La France avance avec une canne

par olivier cabanel
mardi 27 mai 2014

Avec une participation en berne, puisque l’abstention s’est élevé à 57%, avec seulement 15,6 millions de votants, le parti présidentiel ne récolte que 2,65 millions de voix, (13,9%) ce qui sur les 44,6 millions d’inscrits ne pèse pas lourd, et depuis le 26 mai François Hollande va devoir faire avancer le pays avec une canne.

Le gouvernement avait un œil au beurre noir depuis le coup de poing des municipales, mais il vient de se prendre un coup dans les tibias, obligé maintenant d’utiliser une canne pour avancer.

A Cannes, un autre « festival » vient de se terminer, et les films montrant la détresse humaine ont décroché la palme, mais pas besoin d’aller au cinéma puisqu’elle est sous nos yeux chaque jour.

Le chef de l’état récolte ainsi une deuxième punition, et les régionales qui devraient se dérouler à l’automne 2015 pourraient bien enfoncer encore un peu plus le clou s’il persiste dans ses choix politiques.

Sur ce lien, les résultats nationaux ville par ville.

En réalité, le score du PS est encore plus grave que ce que l’on pouvait imaginer, car s’il est vrai qu’il a déjà voisiné par le passé avec un score si modeste, le résultat actuel comprend l’alliance qu’il a fait avec le parti radical de gauche.

A cause de son parjure, trahissant ses promesses électorales, François Hollande a mis non seulement son parti en désespérance, mais a permis de donner la première place à l’extrême droite dans le pays.

Il devait renégocier le traité, il ne l’a pas fait.

Il devait s’en prendre au monde de la finance, il comble de cadeaux les entreprises sans de véritables contreparties.

Il devait combattre l’exil fiscal, et n’a réussi qu’à récupérer 10 milliards d’euros, (lien) alors qu’il est prouvé que la fraude fiscale coute au pays chaque année entre 60 et 80 milliards d’euros. lien

Quant à la fraude à la TVA, mécanisme subtil qui permet à une entreprise qui a importé un produit, de le revendre à une entreprise complice, alors que celle-ci la déduit de sa déclaration d’impôt et disparait sans reverser au fisc la TVA collectée, elle a de beaux jours devant elle.

Et au lieu de donner comme priorité la transition énergétique, qui pourrait générer des centaines de milliers d’emplois, ou de relancer le pouvoir d’achat, permettant ainsi de relancer la croissance, il a accumulé les taxes et les impôts.

Il récolte aujourd’hui les fruits de ses actes.

Quant à la droite, plombée par l’affaire Bygmalion, qui faisait suite à une primaire désastreuse, elle est au bord du gouffre.

Henri Guaino, menacé d’exclusion, veut créer un nouveau parti, gaulliste celui là, (lien) et François Fillon appuyé par Lionel Tardy, un autre député UMP, demande à nouveau des comptes à Jean-François Copé, constatant que la parole donnée d’une direction bicéphale n’a pas été tenue. lien

Récemment, Lionel Tardy a même prophétisé : au mois de juin 2014, l’UMP n’existera plus. lien

Le parlement européen n’est pas non plus étranger à ce désamour, car cette Europe imposée à Lisbonne, malgré un référendum qui n’en voulait pas en France, est devenue une Europe de l’austérité, plongeant les plus pauvres dans encore plus de misère, faisant naitre une Europe du populisme, qui suite aux élections du 25 mai, met au première loges des parties d’extrême droite, voire néo nazi, comme en Grèce, puisque «  aube dorée » aura des élus au parlement.

Le résultat est accablant, car les français viennent d’envoyer au parlement européen 24 députés d’extrême droite, bien décidés à faire sortir la France de l’Europe, mettant du même coup la France sur la touche, un pied en dehors de l’Europe, rendant le couple franco allemand bancal, et donnant encore plus de poids à l’Allemagne, puisque la chancelière germanique vient de signer un nouveau succès.

Ceci dit, la situation peut être analysée différemment, puisque compte tenu de l’abstention, le FN ne représente pas plus que 10,75% du corps électoral.

De toutes les façons, la situation sur le terrain est plus complexe, car pour créer un groupe au parlement européen, les partis d’extrême droite doivent avoir au moins 25 parlementaires, issus de 7 pays différents.

Or, si d’une part le FN assure ne pas vouloir s’allier avec « Aube Dorée » qu’il juge trop raciste, ou le Jobbik Hongrois, d’autre part le parti d’extrême droite anglais Ukip, n’entend pas s’allier avec le FN estimant que « l’antisémitisme était inscrit dans son ADN  »

Alors avec qui l’alliance du FN serait-elle possible ?

Le parti d’extrême droite autrichien (FPO) a obtenu 20% des suffrages…le Parti Populaire (anti immigration) a obtenu au Danemark 27% des voix, et le KNP (parti europhobe polonais) enverra 4 députés au parlement grâce a ses 7,2%, le parti néo nazi allemand, le NPD a obtenu un élu, grâce à ses 300 000 voixlien

La partie n’est donc pas gagnée, mais le pied est dans la porte. lien

Pourtant une situation étonnante s’est de nouveau produite à Grenoble, sans retrouver beaucoup d’échos dans les médias : dans la capitale iséroise, EELV est arrivé en tête avec 20,44% des voix, suivi par le PS à 18,64%, puis l’UMP à 15,24%, laissant à la queue le FN avec seulement 13,34% des voix. lien

Ce qui a fait écrire à Hervé Kempf, dans les colonnes de son quotidien « Reporterre  » que l’alternative que nous avons aujourd’hui, se basant sur l’exemple grenoblois, c’est « l’alliance ou le fascisme », en précisant : « l’alternative prend plus de force que jamais : ou l’alliance de ceux qui savent que l’écologie est le nouveau paradigme de l’époque, ou le fascisme ». lien

En haut lieu, si on a bien écouté le discours de Manuel Valls, on a compris que le message ne l’a pas été, puisque le premier ministre n’entend pas changer de cap.

La réunion de crise tenue le 26 mai n’a duré qu’une heure, ce qui parait un peu court pour faire une analyse en profondeur de la situation, et prendre des décisions tranchées.

Quant au président, alors que les frondeurs socialistes qui s’étaient illustrés récemment réclament une autre politique, contestant le virage libéral pris récemment, il s’interroge. lien

Le discours creux, bourré de contradictions, qu’il a proposé au soir du 26 mai n’a rien arrangé.

Combien de sanctions électorales faudra-t-il encore pour que ce gouvernement revienne sur le terrain de la raison ?

Pour revenir à l’Europe, alors que de plus en plus de citoyens s’émouvaient sur les tractations en cours au sujet du grand traité commercial entre l’Europe et les Etats-Unis, suite au débat voulu par le Front de Gauche, la majorité socialiste a approuvé une nouvelle version du texte qui ne réclame plus la suspension des discussions mais « demande à la Commission européenne d’assurer la transparence des négociations ».

C’est le moment de se souvenir qu’en 2012, François Hollande, largement inspiré par un certain Jacques Attali, s’était nettement prononcé en faveur d’un gouvernement mondial, dans la droite ligne de son prédécesseur, aficionado du NOM. (nouvel ordre mondial) lien

Mais revenons au TAFTA.

On ne peut qu’espérer qu’avec les nouveaux venus, ce traité sera rangé aux poubelles de l’histoire…au moment ou un 5ème cycle de négociations vient tout juste de s’ouvrir. lien

Mais on n’est pas à l’abri de surprises.

Comme dit mon vieil ami africain : « c’est en voyant un moustique se poser sur ses testicules qu’on réalise qu’on ne peut pas régler tous les problèmes par la violence  ».

L’image illustrant l’article vient de « aleteia.org »

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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