La juste descente aux enfers de Macron
par Laurent Herblay
mardi 11 septembre 2018
Il y a deux mois, le président de la République devait envisager avec gourmandise le destin de l’équipe nationale de football, imaginant profiter de ses succès, comme Jacques Chirac en 1998. Mais deux mois plus tard, après avoir accumulé échecs et polémiques, le président est profondément affaibli, au point qu’il semble en plus mauvaise posture que ses prédécesseurs.
Conformisme superficiel, arbitraire et méprisant
L’affaire Benalla a bien sûr marqué un tournant, la macronie tentant même brièvement de rejeter la faute sur une imaginaire ingérence russe, alors qu’il était évident pour tout le monde que le bruit généré par l’affaire tenait seulement à son importance même, démultipliée par le fait qu’elle ait été révélée à une période assez creuse de l’actualité. Mais cela a provoqué une vraie rupture dans le traitement médiatique de cette présidence, dont l’ascension avait été couverte de manière tellement favorable par la grande majorité des média nationaux. Le retournement a été brutal pour une majorité habituée à la brosse à reluire. Pire, le reste de l’été n’a pas calmé les nouvelles ardeurs des média.
Il faut dire que le passif du président s’est profondément alourdi. La croissance baisse, le chômage ne baisse pas. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les coûteuses premières mesures du président n’ont strictement rien apporté à l’économie. Difficile de faire un récit positif quand les résultats sont en berne, moins bons que cette Grande-Bretagne qui prend un chemin si différent. Pire, en annonçant une nouvelle baisse des retraites pour 2019 et 2020, après avoir distribué des milliards de plus aux plus riches et aux entreprises, le gouvernement renforce le procès d’être seulement le président des ultra-riches. Les retraités pourraient bien s’en souvenir aux prochaines élections…
Pire encore, derrière l’apparente nouveauté donnée par sa jeunesse, ce gouvernement semble naviguer à vue, tout en suivant de près ses prédécesseurs honnis et défaits, le gel des retraites renvoyant à Hollande, quand la baisse des cotisations sociales sur les heures supplémentaires rappelle Sarkozy. Et quel renouvellement dans la façon de faire de la politique après l’affaire Benalla et les remous judiciaires qui entourent Françoise Nyssen ou Richard Ferrand ? Et que dire de l’extravagante nomination de Philippe Besson à un poste de consul à Los Angeles, pour lequel le gouvernement a été contraint de faire cet été un décret pour modifier les règles de nomination à ce poste.
Et pour couronner le tout, même s’il le fait de manière aimable sur la forme, Nicolas Hulot, N°3 du gouvernement, démissionne en soulignant le manque de prise en compte de l’urgence écologique et le poids des lobbys, ce que la nomination de François de Rugy n’infirme pas… Pour finir, ce président, dont on constate chaque jour davantage qu’il méprise et n’aime pas les Français, ajoute un nouveau dérapage en voyage au Danemark en évoquant des « Gaulois réfractaires au changement ». Enfin, les hésitations publiques dans la dernière ligne droite de la mise en place du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu donnent une vraie impression d’amateurisme.
Ce faisant, le roi est totalement nu : entre une équipe à la moralité douteuse, une politique immédiatement perçue comme injuste, qui se place de plus en plus dans la droite ligne de ses prédécesseurs, et les suit dans l’échec, et ses dérapages méprisants à l’égard des Français, on se demande ce qui restera de Macron en 2022. Et s’il était bien l’homme qui permettait le changement tant nécessaire ?