La laïcité et l’accueil éducatif des tout petits !
par CHALOT
lundi 30 janvier 2012
Le débat laïque se poursuit.
Les laïques aussi discutent entre eux avec le même principe : on mène un débat démocratique, on confronte nos points de vue et ensemble on mène les combats de défense de cette laïcité malmenée par ce gouvernement et parfois oubliée par une opposition qui se réclame de la République laïque et sociale. .
Il y a une semaine le député « communiste » Braouzec publiait un communiqué de dénonciation de la proposition de loi votée par le Sénat le 17 janvier 2012, qui vise
« à étendre l'obligation de neutralité à certaines personnes ou structures privées accueillant des mineurs et à assurer le respect du principe de laïcité. »
Cette condamnation est dans le droit fil des positions défendues par ailleurs par cette gauche communautariste qui n'a pas compris que le vivre ensemble passe par l'application des principes de laïcité.
Aujourd'hui, ce sont trois organisations laïques majeures qui publient à leur tour un communiqué.
Voici in extenso le texte en question :
« Communiqué commun de la Ligue des Droits de l’Homme, de la Fédération nationale de la Libre Pensée et de la Ligue de l’Enseignement
Dernier épisode d’un étonnant feuilleton dédié aux signes religieux, qui dure depuis plus de vingt ans, le Sénat vient d’adopter une proposition de loi sur la laïcité dans les crèches, les centres de loisirs et même chez les assistantes maternelles.
Avancée en décembre, la proposition stipule que les crèches et les centres de loisirs bénéficiant d'une aide financière publique « sont soumises à une obligation de neutralité en matière religieuse ». Ce qui pouvait être un choix assumé et annoncé comme tel deviendrait une obligation systématique.
De nombreux centres de loisirs laïques demandent depuis longtemps à leurs salariés et à leurs animateurs de ne pas faire apparaître leurs opinions philosophiques ou religieuses. Cela fait partie du projet éducatif.
Mais la loi de Séparation des Eglises et de l’État n’a jamais contraint ce qui relève du privé à être soumis aux principes de laïcité. C’est le financement du culte (cérémonies, salaires…) que prohibe la loi de 1905.
De plus ce texte a suscité de multiples critiques, y compris et surtout à gauche, à cause de son extension aux assistantes maternelles. La liberté de conscience est incontestablement atteinte. Avec de telles dispositions, au détriment des libertés individuelles, la sphère privée se réduit de plus en plus. Dans une société en crise, où le lien social se délite, la laïcité se doit d’être une source d’engagement autour de valeurs partagées. »
On ne peut pas à la fois défendre le principe « fonds publics à l'école publique, fonds privés à l'école privée » et être opposés à ce que les crèches qui touchent des fonds publics ne soient pas soumises à une obligation de neutralité en matière religieuse.
Les crèches sont des espaces d'accueils éducatifs indispensables qui se situent à l'amont de l'école. Elle reçoivent des fonds publics importants de la part des CAF, des conseils généraux et des communes.
Elles doivent pouvoir recevoir tout public, ce qui suppose que ne transparaissent pas des choix religieux et philosophiques qui doivent eux rester dans le domaine privé.
Puisque les trois organisations signataires de ce texte se réfèrent à la loi de séparation de 1905, j'aurais bien aimé qu'elles soulignent, au lieu de fustiger l'article 3 de cette proposition de loi, que les deux premiers articles reconnaissent le droit de financer des crèches confessionnelles et ce, en totale contradiction avec le principe de séparation posé par la loi de 1905 .
Il nous faut poursuivre le débat jusqu'à son terme, d'autant plus que ces trois associations et notamment la Ligue de l'Enseignement et la Fédération Nationale de la Libre Pensée participent au combat laïque et ceci depuis leur fondation.
La proposition de loi va poursuivre son chemin avant son adoption finale, elle va être discutée par la chambre des députés, agissons ensemble pour que les deux premiers articles reconnaissant le caractère propre (donc religieux) de crèches privées financées sur fonds publics soient modifiés.
Jean-François Chalot