La maternité des Lilas vivra. Où ça ? Aux Lilas !

par syd93
jeudi 27 juin 2013

La maternité des Lilas vivra. Où ça ? Aux Lilas ! Tel était le slogan que nous scandions, avec de nombreux autres Lilasiens, en mars 2012, devant les portes de la maternité des Lilas. Il y avait foule, celle des grands jours en vérité. Et les médias avaient répondu présents. François Hollande, alors candidat à la présidentielle, devait annoncer son soutien au projet de reconstruction de la maternité sur la commune des Lilas. Il avait été au delà des espérances des Lilasiens et des Lilasiennes présents. Il avait tout simplement annoncé son engagement à venir inaugurer la nouvelle maternité en personne dans le cas où le candidat qu’il était alors devenait président de la République le 6 mai 2012. Enfin, les menaces de fermeture allaient prendre fin, enfin la politique de casse de notre système de santé opérée par un certain Sarkozy au nom de la sacro sainte rigueur budgétaire allait cesser. Puis François Hollande est devenu président de la République. Et nous avons tous été soulagés car nous savions notre maternité sauvée. Il l’avait promis avec force devant tout l’appareil socialiste de la Seine Saint Denis, devant tous les médias présents, devant tous les citoyens de la commune et au delà. Mais depuis, les coupes budgétaires s’empilent, l’Agence Régionale de Santé d’Ile de France dirigée par Claude Evin, nommé à ce poste en 2010 et ancien ministre de la santé du gouvernement Rocard, revient sur la parole donnée par le président au motif qu’elle découvre 14 mois plus tard un trou dans le budget qu’elle possède depuis 14 mois ! Hors de question d’entamer le débat budgétaire ici avec l’ARS. Il est plus certainement question de discuter l’attachement des Lilasiennes, des Lilasiens à leur maternité, un attachement qui dépasse tellement les seuls habitants des Lilas. Tout comme il est question de discuter le sens d’un engagement politique dans notre 5e République auprès des citoyens de cette République.

La maternité des Lilas ne met pas au monde des bébés. Elle accompagne une femme à devenir mère, un homme à devenir père. Surtout, elle donne naissance à un enfant qui deviendra un adulte. En clair, la maternité des Lilas n’a rien à voir avec ces usines à bébés où les césariennes peuvent s’enchainer dans le but de libérer des lits. On prend le temps de discuter avec le couple de parents en devenir de la méthode d’accouchement. On prend soin de ne pas manipuler le bébé qui rentre dans le monde par les pieds, comme un sac. On le traite, dès la première seconde, comme un humain doté de sens, d’émotions et d’émois. Alors la commune des Lilas est peuplée de ces bébés devenus enfants, puis adolescents et enfin adultes. Il existe même des parents qui sont devenus lilasiens histoire de ne pas couper le fil de cette belle histoire commencée avec cette petite ville de la Seine Saint Denis dans une salle d’accouchement de la maternité des Lilas. Où ça ? Aux Lilas !


Flashmob pour la maternité des Lilas par sydne93

La maternité des Lilas n’est pas un hôpital. C’est une institution autour de laquelle notre petite commune s’articule. Car cette maternité a inventé les nouvelles manières de faire naitre une mère, un père, un enfant. Centre pilote à sa création, elle est devenue une référence dont les méthodes ont été reprises partout. Cela peut-il avoir un prix ? Cela peut-il faire l’objet d’un renoncement, celui d’une promesse qui, finalement n’aura engagée que les milliers de Lilasiennes et Lilasiens qui l’ont entendu ? François Hollande candidat a promis avec force, avec conviction, faisant la promotion de la maternité des Lilas comme Harlem Désir avant lui, aux côtés d’Eva Joly ou de Jean-Luc Mélenchon. C’était donc toute la gauche qui s’engageait à faire vivre la maternité des Lilas. Harlem Désir n’avait pas attendu la campagne présidentielle pour s’engager. Dès septembre 2011, sur son Blog, l’actuel premier secrétaire du parti socialiste, parti qui dirige la ville des Lilas, le département de la Seine Saint Denis, la région Ile de France, l’Assemblée Nationale, le Sénat, Matignon et enfin l’Elysée, défendait si ardemment la maternité des Lilas en saluant l’unité des forces associatives, syndicales et politiques de gauche. Nous ne pouvons pas douter, un seul instant de sa sincérité du moment. Tout comme nous ne pouvons pas douter un instant de celle de notre président de la République. Mais la sociale démocratie qu’ils préconisent tous les deux finit par placer l’argument budgétaire devant l’argument humain, devant l’argument citoyen, devant une promesse faite pour que vive la maternité des Lilas. Où ça ? Aux Lilas !

A gauche pour de vrai ! nous ne pouvons pas rester sans réaction face à l’engagement de candidats qui, élus, reviennent sur la parole donnée. Un tel revirement est possible aussi en raison de nos institutions. Dans notre 5e République, le citoyen ne compte que le temps d’une élection, d’une campagne électorale. Achevée, les propos qui s’y sont tenus ne comptent plus. Une république où la parole compte à ce point pour du beurre est-elle vraiment une république ? Tout le monde se doute que dans l’arrière boutique de la République les négociations vont bon train. Tout le monde imagine et espère à la fois que le député de la circonscription et également président de l’Assemblée Nationale négocie avec le président de la république la reconstruction de la maternité. Où ça ? aux Lilas ! Tous le monde imagine et espère que le maire de la commune et premier vice président du conseil général de la Seine Saint Denis exerce toutes les pressions qui sont en son pouvoir pour fléchir la décision de l’ARS, une décision soudaine alors que les comptes sont en sa possession depuis plus d’un an. Mais est-il normal qu’en république une telle affaire se traite en coulisse, dans l’arrière boutique du pouvoir alors que les citoyens ont tous été les témoins d’une promesse qui paraissait si ferme, si solide, si définitive, celle de reconstruire la maternité des Lilas ? Où ça ? Aux Lilas !

Cette promesse donnée qui n’a compté que le temps d’une campagne pose donc une question qui va au delà d’un simple arbitrage budgétaire. Cette question est celle de la place pour de vrai ! du citoyen dans la cité, dans la république. Elle soulève une affreuse réalité. Une réalité qui donne à voir une république du pouvoir, une république de l’élu, mais pas une république du citoyen pour le citoyen. Mais les citoyens ont la tête dure et la mémoire tenace. Alors comme en 2011, comme en 2012, alors que Nicolas Sarkozy présidait la 5e République française, en 2013 les citoyens des Lilas et le collectif de soutien à la maternité continueront à lutter, à pousser des poussettes, à camper devant le ministère des affaires sociales au 14 avenue Duquesne s’il le faut et obtiendront que leur maternité des Lilas soit reconstruite. Où ça ? Aux Lilas !



Une poussette pour ma mater aux Lilas par sydne93

Sydné93


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