La loi Hadopi a-t-elle réveillé l’antiparlementarisme français ?

par Benjamin Fayet
vendredi 24 avril 2009

Le rejet de la loi Hadopi par l’assemblée nationale, le 9 avril dernier, a offert la vision consternante d’une assemblée vide de 95% de ses députés lors d’un vote pour une loi pourtant importante et violemment  débattue depuis de nombreux mois. Cet absentéisme, auquel s’ajoute la nature rocambolesque de cette séance parlementaire, avec l’arrivée surprise d’une dizaine de députés de l’opposition lors du vote, jette un certain discrédit sur le travail du pouvoir législatif français.

Ce projet de loi met donc en lumière certains dysfonctionnements de notre république mais réveille aussi une certaine tendance française à l’antiparlementarisme. C’est ce que regrette Bernard Accoyer, le président de l’assemblée nationale, qui se disait le 15 avril dernier préoccupé « de façon particulièrement intense » par « la campagne d’antiparlementarisme qui se développe autour de l’absentéisme parlementaire ».
Cet antiparlementarisme, dont notre Vème république est en partie l’héritière, a marqué la vie politique française lors de ces deux derniers siècles. Dès la Révolution Française se fait jour un fort courant contre révolutionnaire et hostile au régime représentatif. Plus tard, au cours de la IIIème et IVème république, de violentes attaques égrènent régulièrement la vie parlementaire. Ainsi dès 1883, le politicien Leverdays raille la toute nouvelle république : « Il faut, paraît-il, que les peuples, aujourd’hui comme par le passé s’amusent de quelque chose ; la forme a changé avec les âges. Les Romains avaient le cirque ; nous avons le parlement. »
 Ce mouvement antiparlementaire connaît son apogée sous le régime de Vichy. L’état pétainiste organisant même à Riom le procès des responsables de la IIIème république, accusés d’avoir affaibli la France et provoqué la défaite de juin 1940.
La IVème république est elle aussi ensuite accusée de tous les maux par les mouvements antiparlementaires, en raison de son instabilité politique et de son incapacité à régler la question coloniale, notamment la guerre d’Algérie. 
La Vème république est en partie l’héritière de ces courants antiparlementaires qui inspirèrent profondément la pensée du Général de Gaulle convaincu de la nécessité d’un régime présidentiel fort, mettant le parlement au second plan. La constitution de 1958 apaisa cette vielle tendance française à l’antiparlementarisme. Lors de la séance du 9 avril dernier, Le rejet de la loi Hadopi a, selon Bernard Accoyer, réveillé ce vieux démon…

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