La nouvelle gifle de Merkel à Hollande

par Laurent Herblay
mardi 12 août 2014

Il y a quelque chose de pathétique dans le comportement de François Hollande. Il ne cesse d’en appeler à l’Allemagne, pour qu’elle soutienne davantage la croissance ou appuie une politique monétaire moins dure. Et à chaque fois, Berlin l’envoie dans les roses, ce qui ne l’empêche pas de recommencer.

Une nouvelle rebuffade
 
Lundi, dans le Monde, François Hollande avait demandé : « un soutien plus ferme à la croissance » de l’Allemagne, « ses excédents commerciaux et sa situation financière lui permettent d’investir davantage. C’est le meilleur service que l’Allemagne peut rendre à la France et à l’Europe  ». Avec cette immixion effarante dans les affaires allemandes, il s’est attiré une réplique cinglante du porte-parole d’Angela Merkel, qui a dit « les déclarations très générales en provenance de Paris ne fournissent aucune raison pour de quelconques corrections dans la politique économique (…) l’Allemagne est déjà une locomotive importante, la plus importante même pour la conjoncture de la zone euro  ».
 
Ce n’est pas la première fois que François Hollande et Angela Merkel s’opposent. Déjà, à peine après son élection, le nouveau président de la République s’opposait à la camisole budgétaire, souhaitait des euro obligations et demandait de faire plus pour la croissance. Déjà, il avait capitulé sur toute la ligne, Angela Merkel lui permettant de sauver les formes avec un plan de croissance dérisoire, qualifié par Paul Krugman de « pistolet à eau contre un rhinocéros qui charge  », acceptant à la fois le refus ferme de l’Allemagne sur les euro obligations et signant le TSCG conçu par son prédécesseur. Depuis, il faut quand même noter un léger assouplissement des objectifs de réduction des déficits budgétaires, mais cela doit sans doute plus au réalisme de l’Allemagne qu’à l’influence de François Hollande.
 
Ce que cela dit de Hollande et de l’Europe

Il y a tout de même quelque chose de pathétique à voir notre chef de l’Etat mendier aussi maladroitement et naïvement une relance de l’économie allemande. Rien ne plaide aujourd’hui pour une telle politique outre-Rhin. Le chômage est à un bas niveau et la nouvelle coalition va mettre en place un salaire minimum qui va donner plus de pouvoir d’achat aux classes populaires. Certes, la balance extérieure allemande est positive mais l’appartenance à la zone euro permet de limiter la cherté de la monnaie par rapport aux fondamentaux de l’économie allemande. Outre le fait d’être totalement irréaliste, il est stupéfiant de demander à un pays de mener une politique qui sert d’abord l’intérêt de ses voisins.

Cet épisode a néanmoins l’intérêt de révéler plus encore tous les défauts structurels de cette construction européenne. Cela démontre l’impuissance de la France, qui, en ayant accepté d’abandonner sa politique monétaire puis soumis sa politique budgétaire aux omens bruxellois, après six longues années de marasme économique et un chômage record, se retrouve contrainte de mendier une relance à l’Allemagne, que Berlin lui refuse logiquement puisque ce n’est pas vraiment son intérêt. Mais le pire est qu’après d’aussi longues années d’échec patent, personne dans la majorité ne semble remettre en cause cette construction qui ne marche pas et impose des politiques totalement antisociales.
 
Même si on pense que l’Allemagne aurait intérêt à mener une politique de relance, une partie des problèmes vient de la monnaie unique. Si chacun avait gardé sa monnaie, le mark s’apprécierait fortement par rapport aux autres pays européens, ce qui agirait comme une forme de relance.

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