La fin des intellectuels de gauche ?

par Clément Soullard
vendredi 9 février 2007

En France, on associe souvent intellectuel à « de gauche », à tel point que c’en était devenu un pléonasme. Aussi, le dernier commentaire d’Alain Finkielkraut se disant « atterré par l’état actuel de la gauche », après le « La gauche a sombré dans le narcissisme  » de Glucksman constituent-ils de sérieux pavés dans la mare.

En tous les cas, c’est presque une petite révolution dans le milieu des intellectuels, et il y a comme un mouvement de fond : Bruckner, Weitzmann y vont aussi de leur petit mot plutôt élogieux à l’égard de Sarkozy. Tous dénoncent la dérive du PS vers une logique strictement partisane où l’idéologie prend le pas sur la réalité des choses, où l’on utilise le fantasme plus que la raison pour faire des propositions politiques. En définitive, s’ils ont aimé naguère que la gauche remette les pieds sur terre, ils ont fini de l’espérer.

Toutefois, comme il n’est pas question de se faire trop d’ennemis non plus, la plupart de ceux-là ne présentent pas leurs prises de position comme un ralliement politique au sens strict du terme, mais comme une participation à l’enrichissement du débat. Et dans Le Monde d’hier, Finkielkraut précisait qu’il n’entendait pas se laisser "ranger" comme pro-Sarkozy, en lui concédant seulement une capacité de regarder les choses en face et le courage politique pour mettre en oeuvre ce qu’il entreprend. Les observateurs étrangers, eux, ne s’embarrassaient pas de telles précautions, ainsi le Herald Tribune du jeudi 1er février titrait : «  Sarkozy reçoit des renforts de la gauche ».

Gageons que nous ne pourrons que bénéficier de la fin de cette tacite mainmise de la gauche sur le monde intellectuel. Aussi, on espère bénéficier d’un exposé du libéralisme un peu moins biaisé par des considérations partisanes car en France, c’est comme un fait de société : le libéralisme est un indigne objectif. Alors, par ces déclarations, le monde des chercheurs sort peut-être de la schizophrénie qui le gangrénait ces dernières années : d’une part en considérant que dans une publication universitaire, accoler ultra et libéral relevait du dernier archaïsme, et d’autre part, en étant incapable en public de parler de libéralisme sans crisper son auditoire naturel : « La gauche ».


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