La Politique de l’illusion

par olivier cabanel
mardi 20 décembre 2016

Il y a ce que l’on voit, ce que l’on croit comprendre, et puis, parfois, une autre vérité apparait, laquelle ne semblait pas au départ si évidente.

L’exemple type pourrait être celui de la rencontre, en 2007, entre Nicolas Sarkösi et Vladimir Poutine, rencontre au cours de laquelle, le président français avait promis de mettre les points sur les « i », et de dire au président russe ce qu’il pensait de ses agissements.

Il s’agissait d’évoquer les violences russes en Tchétchénie, mais aussi la mort d’une journaliste russe.

La rencontre eut bien lieu, et quelques instants plus tard, Sarkösi prenait la parole devant une meute de journalistes, afin de relater cette rencontre. vidéo

Il avait l’air hésitant, couvert de transpiration, et chacun en avait déduit que la rencontre avait du être bien arrosée, manifestement de vodka.

Or, il n’en était rien.

La réalité était bien plus cocasse...

Il fallait d’abord savoir que Poutine, tout comme Sarkösi (lien) ne boit pratiquement jamais d’alcool, n’allant pas au delà d’une bière de temps à autre. lien

Mais alors, qu’est-ce qui avait bien pu se passer pour que le président français apparaisse dans cet état si délabré ?

C’est grâce à France 2, dans son émission « le mystère Poutine », diffusée le 15 décembre 2016 que la cruelle vérité vient d’être mise en lumière. lien

Car si, en effet, Sarkösi avait bel et bien commencé à dire son fait à Poutine, l’affaire avait rapidement tourné court...

Voila l’échange tel qu’il est relaté : « avec moi, on va parler des sujets qui fâchent, il n’y aura aucun sujet tabou, les centaines de morts en Tchétchénie, pour moi, c’est inadmissible, la journaliste russe Anna Politkovskaïa assassinée, pour moi, c’est inadmissible... »

Vladimir Poutine écoute sans rien dire, puis un silence pesant se fait, et finalement prend la parole, avec un air un peu narquois : « C’est bon, t’as fini, là ?...alors je vais t’expliquer, ton pays il est grand comme ça, (faisant un geste avec les 2 mains pour en montrer la petite taille), mon pays il est comme ça, (écartant largement les 2 mains), alors maintenant de 2 choses l’une, ou bien tu continues sur ce ton, et je t’écrase, ou alors tu arrêtes de parler comme ça, et tu verras... » lui promettant de faire éventuellement de lui, le président de l’Europe... lien

Il aura donc fallu près de 10 ans pour faire apparaitre une autre réalité...

N’est-ce pas à l’aune de cette découverte qu’il faut observer ce que nos politiques veulent nous faire croire aujourd’hui, puisqu’il y aurait 2 réalités opposables, l’une étant l’officielle, l’autre restant dans le non-dit et surtout le caché ?

Quand Manuel Valls présente sa candidature à la présidentielle avec comme argument majeur qu’il serait le « rassembleur », alors que quelques mois auparavant, il affirmait qu’il y avait 2 gauches irréconciliables, lequel des 2 faut-il croire ?

Le rassembleur éventuel ou le diviseur évident ?

Aujourd’hui, il tente de se débarrasser de cette casserole bien encombrante, affirmant qu’il n’a « pas été bien compris »... que cette division à gauche ne concernait pas les frondeurs, mais seulement Mélenchon...lien

Réussira-t-il à convaincre les Montebourg, Hâmon, et autres frondeurs qui font de cette posture un angle d’attaque contre Valls bien pratique... rien n’est moins sur.

Quand François Fillon affirme qu’il a été lui aussi « mal compris » sur sa réforme concernant la Sécurité Sociale, faut-il le croire, ou seulement observer qu’il fait machine arrière toute ? lien

Observons de plus près la réalité que l’on tente de masquer...

Avons-nous oublié que Fillon, premier ministre, avait mis en place les franchises sur les soins, et avait appuyé vigoureusement le choix présidentiel de son patron Sarkösi : « comment comprendre que le paiement d’une franchise soit insupportable dans le domaine de la santé alors qu’une charge de plusieurs centaines d’euros par an pour la téléphonie mobile ou l’abonnement internet ne pose pas de question ?  » avait-il déclaré.

Il avait d’ailleurs à l’époque fait un choix qui allait encore plus loin que ce qui était prévu, prévoyant une franchise globale sur l’ensemble des dépenses de santé, un seuil en dessous duquel l’assurance maladie ne rembourserait plus rien du tout.

C’est bien pourtant ce qu’il continue de promouvoir aujourd’hui.

Pour ceux qui douteraient encore des intentions du candidat de LR (Les Républicains), il faut rappeler cette interview qu’il avait donnée dans le quotidien du médecin en novembre 2015 appuyant son argumentation sur la volonté de « responsabiliser les assurés » : « je propose de centrer l’assurance-maladie sur un panier de soins de base. il ne s’agit pas de faire une médecine à 2 vitesses mais bien de répartir les rôles entre ce qui doit être couvert par la solidarité et l’assurance maladie et ce qui incombe aux choix individuels et aux organismes complémentaires  ». lien

Cette volonté de « modifier » les compétences de l’assurance-maladie n’est pas une nouveauté.

Déjà, en 2007, Denis Kessler, ancien vice président du MEDEF avait dégainé contre le modèle social français : « le modèle social français est le pur produit du Conseil National de la Résistance (...) il est grand temps de le réformer et le gouvernement s’y emploie. (...) il s’agit de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ». lien

Alors aujourd’hui, « la machine arrière toute » de Fillon n’est-elle pas une posture afin de ne pas se couper d’une majorité de français très attachés à leur système social, afin de ne pas prendre le risque d’un échec lors de la présidentielle ?

Changeons de domaine, et voyons la réalité que l’on nous propose au sujet de la guerre en Syrie.

Le discours officiel est clair : d’un côté une « armée de terroristes », alliée a des opposants à Bachar el Assad, opposée à celui-ci, aidé, par simple amitié par la Russie.

Et si une autre réalité existait ?

Si le pétrole n’était pas au cœur de tout ça ?

La Syrie est un gigantesque réservoir de gaz, lequel gaz intéresse l’Europe, cette Europe qui s’approvisionne aussi avec le pétrole russe.

Tout ça ne fait pas les affaires des États-Unis qui voudraient bien casser cette dépendance.

Ils veulent donc favoriser les oléoducs et autres gazoducs qui s’alimenteraient dans les réserves caucasiennes, en évitant bien sur de traverser la zone d’influence russe.

Il s’agit du projet Nabucco. lien

Il contourne la Russie et veut concurrencer Northstream et Southstream, le 1er reliant directement la Russie à l’Allemagne, et le second reliant la Russie à l’Europe du Sud.

Or, pour être efficace, Nabucco manque de matière première, et il a besoin entre autre du gaz Syrien, tout comme du gaz Iranien.

Depuis 2009 d’importants gisements de gaz (on évoque 3500 milliards de mètres cubes) et de pétrole ont été découverts dans le bassin du levant, et en mer Egée, tout cela ayant exacerbé les contentieux qui existaient déjà entre la Turquie, la Grèce, Chypre, Israël, le Liban, et la Syrie. lien

La Syrie se trouve au cœur de ces nouveaux enjeux, et l’Arabie Saoudite, et le Qatar ont demandé au président Syrien de bien vouloir ouvrir des oléoducs et des gazoducs d’exportation vers la méditerranée orientale, ce qu’a bien évidemment refusé le dictateur Syrien, très lié comme on le sait à la Russie de Poutine, et qui préfère privilégier la solution russe. vidéo

Comme par hasard, c’est en février 2011 qu’ont éclatés les premiers troubles, mettant en scène d’une part les opposants à Bachar, financés par le Qatar et l’Arabie Saoudite, et d’autre part l’action voulue secrète des occidentaux, (américains, Britanniques et Français).

C’est en tout cas ce que l’on pouvait lire dans la chronique du « choc des civilisations », d’Aymeric Chauprade. lien

N’est-il pas sidérant de découvrir que ces guerres, pour lesquelles on nous donne des explications laborieuses et peu convaincantes, pourraient être évitées si on décidait en haut lieu d’abandonner l’énergie pétrolifère, en la remplaçant par des énergies productibles et propres, comme par exemple le méthane fabriqué, qui, on le sait aujourd’hui, pourrait remplacer en France en totalité le pétrole importé ?

En effet, théoriquement, le méthane productible en France représente 54 Mtep, ce qui correspond à la consommation des véhicules du pays, poids lourds y compris. lien

Près de 500 000 humains sont morts pour quelques gouttes de pétrole (lien)...devons nous accepter ça, en validant qu’il ne s’agirait que d’une lutte contre un tyran, et que d’une fraction d’islamistes radicaux, utilisant un Coran mal digéré, ou même pas lu, pour justifier les atrocités commises ?

Alors comment démasquer les illusionnistes, qui agitent devant nos yeux naïfs des explications frelatées ?

Soupçonner que la vérité est ailleurs est une chose, mais le prouver en menant des enquêtes, est certainement plus efficace que de gober les « vérités établies » diffusées en masse par nos médias traditionnels.

Comme dit mon vieil ami africain : « le monde est sombre quand on a les yeux fermés ».

L’image illustrant l’article vient de villemin.gerard.free.fr

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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