La mandale du mi-mandat

par olivier cabanel
mercredi 12 novembre 2014

30 mois d’exercice du pouvoir viennent de s’écouler pour François Hollande, et le temps d’un premier bilan est arrivé.

Seuls 12% des français accordent encore leur confiance à l’élu socialiste, et ce score de mi-mandat claque comme une gifle.

 Comment pourrait-il en être autrement puisque que le candidat à peine élu a délibérément tourné le dos à la plupart de ses engagements ?

La petite musique « mon adversaire c’est le monde de la finance  » a pris un sérieux coup de vieux, depuis que la plus grande partie des cadeaux a été majoritairement destinée aux plus riches du pays… grands patrons, banquiers, et les paradis fiscaux ont encore de beaux jours devant eux.

Jean-Claude Juncker, le nouveau chef de l’entreprise européenne, qui avait été largement soutenu par François Hollande, (lien) vient d’être pris le doigt dans le pot de confiture, après les révélations qui font de lui le « patron des paradis fiscaux ». lien

Le plus amusant c’est que son prédécesseur à la tête de l’Europe avait déclaré : « nous devons profiter d’un terrain politique de plus en plus favorable pour nous saisir de ce problème majeur ».

En écho, Pierre Moscovici, ministre français des finances avait aussi estimé en avril 2013 : « il y a un vent qui souffle dans l’UE pour lever les opacités, les obstacles que peut receler le secret bancaire  ».

Force est de constater qu’il ne souffle pas très fort.

Triste déconfiture donc pour le chef de l’état français qui après avoir choisi Jérôme Cahuzac comme ministre des finances, dont l’un des objectif primordial était justement de traquer l’exil fiscal, a découvert que ce dernier en était l’un des acteurs les plus habile. lien

Quand l’on sait que bon an mal an, l’argent caché dans les paradis fiscaux atteint annuellement les 1000 milliards, on ne peut que constater l’échec de l’engagement présidentiel sur le chapitre de la finance, alors que les avoirs des français cachés douillettement au cœur des paradis fiscaux s’élèveraient au minimum à 200 milliards d’euros.

Selon le FMI, les fonds concernés représentant l’évasion fiscale dans le monde se monteraient à 5500 milliards d’euros.

En ce qui concerne l’exil fiscal français, s’il faut en croire Yann Galut, le député socialiste, « si on les taxait à hauteur de 30% on récupérerait 60 milliards d’euros, soit les 2/3 du déficit budgétaire de l’état en 2012 ». lien

Ce n’est apparemment pas à l’ordre du jour.

La désespérance, voire la colère, du citoyen lambda, qui se voit mettre à contribution, alors que de vraies mesures de justice pourraient remplir abondamment les caisses de l’état, est donc totalement justifiée.

Quant au chômage, le visionnaire de l’Elysée a manifestement besoin de nouvelles lunettes, car alors qu’il « voyait la courbe du chômage s’inverser fin 2013 », le nombre de chômeurs  est passé de 2,9 millions en mai 2013 à 3,4 aujourd’hui.

Il prévoyait 3% de croissance en 2013, et s’est probablement trompé sur la position de la virgule, car celle-ci a été de 0,3%.

Sur le chapitre de la dette elle est passée de 90% du PIB mi-2012, à 95%, représentant plus de 2000 milliards.

Sur le chapitre des promesses, il y a loin de la coupe aux lèvres.

Les impôts ont augmenté autant que sous son prédécesseur…(lien) il devait renégocier le traité européen, et on risque d’attendre longtemps (lien) … la célèbre « transition énergétique » joue les arlésiennes, et le projet qui vient de sortir après 30 mois de réflexion laborieuse a finalement comme objectif principal la relance de la voiture électronucléaire, relançant du même coup la consommation électrique, et le nucléaire…(lien) quant à la fermeture de Fessenheim promise par le Hollande s’il était élu, elle a tout d’abord reculé à la fin de son mandat et maintenant semble être remisé aux oubliettes de l’histoire, s’il faut en croire la nouvelle ministre de l’écologie.

En arguant que des investissements très importants sur cette centrale avaient été réalisés, elle a déclaré : « on ne peut faire comme s’ils n’existaient pas », et propose de fermer éventuellement 2 réacteurs nucléaires ailleurs, après la mise en service de l’EPR de Flamanville, autant dire beaucoup plus tard. lien

En effet, cet EPR accumule les déboires, et alors qu’il devait démarrer en 2012 a vu son calendrier repoussé provisoirement à fin 2016…quand à son prix, il est passé de  3 milliards à 3 fois plus aujourd’hui. lien

Pour rester dans le même domaine, celui des GP2I, (grands projets inutiles imposés), rappelons que NDDL (Notre Dame des Landes) n’est toujours pas abandonné, s’il faut en croire l’ex premier ministre, (lien) tout comme celui du barrage du Testet, malgré la mort de Rémi Fraisse, pas plus que Lyon-Turin (30 milliards d’euros) alors que la Cour des Comptes vient une fois de plus de le critiquer, suivie par des élus de haut-rang, dont Dominique Dord, ou Michelle Rivasi. lien

Leur liste des GP2I est sur ce lien.

Quant à la fin annoncée de la France-Afrique promise par le candidat (lien) depuis l’intervention militaire française au Mali, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, mais en réalité pour protéger les intérêts nucléaires français au Niger, et au Mali, il faut manifestement la remiser au rang des promesses de campagne non tenues.

En tout cas, cette promesse à provoqué une chronique lucide de la part de Sali Bouba Oumarou, expert dans ce domaine, qui conclut que « la volonté affichée de mettre fin à la Françafrique, véritable nébuleuse dont tout le monde admet l’existence, mais ne saurait exactement cerner la forme et le contenu, ne peut se limiter au niveau du symbolique … ».

En effet, si on évoque la mise en place du nouveau dispositif de sécurité Barkhane, avec 3000 soldats français au Tchad, on découvre que la Francafrique est loin d’être finie. lien

Quid de Sassou Nguesso, président du Congo, suspecté d’avoir des BMA (bien mal acquis) ayant amassé en France un impressionnant patrimoine mobilier et immobilier, et défendu par l’avocat Jean-Pierre Mignard, ami du président français ? lien

Quid de ces 14 pays africains forcés aujourd’hui encore de payer l’impôt colonial pour les avantages de l’esclavage et de la colonisation ? lien

Quid de la fuite de Blaise Compaoré, l’ancien président du Burkina Faso, évacué discrètement grâce à l’obligeance du gouvernement français ? lien

Mais revenons en France.

Quid des 500 000 logements qui devaient être construits par an ? lien

En 2013, il n’y en a eu que 330 000. lien

Quid des entreprises qui se sont délocalisées, et dont François Hollande avait promis « elles devront rembourser les aides qu’elles ont obtenu » ? lien

Quid de l’écart maximal de rémunération de 1 à 20 imposé aux dirigeants des entreprises publiques et quid de l’encadrement de celles des patrons d’entreprises privées ? lien

Il suffit de prendre pour exemple celui de Maurice Levy, le patron de Publicis, qui encaisse 4,8 millions d’euros, soit 357 fois le smic annuel pour découvrir que la promesse est loin d’être tenue, d’autant que Pierre Moscovici a annoncé que, pour le moment, le gouvernement renonçait à légiférer sur le sujet. lien

Et malgré toutes ces déceptions, ces renoncements, ces revirements, ces promesses non tenues, ces trahisons, François Hollande ne semble avoir en tête qu’une seule préoccupation : obtenir un nouveau mandat en 2017, même s’il affirme qu’il ne se représenterait pas si le chômage n’avait pas baissé à la fin de son mandat.

Il s’accroche au pouvoir, ainsi qu’il l’a déclaré récemment, malgré la colère exaspérée des citoyens et sa popularité en berne : elle était mesurée à 12% début novembre 2014. lien

D’autres plus radicaux demandent sa démission et un sondage récent assurait que 97% des français la réclamaient. lien

Pas étonnant des lors qu’ils soient de plus en plus nombreux à vouloir une 6ème République, et une nouvelle constitution. lien

Elle serait indispensable pour tourner la page si peu démocratique et quasi monarchique de la constitution actuelle, et pourrait mettre au programme la fin réelle des privilèges, la fin des salaires et des avantages exorbitants des élus nationaux, l’impossibilité pour un élu condamné par la justice de se présenter à un suffrage, l’impossibilité pour un chef de l’état de se faire élire sur un programme et de lui tourner le dos une fois élu, sous réserve d’être désavoué par une autorité juridique réellement indépendante, qui pourrait même le remplacer le cas échéant.

Mais revenons au bilan de mi-mandat.

Quand on assomme les français de taxes, d’impôts, on plombe leur pouvoir d’achat, et par contrecoup, on affaiblit les entreprises, ce qui provoque une augmentation du chômage et il ne faut pas chercher ailleurs les causes de ce désamour profond dont François Hollande fait l’objet.

Pas besoin d’avoir fait l’ENA pour le comprendre, car comme disait mon vieil ami africain : « Le mensonge à les jambes courtes… la vérité finit toujours par le rattraper ».

L’image illustrant l’article vient de « www.starjetset.com&nbsp ;&raquo ;

Merci aux internautes pour leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

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