La France dans la spirale du surendettement
par Nemo
mardi 15 avril 2008
Lorsqu’un particulier se retrouve dans la situation où il est obligé d’emprunter pour payer les intérêts des dettes qu’il a déjà, on dit qu’il est surendetté.
Cette année, le déficit budgétaire est environ de 40 milliards d’euros, et les intérêts de la dette ont représenté une charge de 41 milliards d’euros. La France a donc emprunté 40 milliards, pour payer les intérêts de sa dette.
Et il y a encore quelques jours, sur Agoravox, on trouvait quelqu’un pour chanter "Tout va très bien, Madame la marquise". Non, c’est faux, archi-faux. Personne n’ose prononcer le mot, on fustige le Premier ministre quand il parle de faillite, mais la France est réellement entrée dans la spirale du surendettement.
Ce n’est pas un risque, ce n’est pas une peur, une image, c’est une réalité d’aujourd’hui.
Alors que faire ? Déjà, pour commencer, il faudrait stopper cette mauvaise habitude que l’on appelle "les dépenses fiscales", plus connus sous le nom de "cadeaux fiscaux". La loi Tepa de l’été dernier, outre qu’elle semble ne donner que peu d’effet, aura coûté 15 milliards en absence de recettes. Et ces 15 milliards, si aisément abandonnés, auraient sans doute été mieux employés à réduire le déficit budgétaire.
Et encore heureux que le Conseil constitutionnel ait censuré la disposition rétroactive sur l’exonération de 20 % des intérêts d’emprunts immobiliers !
Alors, aujourd’hui, il y en a assez. Assez de jouer la politique de l’autruche, assez de voir que personne ne veut voir la réalité du problème en face. Quand on dit les choses telles qu’elles sont, comme le disait François Fillon, on est obligé de revenir en arrière (comme NKM sur le vote de la loi OGM).
Dès que le gouvernement parle de ne pas remplacer tous les fonctionnaires qui partent à la retraite, les syndicats hurlent au scandale, en occultant complètement la question des finances publiques. Alors qu’on est en train de se tirer non pas une balle, mais une rafale dans les pieds.
Quand à force d’augmenter la dette, pour payer les intérêts de la dette existante et augmenter la charge des intérêts de l’année suivante, quand à force de s’enfoncer sans relever la tête de ce cercle vicieux déficit-dette-déficit, on se retrouvera incapables de financer notre protection sociale, nos retraites et que l’on verra nos impôts plomber notre pouvoir d’achat juste pour payer les errements du passé, que se passera-t-il ?
Qui va trinquer en premier ? Qui va payer les pots cassés ? Pas les plus riches, certainement, ni ceux qui sont en bonne santé. Quand l’Etat ne sera plus capable de financer la solidarité nationale, ce sera le système privé qui prendra le dessus. Ceux qui pourront se le payer s’en sortiront, quant aux autres...
Ce dont les hérauts du social d’aujourd’hui ne se rendent pas compte, c’est qu’en luttant contre les économies budgétaires d’aujourd’hui, ils tirent un trait sur la protection sociale de demain. Et, franchement, je n’ai pas envie de voir le modèle social français passer à l’as dans dix ou quinze ans parce qu’aujourd’hui nous ne sommes pas capables de prendre les décisions qui s’imposent.
Parmi ceux qui défendaient l’idée d’une action forte pour réduire le déficit de l’Etat pendant la campagne présidentielle, il y avait l’UDF. Aujourd’hui, ce sont eux qui le font. Ce site, au nom sympa (CommeDesTaupes.com), fait le constat suivant :
Cela fait trente ans que l’on creuse la dette, année après année, déficit après déficit. Aveuglément, comme des taupes, on creuse. Cela ne peut plus durer.
J’ai signé cet appel parce que j’ai envie que mes enfants aient la chance d’avoir une vraie protection sociale, comme celle que j’ai connue, qu’ils aient la chance de profiter demain de la recherche scientifique d’aujourd’hui. Mais il va bien falloir un jour que l’on arrête de creuser, sans s’arrêter, sans se demander ce qu’on est en train de faire.