La justice de classe !

par leunamme
vendredi 26 décembre 2008

Il y a en ce moment trois affaires politico-judiciairespolitico-judiciaires qui défraient la chronique et en disent long sur les dérives de notre classe politique et la crise de système judiciaire.

1°) Le cas Julien Dray tout d’abord. Je ne reviendrai pas sur le fond de l’affaire, puisque l’enquête est en cours, et qu’apparemment, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Mais deux choses m’interpellent dans le cas présent :

- La personnalité de Mr Dray en premier lieu. Cet élu de la République appartient à un parti qui autrefois se voulait le défenseur des plus fragiles, l’avocat des droits de l’homme ; Et on découvre que cet homme se passionne pour les objets de luxe (les montres), et mène grand train de vie. L’exemplarité en politique est une vertu, et pour l’avoir oublier, Julien Dray ainsi que nombre de socialistes risquent de le payer cher électoralement. Malheureusement au final, ce sont les électeurs qui paient la facture.

- En second lieu, c’est le moment où à lieu tout ce déballage médiatique. En même temps que Julien Dray, c’est l’un des principaux syndicats lycéens qui est mis en cause. Or, nul n’ignore que le monde des lycéens est en ébullition. Nul n’ignore non plus que Julien Dray a tenu récemment des propos virulents contre la politique du gouvernement, faisant le parallèle avec la situation grecque. Il se retrouve mis en cause dans une affaire où semble-t-il la présomption d’innocence et le secret de l’instruction ont passablement été bafoués. La justice dira ce qu’il en est de l’implication des différents protagonistes. Restent des questions sur la juxtaposition des évènements.

2°) L’affaire Coupat ensuite. Le jeune homme et sa compagne sont dans un premier temps soupçonnés avec 7 autres personnes d’actes terroristes sur des caténaires de la SNCF. Ils ont été arrêtés dans un grand déballement médiatique où le dispositif sécuritaire était bien mis en évidence. Malheureusement, au fur et à mesure que l’enquête avance, on s’aperçoit que les charges sont inexistantes et qu’il n’y a aucunes preuves contre ce groupe, et la plupart d’entre eux sont libérés. Sauf deux, Julien Coupat et sa compagne donc, qui restent emprisonnés. Pour quels motifs, sous quels chefs d’accusation : personne ne le sait pour l’instant. Ce que l’on sait cependant, c’est qu’il y a pleins d’interrogations autour de cette affaire : Pourquoi une telle précipitation ? Pourquoi tant de moyens médiatiques et sécuritaires ? Pourquoi la justice et le ministère de l’intérieur s’avèrent incapables de reconnaître leurs erreurs ? Qui a intérêt à ressortir l’épouvantail du terrorisme d’extrême-gauched’extrême-gauche ?

3°) La troisième affaire est la plus limpide. Mr Marchiani est un ancien préfet à qui l’on doit en partie la libération des otages du Liban, mais c’est aussi et surtout un homme qui a été inculpé et écroué pour recel d’abus de biens sociaux et trafic d’influences. Il est actuellement en détention. Oui, mais voilà, Mr Marchiani doit l’essentiel de sa carrière politique à Charles Pasqua, lui-même inculpé dans plusieurs affaires, et qui a longtemps été proche de notre président la République. Et qu’apprend-on ? Que Mr Pasqua a été plaider la cause de son protégé à l’Elysée et obtenu la grâce présidentielle pour ce dernier. Ici, pas de questions, tout est clair, les puissants se protègent entre eux.

Trois cas exemplaires. Dans le premier, un homme politique est une fois de plus mis en cause dans une affaire de gros sous. Qu’il soit de droite ou de gauche cela n’a plus d’importance tant les moeurs de notre classe politique n’ont plus rien à voir avec la morale censée les habiter. Mais cette affaire tombe au bon moment et est très bien utilisée par le pouvoir pour faire diversion et tenter de faire oublier ses difficultés sociales. Les deux autres cas sont emblématiques du fonctionnement de la justice selon que l’on soit puissant ou faible.

Tout cela est à mettre en relation avec un contexte de forte défiance des Français envers leur justice en particulier, et leurs élites en général. Ce sont toutes les institutions qui aux yeux de nos concitoyens ont perdu de leurs valeurs, mais parmi elles la justice est essentielle. Si elle n’est plus digne de confiance, elle devient forcément contestée. Ce que nos hommes politiques, par leur désinvolture, leur mépris du peuple sont en train de fabriquer, c’est du mépris et de la violence. C’est dans ce genre d’événements en apparence anodins que les colères de demain prennent leur source.


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