffrent toujours plus les classes populaires.
Or, s’il est une chose que les Français ne supportent pas, c’est de voir leurs gouvernants subir les évènements sans les affronter autrement qu'en vaines paroles, quelle que soit l’option politique choisie. « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ! » avait asséné avec lucidité Martine Aubry lors des primaires socialistes. Un loup nommé en l’occurrence Indécision. Un défaut rédhibitoire en politique, particulièrement dans un système de gouvernance aussi concentré, pour ne pas dire monarchique, que le nôtre.
Ëtre gouverné par un hypo-président impuissant après l’avoir été par un hyper-président inefficace, du pain béni pour Marine Le Pen et le Front National !