La fin du monde... U.M.P.
par olivier cabanel
jeudi 20 décembre 2012
Ça y est, ils se sont enfin entendus, et la crise est finie à droite…
Sauf que, si on lit attentivement l’accord signé entre les 2 protagonistes, il vient de se passer quelque chose de terrible à l’UMP, la fin du parti d’un chef « à la mode bonapartiste ».
En effet les 7 points signés entre les 2 adversaires sonnent la fin d’une structure pyramidale, dans laquelle le chef avait tous les pouvoirs : c'est la fin d’un « bonapartisme », comme l’a déclaré Jean Pierre Raffarin sur l’antenne d’Europe 1 le 18 décembre 2012. lien
En signant une paix provisoire, Fillon et Copé ne revienne pas à la case départ, et rien ne sera plus pareil.
C’est en effet une équipe dirigeante à têtes multiples qui vient d’être nommée, Copé en étant provisoirement président, accompagné par 2 de ses soutiens, Luc Chatel et Michèle Tabaro (secrétaire générale), mais Laurent Wauquiez en est le vice président, et Valérie Pécresse la secrétaire générale déléguée.
En n’apparaissant pas dans cette équipe dirigeante, Fillon s’impose comme acteur incontournable du futur parti.
Copé se trouve en sursis, ayant lâché toutes ses prétentions : il garde une responsabilité dans le parti, mais sous haute surveillance.
On assiste donc à un démontage de cette « droite du chef », le rôle de celui-ci ne pouvant plus être sur le principe du « je commande, ils obéissent », mais sur l’exact contraire : « j’écoute et j’exécute »…à l’opposé des souhaits de Jean François Copé.
Ce changement radical, très loin de la tradition dominante de l’ex UMP, celle du Chef, ne manquera pas de mettre en évidence le clivage qu’il y a entre : la droite qui draguait plus à droite, et la droite plutôt humaniste.
A l’époque, cette France café au lait, et pas seulement, était horrifiée par cette histoire de « petits pains aux chocolats ».
Copé ne se remettra pas de son obstination à avoir voulu prendre le parti de force, sa côte de popularité en berne en est la preuve. lien
La nouvelle élection est prévue pour l’automne 2013, avant le mois d’octobre, sous la responsabilité d’une haute autorité, laquelle organisera toute seule le processus électoral, écartant définitivement toute interférence possible avec l’équipe dirigeante, dont les membres, s’ils sont candidats, devront se placer en réserve, sans pouvoir intervenir dans le processus électoral, ceci concernant aussi les salariés de l’UMP.
Un comité, composé des anciens premiers ministres du mouvement, et des partis fondateurs, des anciens présidents des assemblées parlementaires et des anciens secrétaires généraux, membres du mouvement sera le garant d’une totale transparente.
Le parti est donc solidement cadenassé afin d’empêcher toute ingérence de l’équipe le dirigeant, d’autant que si l’un de ses membres est candidat, il devra se mettre en congé de ses fonctions.
Les élections vont arriver très vite, et les fraudes ne seront plus possibles, d’autant que les procurations seront interdites, et qu’un organisme indépendant devrait tout verrouiller.
Le détail de l’accord est sur ce lien
Tout est donc en place pour permettre un vote sincère, et il ne fait guère de doutes qu’il y aura bien plus de 2 candidats…
On se souvient que dès juin 2012, Fillon s’était déclaré candidat, puis Roseline Bachelot qui semblait tentée par l’aventure décida de soutenir François Fillon, mais avec la nouvelle donne, elle pourrait se présenter.
Estrosi, qui était soutien de Copé, puis de Fillon, (lien) pourrait aussi tenter sa chance, tout comme Laurent Waukiez, François Baroin, Xavier Bertrand, Bruno Lemaire, Luc Chatel, Valérie Pécresse, Gérard Longuet, qui voulait avec Chatel, créer une droite « libérale et moderne » (lien), voire même Alain Juppé, dont on oublie souvent qu’il est le père de l’UMP.
La lutte va être chaude.
Bien malin qui pourrait dire ce qui va se passer après l’élection, mais si Copé ne l’emporte pas, ce qui semble probable, la crise pourrait renaître : création d’un autre parti de droite, plus à droite que celui-ci ? Renforcement de l’UMP républicaine avec le possible retour de Borloo et de ses amis ?
Pas sur que la prédiction Maya concernait le parti de l’ex-président, mais ce qui est certain, c’est qu’il s’agit bien de la fin du monde... UMP.
Comme dit souvent mon vieil ami africain : « à l’école on apprend le passé simple, il serait plus utile d’apprendre le futur compliqué ».
L’image illustrant l’article vient de « singulierdemocrate.over-blog.fr »
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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