La France et ses chers amis terroristes

par Agence Info Libre
mercredi 23 décembre 2015

Dix mois après les attentats de Charlie Hebdo, la France a de nouveau été touchée en plein cœur, on peut se demander quelles leçons ont été tirées des attentats du mois de janvier, mis à part la mise à pieds d’un chroniqueur qui pose de simples questions dans la seule radio prétendument indépendante ? En ce qui concerne les profits, il n’y a pas de question à se poser : le mouvement des Charlie a renfloué les caisses d’un journal en faillite et remonté une cote de popularité pour un gouvernement en déconfiture. Pitoyables profits quand on sait la guerre d’héritage qui s’en est suivi entre les survivants de Charlie Hebdo pour s’arracher le pactole et combien la vox populi a renvoyé le couple Valls-Hollande dans des profondeurs d’impopularité inégalées depuis l’avènement de la Ve République. Il va de soi que l’incompétence et les responsabilités de nos politiques dans ce drame seront payées de gratitude temporaire dans les sondages par un peuple en état de choc.

Mais ces derniers ne recevront en retour que des chaînes encore plus lourdes, sécurité oblige.

Quand on voit la diligence avec laquelle les services secrets ont mené cette affaire en ce mois de novembre, le nombre d’interpellations et de perquisitions en quelques heures, une question s’impose : qu’a-t-on fait jusqu’ici à part refuser la liste des djihadistes français opérant en Syrie offerte par les services secrets de Bachar Al-Assad ? Pour quelle raison ? Pour soigner l’orgueil de l’appareil politique français qui n’a pas encore compris que l’intervention Russe du 30 septembre dernier, rend obsolète toutes tentatives à venir de se débarrasser du président syrien. La fermeture de notre ambassade en Syrie en 2012 nous met dans une situation ridicule, car nous sommes rendus à mendier des informations aux agences de renseignements allemandes, jordaniennes, américaines, turques et russes.

Valls s’improvise chef d’orchestre

Au vu des annonces grandiloquentes de tous les responsables politiques ces derniers jours, la décision de bombarder Raqqa et d’envoyer le porte-avion Charles de Gaulle, il apparaît que le remède proposé est aux antipodes des réalités du terrain, à l’image du diagnostic.

Se prétendre grand timonier, dans la crise dramatique de l’heure présente, nécessite une grande connaissance de ses dossiers ou une fatuité démesurée. Devant l’assemblée, Manuel Valls a réussi à emporter les applaudissements de ses adversaires politiques en dénonçant l’ennemi qu’il faut chasser : le Salafisme. Cela démontre à quel point la classe politique française est capable d’emmener le pays à la catastrophe dans une unanimité d’incompétences jamais vue dans l’histoire de France. Déjà, notre illustre ex-président Sarkozy voulait suivre nos chers amis américains dans la croisade de G.W. Bush fils en Irak, alors qu’il était incapable de répondre à la simple question du journaliste Jean-Jacques Bourdin : Al-Qaïda, ce sont des chiites ou des sunnites ? Notre cher ex-président a su dépasser Tartarin de Tarascon dans la chasse à Al-Qaïda dans cette vidéo Collector qu’on ne peut pas s’empêcher de regarder en boucle. Dans ce contexte, il ne faut pas s’étonner de l’état actuel de la Libye qui comme chacun le sait, n’a été détruite que par l’obstination et la pugnacité de M. Sarkozy et son cousin BHL. Si le motif officiel, comme pour la Syrie, était de débarrasser ce pays d’un tyran sanguinaire et lui faire respirer le bon air démocratique, il serait temps, à minima, de présenter des excuses au peuple libyen que l’on a renvoyé dans les affres d’un autre âge, ce qui ne semble pas gêner les contempteurs de l’intervention en Libye.
Malgré la situation dramatique actuelle, notre plus célèbre philosophe national prétendait, sans vergogne, que si c’était à refaire, il fallait le refaire. On imagine bien que, de son côté, Sarkozy aurait aimé voir brûler toutes les preuves de sa concussion avec ce régime. La France paie encore cette erreur de diagnostic au Mali contre l’AQMI et les différentes factions qui lui sont alliées dans un conflit sans fin que l’on recouvre d’un voile pudique. Pour épaissir le trait, n’oublions pas que Nicolas Sarkozy a supprimé plus de 13 000 postes de Police et gendarmerie au-cours de son quinquennat dont les fameux postes de police de proximité, dans un monde qu’il a rendu plus dangereux qu’il ne l’a trouvé.

Le gouvernement au pied du Rubicon

Pour éclairer l’incompétence de ce gouvernement, il suffit de mesurer combien celui-ci cire les pompes et assassine d’innocents. Les promesses, après la grande messe des Charlie, n’ont pas été tenues, c’est le chef même de la police qui le dénonce. Elles ne servent qu’a redorer les blasons dans des formules incantatoires et vaines. Le président Hollande, dans une tentative de justification par rapport à la vague de migrants, a déclaré que les terroristes du 13 novembre étaient français, oubliant au passage que la majorité d’entre eux sont allés en Syrie pour se former. L’histoire ne dit pas si c’était avec des rebelles modérés made in Fabius. L’un d’eux, Omar Ismaël Mostefaï, faisait l’objet d’une fiche « S » pour radicalisation depuis 2010, preuve s’il en était que les terroristes les mieux suivis par nos services de renseignements restent inarrêtables. Ces services français qui, faute de moyens, ont troqué le renseignement de terrain par le tout informatique.

C’est quoi le salafisme M.Valls ?

Lors de précédents numéros, nous avons déjà évoqué ses origines, mais pour cette lettre ouverte à tous ces incompétents qui nous gouvernent, il convient de faire un petit rappel succinct.

Bien que la mouvance salafiste ait connu une médiatisation récente, après les attentats du 11 septembre 2001, sa naissance coïncide sans doute avec le début de l’apostolat de Mahomet au VIIe siècle. Autour de sa prédication se regroupent des hommes et des femmes – les plus connus sont les quatre premiers califes de l’islam : Aboubakr, Omar, Othman et Ali, qui forment plus tard, avec d’autres, ce que les théologiens musulmans nomment les compagnons du Prophète, les sahâba. À ces compagnons s’ajoutent les successeurs (tâbi’ine), puis les successeurs des successeurs (tâbi’i at tâbi’ine). Ces trois groupes forment ce que les théologiens désignent par le terme de « Salaf », les pieux prédécesseurs : trois générations incarnant l’âge d’or de l’islam. Les Salafs se distingueraient par leur piété exemplaire, et par leurs conquêtes militaires, à l’origine d’un vaste empire qui s’étendait de l’Espagne à l’Inde . Cette idée du retour aux pieux ancêtres, comme réponse au déclin des sociétés musulmanes, fut plus tard reprise par Mohammad Ibn Abdel Wahhab (1720-1792), qui s’inspirait des écrits d’Ibn Hanbal et d’Ibn Taymiyya,  et tentait de cerner les causes de l’affaiblissement de l’Empire ottoman face à l’hégémonie européenne. Le berceau du Wahhabisme moderne donc du salafisme son principal pourvoyeur, est l’Arabie Saoudite, même la presse couchée est obligée de le reconnaître. La Famille Saoud, le wahhabisme et le salafisme, sont consubstantiels, c’est d’ailleurs pour imposer cette même doctrine qu’ils sont en train de massacrer le Yémen dans un silence assourdissant. Comble de lâcheté, ce sont des mercenaires, payés par la famille Saoud, qui font la sale besogne. Feignant d’ignorer cet état de fait, ou complètement incompétent, la France vient de signer un contrat d’armement de plus de 10 milliards avec ces Salafistes que notre cher premier ministre, ovationné par l’Assemblée, prétend combattre. Peu en reste, nos chers amis américains ont profité des « nécessités diplomatiques » pour engraisser son complexe militaro-industriel, alors que Hillary Clinton, prétendante aux plus hautes fonctions américaines, reconnaissait dans un document secret divulgué par Wikileaks que « les donateurs d’Arabie Saoudite constituent la source la plus significative du financement du terrorisme sunnite à travers le monde dont les Talibans en Afghanistan et Lashkar-e-Taiba (LeT) au Pakistan. Elle qualifiait même l’Arabie Saoudite de « cash machine du terrorisme ». Deux jours après les attentats, dans une intervention surréaliste, notre premier Ministre affirmait contre toutes les évidences et les preuves que les Saoudiens et les Qataris luttaient contre Daesh ! Manuel Valls, qui ne semble pas connaître la honte mais se plait à la baignade dans les marigots et les sentines, déclarait le 15 octobre qu’il se félicitait des contrats qu’il finalisait avec les pires régimes du Golfe à qui il vend des armes. Pendant ce temps, les agriculteurs français sont victimes d’un embargo qui est en train de les ruiner avec la Russie au nom de la démocratie.

Nos chers amis Qataris

Alors que les parisiens et la France enterrent ses morts et que les assassins, à la solde du Qatar, ne sont pas tous éradiqués, il serait temps de dire que ces sbires sont rétribués avec de l’argent français. Si c’est un lieu commun de faire l’association entre ce pays, les plus grands clubs de football européens et l’immobilier de luxe dans toute la France, il restait à leur offrir un fleuron informatique, qui de plus est susceptible de leur ouvrir des informations stratégiques sur les plus grosses entreprises françaises (EDF, AREVA, Orange, RATP, Air France, Total, etc.) ainsi que les plus grands Ministères, une centaine d’établissements publics, 9 régions, 70 départements 170 communes, les Gouvernements Basque, de Catalogne, d’Andalousie… GFI Informatique s’apprête à passer sous pavillon qatarien. L’entreprise de services numériques française a annoncé lundi 23 novembre dans un communiqué l’entrée en négociations exclusives de ses actionnaires Apax Partners et Boussard & Gavaudan avec le groupe diversifié Mannai Corporation, en vue de l’acquisition de 51 % du capital et des droits de vote. Par la faute des gabegies de nos politiques depuis 50 ans, nous voilà obligé, ruiné, de vendre notre âme au diable.

Nos chers amis Saoudiens

Lors de son allocution du 3 octobre 2014 au forum de John Kennedy Jr de l’université de Harvard, dans l’Etat du Massachusetts, à l’occasion de sa conférence sur « La politique des Etats-Unis au Moyen-Orient », Joseph Robinette Biden, Jr, vice-président des États-Unis, plus connu sous le diminutif de Joe Biden, a stigmatisé des « alliés arabes et musulmans pour leur implication directe avec les terroristes en Syrie, y compris les militants d’Al-Qaïda ». Il a souligné : « Notre plus gros problème était nos alliés dans la région. Les Turcs sont de grands amis, ainsi que les Saoudiens et les résidents des Emirats Arabes Unis et autres. Mais leur seul intérêt était de renverser le président syrien Bachar al-Assad et pour cela ils ont mené une guerre par procuration entre les Sunnites et les Chiites et ils ont fourni des centaines de millions de dollars et des dizaines de milliers de tonnes d’armes à tous ceux qui acceptent de lutter contre al-Assad ». Et de poursuivre : « Mais les gens qui ont reçu ces sommes et ses armes étaient des militants du Front al-Nosra et d’Al-Qaïda sans compter d’autres éléments extrémistes venant d’autres régions du monde. Pensez-vous que j’exagère ? Regardez le résultat ».

Il n’est pas inutile de rappeler le prix que la France a payé au terrorisme à Karachi au Pakistan (financé par l’Arabie saoudite, selon Hillary Clinton) dossier dans lequel la corruption de nos plus hautes élites n’est plus à démontrer. Pour terminer en apothéose, il faut rappeler ici que sur la vingtaine de kamikazes du World Trade Center, quinze étaient de nationalité saoudienne alors que les 28 pages concernant les responsabilités de la famille Saoud lors de ces événements tragiques est encore classé secret défense. Avec des amis comme ça, on n’a pas besoin d’ennemi.

Par un curieux retour de manivelle, alors que les associés du diable saoudien salafiste vivent dans une paix confortable, comme le Qatar et le Barhein, certains opportunistes comme la Turquie viennent de recevoir le tribut de reconnaissance de leurs amis de Daesh. Déjà au mois de juillet, un attentat avait provoqué la mort de 32 personnes et fait 100 blessés à Suruç, une ville turque proche de la frontière syrienne. Au mois d’octobre, un double attentat à Ankara avait tué au moins 102 personnes et fait plus de 500 blessés. Quand on connaît tous les services rendus à l’État islamique par le président Erdogan, on ne peut que s’inquiéter des allégations de notre Ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve qui prétend que « la riposte de la République sera totale ».

Tu ne tueras point

Ce commandement du décalogue serait reconnu par les grandes religions, ou qui se présentent comme telles. Certains au cours de l’Histoire ont souvent invoqué la légitime défense, mais tirer dans une foule, tuer des civils innocents, c’est un crime imprescriptible, au même titre que n’importe quel génocide. Malheureusement, la politique, qui est au sens étymologique du terme, la science du gouvernement de la cité, est devenue une impitoyable machine à fric dont les états d’âme et de conscience s’estompent à mesure que les enjeux financiers l’emportent. Comment le gouvernement français qui entretien des relations incestueuses avec les pétromonarchies prétend-il s’attaquer au Salafisme alors que toutes les chancelleries et les services secrets occidentaux

connaissent les réseaux colossaux de financement de Daesh ? N’ont-ils pas les moyens de monter un embargo pour lui couper les vivres ? Dans le monde contrôlé par les banques occidentales, prétendre ne pas pouvoir le faire, est un acte de complicité, un aveu. L’Amérique, l’Europe et la Russie sont unanimes pour bombarder sur les territoires occupés par l’État islamique, tandis que tous les stratèges militaires sont unanimes pour reconnaître que seule une opération au sol peut éradiquer ces barbares du XXIe siècle.

Les attentats de Paris, nouveau 11 septembre

Depuis les interventions en Afghanistan et en Irak après les attentats de 2001, la ferveur de la croisade des démocraties, suscité par le PNAC (Projet pour un Nouveau siècle Américain ) était tombé en désuétude. La quête de Ben Laden et son aboutissement ont certainement déçu les amateurs de films à la sauce Die Hard ou Expandable. Après avoir détruit l’Afghanistan et tenu en haleine les services secrets du monde entier à la traque du terroriste le plus recherché de la Terre, les services spéciaux US n’ont officiellement rien trouvé de mieux que le jeter dans la mer comme un vulgaire glaçon dans un verre de Martini. En ce qui concerne les armes de destructions massives de Saddam Hussein et le petit flacon de Collin Powel, il semblerait qu’on les cherche toujours. L’opinion publique avait besoin d’un réveil si nécessaire à réactiver le choc des civilisations si cher à nos mondialistes du Club. Sans adhérer à la théorie de « l’attaque sous faux drapeau » (false flag) ce 13 novembre, il est cependant évident que cet événement était fortement prévisible, comme nous l’évoquions dans un numéro précédent.

Trois hypothèses s’offrent à nous :

Dans l’état actuel des choses, vaincre l’État islamique sans envoyer de troupes au sol est impossible comme le savent tous les chefs militaires. Les médias occidentaux recouvrent d’un voile pudique les dégâts collatéraux au milieu des populations civiles qui ne vont pas manquer de grossir la vague des migrants infiltrée de djihadistes ainsi que de susciter des vocations parmi ces survivants de familles décimées par ces pluies de bombes. Si dans nos malheurs, nous avons la chance de passer de joyeuses fêtes de Noël car l’EI manque de Captagon, il ne faut pas oublier qu’il existe autant de trafiquants de médicaments que de trafiquants d’armes.
Notre équipe d’analystes prévoit des lendemains qui déchantent quoi qu’il arrive au monstre que nous avons créé.

« Il ne faut pas compter sur ceux qui ont crée les problèmes pour les résoudre. »
Albert Einstein

David Bonapartian & Denissto


 

Article tiré de la Lettre d’Analyses et d’Informations Libre n°8 (décembre 2015). Vous pouvez vous procurer cette lettre au prix de 7€. Jusqu’à fin décembre, pour tout abonnement d’1 an à la lettre AIL, nous offrons les numéros 5, 6 et 7. Tout abonnement d’un an donne également droit aux « Infos dont on parle peu » pour une année.


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