La petite claque bien méritée au petit journal
par nacomeda
mardi 24 janvier 2012
A propos de la petite claque bien méritée au Petit Journal adressée par l’équipe de Jean-Luc Mélenchon, en leur fermant les portes à un espace ou ils n'étaient pas conviés.
Cette offensive n'est en réalité qu'un petit point d'orgue des dernières tentatives de la de la pensée unique et de ses actionnaires pour contrecarrer une expression (*) populaire naissante dans notre pays.
Pour en comprendre les raisons, épluchons d’abord la cascade des actionnaires de Canal+, avec Vivendi tout en haut, et par exemple, son directeur, Jean-Bernard Levy, médaillé de la légion d’honneur pour services émérites rendus à la France (revenus 4 à 5 millions d’€ /an).
Ou les profits de Bertrand Méheut directeur du groupe. Personnalités peu suspectes de trouver un intérêt à une radicalisation du dialogue social en France. Facile.
Le reste tient à l'étude du fond de commerce.
Canal+, s’est fait une spécialité de la mystification du système politique, pour la préservation désespérée d'un monopole télévisuel complètement concurrencé par le Web, et l’éclatement des offres des chaînes TNT. Il cherche à préserver également une petite identité bouffone, créé il y a 20 ans avec les Nuls, qui ridiculisaient principalement la société marchande, chose aujourd’hui complètement anéantie par cette chaîne, si l’on excepte les resucées vieillissantes et scatologiques de l’hebdo Groland.
Disposant d’un espace de diffusion gratuit assez court, et ne pouvant en aucun cas rivaliser en matière d’actualité, ni avec chaînes nationales, ni moins encore avec les chaînes d’actu (de + en + regardées), Canal+ a définitivement choisi de se consacrer au bref, à l’adrénaline de l’actu, à celle des images, ou des séquences courtes axées sur ceux qu’ils sont fiers d’appeler les people. N’ayant ni l’envie, ni l’expérience, ni le talent, de consacrer leur temps à observer la vie des gens, ils préfèrent raconter et traquer la vie de ceux qu’ils s’imaginent être pour tous, Dieux ou Diables.
Leur travail de recherche, de rédaction, de cadreur, de monteur, de technicien, est dirigé dans un but unique : Avilir gravement ceux qu’ils décident de détruire, et ridiculiser gentiment ceux qui, à leurs yeux méritent d’exister. Car dans la presse people, les consignes sont : Si tu souffres, gardes le pour toi. Si tu vois des gens qui souffrent, et que ça peut servir la rédac, fonce. Sinon invente des histoires, brode, jusqu’au jour ou tu trouveras un cheveu sur une cravate, et que ce cheveu te permettra de faire un buzz, puis une actu, puis un vrai problème de société. Et tu auras gagné ta paye.
Le Petit Journal, profite chez ses téléspectateurs d’une attitude désespérée, qu’ils cherchent dans tous les cas à flatter, et à ne jamais ridiculiser ou contredire, celle de la démobilisation des citoyens vis-à-vis de la politique.
Déconsidérant les élites, Yann Barthès ne s’attaque jamais aux institutions, chose qui impliquerait une prise de parti dont il est sans doute devenu incapable, par habitude et désintérêt, et qui couperait immédiatement la branche sur laquelle il est assis.
Guignol télécommandé d’un roi sans esprit, il ne peut se consoler qu’en commandant des gens auxquels il interdit tout esprit sinon celui de lui ressembler.
Le petit journal se vante de séduire les jeunes, et ceux qui savent encore se moquer de la politique. Mais leurs caricatures sont d’une violence inversement proportionnelle à ceux qu’ils ont intérêt à respecter. Du bas de l’échelle, ultra violente « on peut tout se permettre parce qu’il ne représente rien », jusqu’à la déférence, « vous voyez, lui aussi est capable de dire des bêtises ».
Le Show Barthèsien veut se vivre, comme cette fête intelligente de la société de ceux qui ont encore la chance d’avoir encore un sens critique. Petite lorgnette du monde politique, il cherche à attraper le regard et la conscience. Mais devant réunir toutes les pensées, et ayant décidé d’en n’avoir aucune, il est le lieu magique où la fausse conscience, toutes tendances confondues, peut et doit se reproduire.
Il ne travaille donc que pour l'unification du langage officiel de l’imbécillité généralisée.
L’insolent trentenaire Yann Barthès, renforcé par une équipe musclée qui ne le quitte pas d’un poil, a été épinglé récemment par un confrère équivalent, et concurrent à tous niveaux dans le microcosme médiatique parisien, Arnauld Champremier-Trigano, directeur de comm. de Jean-Luc Mélenchon. Effet comparable à une piqûre de frelon sur un babouin adulte.
Arnauld a eu l’outrecuidance de le contrer sur la blogosphère nationale par une analyse fine des méthodes de l’équipe Canal ayant complètement bidonné un reportage dans un suivi de déplacement ferroviaire des candidats Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon, le tout pour faire croire à une mésentente cordiale entre leurs deux partis.
Habitué à une certaine vivacité, et disposant de moyens considérables étant donné la taille de son équipe, sonné sans doute par le choc, puisque c’était effectivement la première fois qu’un communiquant officiel mettait en cause son précieux travail, il mit un très gros paquet d’heures avant de réagir. Pour au final pondre une réponse obligée by the Petit journal
Construction du clip :
- Avant il faisait beau, les oiseaux chantaient et d’un seul coup le méchant Arnaud qui bosse pour Mélenchon nous dit qu’on n’est pas des journalistes (comprendre : même pas peur, t’es rien du tout)
- On l’a invité, y pouvait pas venir (comprendre : viens le dire ici si t’es un homme)
- On réexplique l’histoire sans dire que les paparazzis savaient qu’ils en avaient loupé un bout (ben on a fait notre boulot, vous voyez)
- Barthès s’explique : « Ce qui se passe en dehors des caméras ne concerne pas le Petit Journal, dont l’objectif est de montrer ce qui se passe quand tout les médias sont là… La Comm, la fameuse Comm » (En gros, si on était pas là, c’est de votre faute)
Ce qui est intéressant dans cette rhétorique digne d’un enfant de maternelle, c’est l’utilisation du terme « La Comm », répété 2 fois, le terme d’un seul coup, ne représentant plus un moyen d’entente ou de compréhension, mais l’affirmation d’un diktat magistral auquel tous les politiques doivent se plier. Leur temps vécu ne leur appartenant plus.
La réponse ayant été jugée complètement boiteuse par la presse, et tout écart dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon valant pour lui des pépites, ayant dressé son public depuis des mois à se taper sur les cuisses dès l’apparition du mot « mélenchonite », le sieur Barthès n’avait plus qu’une chose à faire : imposer à ses troupes de tout faire pour regagner du terrain.
3éme Episode, Metz : rencontre et Meeting du Front de gauche - Soirée divisée en 3 parties :
16h45 : Rencontre avec des chômeurs - 19h Conférence de presse - 19h30 Meeting
A 16h 30 les reporters du petit Journal, venus par leurs propres moyens se voient interdits de suivre la rencontre avec les chômeurs.
Sachant la façon dont le Petit Journal traite l’information politique en général, et en particulier avec le candidat Jean-Luc Mélenchon, usant de méthodes intrusives, tyranniques, posant sans relâche des questions liées essentiellement au positionnement des candidats entre eux, n’hésitant à rien dans leur façon de filmer et de monter leurs reportages, le danger était immense que des chômeurs, donc des personnes placées dans une situation de dénuement soient ridiculisées à leur tour par l’équipe Barthès.
Mot d’ordre repassé à tous les militants : "On ne veut pas qu'une émission se moque des chômeurs. C'est une rencontre avec des gens en résistance mais qui sont dans une vraie situation de galère". Il aurait effectivement été dangereux de leur donner cette opportunité.
Tout le travail du petit Journal, parfaitement conscient que ses méthodes puissent conduire à être écarté de certains sujets trop sensibles, a été de construire la mise en scène immédiate d’une pseudo violation au droit d’information, en utilisant les ressorts dramatique d’une journaliste parfaitement averti de son rôle, et parfaitement filmée pour paraître victime. Il est d’ailleurs parfaitement possible que cette chose ait été pensée avant même que ce refus ait physiquement confirmé. Pour filmer une situation de ce type, la construction dramatique est assez simple. Filmer en plan moyen les portes, avec quelqu’un qui attend et qui tourne en rond, un peu de caméra subjective, qui bouge beaucoup pour montrer le désarroi.
L’essentiel de la manipulation vient au montage.
Tout est fait pour faire croire au spectateur que la totalité du moment était interdite au Petit Journal. La conférence de presse est évoquée en moins d’une seconde, et ils n’y posent aucune question, et surtout pas à propos de leurs déboires. Quant au meeting, 55 secondes d’un trucage abject avec filtres vieux film devant permettre d’assimiler ce moment à une réunion de vieux communistes allumés et anticapitalistes des années 50. Cadré essentiellement en plans serrés, pour ignorer la présence de 3000 personnes passionnées, et le discours offensif d’Oskar Lafontaine sur la politique Européenne et Allemande.
Le people oui. Mais le peuple, non, c’est pas le truc du Petit journal
La presse conventionnelle sur le sujet s’est empressée de s’engouffrer sur la thèse de l’interdiction complète au meeting (Rue 89, l’Express et le Nouvel Obs en tête). Les radios suivant le mouvement.
Le débat reste néanmoins ouvert, même pour certains sympathisants du Front de Gauche, et peut se résumer à deux questions subséquentes :
- Le travail de Barthès de son équipe, ou de tous ceux qui les imitent permet-il de confirmer selon les règles de leur profession, qu’ils font encore du journalisme ?
- Si oui, comment est-il possible de protéger les citoyens de leur venin et de leur travail de démolition systématique ?
(*) Expression à ne pas confondre avec les aboiements déments des roquets du FN, recrutés dans tous les milieux sociaux, ayant enfin appris au bout de 6 ans, à se servir d’Internet, mais capables depuis toujours, de trouver des os à ronger dans toutes les poubelles.