La justice reçoit le coup de grâce

par Voris : compte fermé
mercredi 24 décembre 2008

Dans la "France d’après", tout devient possible et surtout la notion de mérite est une valeur bien supérieure à la justice rendue "au nom du peuple français". Si vous vous appelez Bernard Tapie, vos mérites vous feront passer par une commission spéciale et toucher le jackpot. Si vous êtes un ami de Pasqua qui est ami de Sarkozy, vous bénéficierez d’une grâce présidentielle. La Justice, qui n’allait déjà pas bien , vient de recevoir le coup de grâce !

L’ancien préfet du Var Jean-Charles Marchiani, connu pour de très nombreuses affaires avait fini par être enfin sanctionné par la justice et emprisonné. Il purge actuellement une peine de 3 ans de prison ferme pour "trafic d’influence par personne dépositaire de l’autorité publique" dans deux affaires différentes. Prison "ferme" ? Pas tant que ça ! Les "méritants", ceux qui "le valent bien", les puissants donc, peuvent toujours user de passe-droits. Et ce passe-droit a pour nom droit de grâce. Le président vient de décider de le grâcier partiellement.


Rappelons ce que disait le candidat Sarkozy le 8 juin 2006 : "Si un jour je devais avoir des responsabilités, une des premières choses que je ferais, c’est de supprimer le droit de grâce et l’amnistie." Sarkozy a supprimé l’amnistie, système sans doute trop démocratique et il a décidé de conserver le droit de grâce pour en faire un usage aristocratique, pour les "méritants".

En avril 2008, Nicolas Sarkozy avait encore quelques scrupules ou du moins jouait à en avoir : "On me demande de rayer d’un trait de plume ce que la justice vient de décider, ce n’est pas rien”, avait-il déclaré à propos d’une éventuelle grâce de Marchiani. Eh bien, ses scrupules sont bien loin à présent. Le parquet de Paris a confirmé une information que LCI avait donnée mardi 23 décembre : une grâce présidentielle a été accordée à Marchiani, équivalant à 6 mois de remise de peine sur les trois ans de prison ferme auxquels il a été condamné.

Ironie du sort, dans un article du 17 janvier 2007, intitulé "Amnistie et droit de grâce en question", je faisais le point sur la position des candidats sur la question du droit de grâce et de l’amnistie. A la relecture de l’article, on peut être surpris (ou pas !) des déclarations de l’époque. Ainsi, j’y reprenais les déclarations vertueuses d’un homme politique du PS qui fait aujourd’hui l’actualité et qui annonçait le programme : "Il y aura une loi d’amnistie. A l’inverse de ce qui a été fait jusqu’à maintenant, elle sera basée sur des principes et pas sur des quantum de peines. (...) On a amnistié des (peines) extrêmement graves notamment sur les attouchements sexuels". Vous l’avez reconnu : c’est Julien Dray, qui était alors porte-parole du PS.

Autre déclaration, celle de Bayrou, prémonitoire, qui pointait les dangers de l’amnistie qui fait du chef de l’Etat "un père Noël". Certes, il évoquait l’amnistie et non le droit de grâce mais, dites-moi donc, quel jour sommes-nous ? Ah ! mais c’est bien sûr ! Joyeux Noël, Monsieur Marchiani !


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