La gauche en pleine auto-destruction
par Laurent Herblay
mercredi 15 décembre 2021
C’est peu de dire que la gauche traverse une crise à l’approche de l’élection présidentielle. Son premier candidat pointe sous les 10%, à une peu glorieuse 5ème place, pour un total d’à peine un quart des sondés. Parmi ses cinq candidats, Arnaud Montebourg semble proche du retrait et Anne Hidalgo, après avoir refusé des primaires, a fini par en proposer, mais cela a été durement rejeté par le camp écologiste. Pire, aucune leçon ne semble tirée de cette complète déroute électorale.
Partisans dérisoires qui ont trahi leurs idéaux
La séquence de cette semaine est assez calamiteuse. D’abord Montebourg, sans doute lassé de ne pas décoler dans les sondages, a fait un appel à l’unité qui semble un moyen élégant pour lui de pouvoir retirer sa candidature. Puis, Anne Hidalgo, après avoir refusé une primaire à plusieurs partis, change complètement de position et vient en proposer une au journal de 20 heures. On pourrait louer son réalisme, son pragmatisme et une forme de modestie peu courante en politique, mais cette déclaration n’a pas vraiment suscité un concert de louanges… Elle apparaît comme une tentative bien tardive, et un peu désespérée, de trouver une porte de sortie honorable, ou de relancer une campagne qui n’a jamais pris. Il faut dire que remettre le sujet d’une primaire sur la table à 4 mois du premier tour est tardif.
D’ailleurs, les autres partis de gauche auraient sans doute été mieux inspirés de s’en tenir à cet argument pour refuser la proposition de la maire de Paris, et même glisser un mot positif sur cette démarche plutôt que de réagir comme ils l’ont fait. Le refus était attendu de la part de La France Insoumise et Mélenchon et il n’y avait rien à y attendre. En revanche, les écologistes auraient pu davantage épargner leur partenaire naturel. Du haut de leur relative avance dans les sondages, il eut mieux valu a minima dire que cela venait peut-être trop tard et qu’ils étaient prêts à en discuter, ils auraient peut-être pu négocier un retrait de la candidate socialiste et un éventuel ticket qui aurait peut-être pu propulser un tel duo à la table des grands candidats, pllutôt que de rester dans la seconde division de l’élection…
De manière intéressante et très révélatrice, Cécile Duflot a fait une chronique sur France Inter affirmant que la France ne se droitise pas. Mais son analyse est un peu courte. Si elle souligne avec justesse que dans les sondages, bien des attentes des Français à l’égard de la société peuvent être qualifiées « de gauche », sur le service public, l’imposition, ou le rôle de l’Etat, réduire le paradoxe de sondages penchant très à droite à une simple imposition de thèmes de droite dans le débat public est bien court. En fait, cela permet de rejeter la faute sur l’autre, et de ne pas interroger les choix idéologiques de la gauche depuis plusieurs décennies. Car si les Français, et notamment les classes populaires, ont fini par déserter ces partis, c’est surtout du fait des choix de ces partis, illustrés par le mandat Hollande.
La gauche, ce devait être la justice sociale. Hollande n’a pas daigné accorder plus de 0,6% de coup de pouce au SMIC sur tout son mandat quand Boris Johnson l’a augmenté de 13% en 2 ans. Il a donné des dizaines de milliards au patronat pour améliorer illusoirement notre compétitivité, pris sur les services publics. Services publcs que cette gauche a laissé massacrer par les règles européennes effarantes, qui produisent une envolée du prix de l’électricité alors même que 70% est d’origine nucléaire dans notre pays, ce qui n’est guère de bonne augure pour le train… La gauche, c’était la république laïque. Suivant Terra Nova, elle penche aujourd’hui du côté du communautarisme anglo-saxon. La gauche, c’était l’ouverture et la tolérance. Aujourd’hui, ils sont les premiers à vouloir faire taire un opposant.
On pourrait même leur rappeler que, de Jaurès à Georges Marchais, elle a longtemps refusé l’utilisation de l’immigration par le patronat pour faire pression sur les travailleurs avant de sombrer dans un discours approuvé par le Medef. Et que dire de l’expérience du pouvoir des maires écologistes, qui ne cessent de vouloir rééduquer les Français et à faire table rase de notre histoire et de notre culture dans une logique toute orwellienne. Bref, la première raison de l’effondrement de la gauche, ce sont les choix de la gauche, de plus en plus repoussants pour une très grande majorité de Français. Il n’y a aucune manipulation derrière cette faiblesse dans les sondages, juste des choix, leurs choix.
Mais au final, le crépuscule des partis de gauche pourrait avoir ceci de réjouissant que cela pourrait faciliter la recomposition politique que j’espère, entre des mondialistes oligarchistes et des patriotes populaires qui pourraient même s’emparer positivement du terme populiste. Car pourquoi faire une politique pour le peuple devrait avoir la moindre connotation négative ? C’est peut-être cela qui a tué la gauche…