La revanche des médias et des sondeurs...

par Guy Birenbaum
lundi 23 avril 2007

Planté.

Cassé.

HS.

La connexion internet ?

Mais non.

Il n’est pas question pour moi de me soucier de la "panne" de mon blog (et d’autres) entre 17h30 et 19h55 !

Non, celui qui s’est totalement planté, qui est cassé, voire HS, ce matin, parce qu’il n’a absolument pas compris ce qui se passait, c’est bien moi.

Cette élection, je ne l’ai vraiment jamais sentie...

J’ai cru, en fait très naïvement, que l’on pouvait lutter contre des vents dominants sur un esquif, une coquille de noix !

Bravache.

J’ai pensé que les électeurs verraient bien que le choix "de raison" qu’imposaient médias et sondeurs, depuis plus d’un an, dans une unanimité qui pose question à notre "démocratie", n’étaient pas forcément les deux seules options possibles.

Mais j’ai évidemment eu tort.

La participation record, le vote utile et la mémoire vive de la plaie du 21 avril ont tout balayé sur leur passage, arrachant la nappe et renversant les verres...

L’abstention a quasiment diminué de moitié par rapport à 2002, les votes blancs et nuls ont considérablement baissé eux aussi (d’un tiers) et tous les "petits candidats" ont été laminés sous les 5%.

Laminés.

Itou.

Ma principale erreur d’analyse tient dans ma certitude - devenue presque mystique au fil des semaines, un comble me concernant... - que les quatre premiers seraient finalement dans un mouchoir de poche (j’ai dû le répéter au moins cent fois...).

C’est que je n’ai pas voulu croire aux sondages, anticipant une erreur comme en 2005, comme en 2002, comme en 1995, etc.

Je ne pensais surtout pas possible que, pour la première fois depuis 1974, un candidat de droite dépasse les 30 %. Là aussi, il va me falloir réviser mes classiques...

Enfin, j’ai même cru qu’un troisième homme pourrait casser le jeu et sortir Ségolène Royal (sans savoir si ce serait Bayrou ou Le Pen) et là, aussi, j’ai eu tort.

Plus qu’en pourcentages - des données bien froides - c’est lorsque j’observe le "spectacle" en nombre d’électeurs que je finis par le comprendre.

Plus de onze millions trois cent mille électeurs pour Nicolas Sarkozy.

Près de neuf millions cinq cent mille pour Ségolène Royal.

Quasiment vingt et un millions d’électeurs à eux deux.

Six millions sept cent cinquante mille électeurs pour François Bayrou.

Trois millions huit cent mille pour Jean-Marie Le Pen.

Dix millions cinq cent mille électeurs à eux deux.

Moins de la moitié des deux premiers.

Le tout sur les plus de trente-six millions de vote exprimés...

Le "reste" pour les huit autres candidats...

Manquent encore les votes des Français de l’étranger.

Cette configuration, je ne l’ai absolument pas anticipée en dépit - ou peut-être bien à cause justement... - de l’évidence médiatique qu’elle constituait. Sauf concernant les "petits candidats".

Les sondages avaient donc raison depuis le départ.

Les éditorialistes et les principaux observateurs de la chose politique aussi.

Reste cependant une interrogation, qui me paraît vertigineuse.

Sondeurs et médias ont-ils simplement bien prédit la situation ?

Ou bien, l’ont-ils aidée à survenir ?

L’ont-ils induite ?

En persuadant les Français que le duel Sarkozy/Royal était le seul possible, l’unique "bon choix" ? Le cercle de la raison comme disait l’autre...

C’est qu’ils tiennent enfin là leur revanche sur deux humiliations successives : Le Pen au second tour, en 2002 et leur débacle au référendum sur le Traité constitutionnel européen, en 2005... D’ailleurs, au passage, que reste-t-il, ce matin, du fameux "Non" de gauche ?

Leur revanche éclatante et ses probables conséquences, c’est LE sujet qui risque, je vous l’avoue, de me tarauder longtemps.

Le seul, en vérité, qui puisse désormais m’intéresser vraiment.

Bien davantage que de me demander doctement ce que vont décider, le 6 mai, les électeurs ayant choisi hier François Bayrou.

On ne m’y reprendra plus...

Quand je pense, en plus, qu’un pronostic de qualité j’en avais un tout prêt en tête.

Et que je n’ai pas osé le sortir... Parce qu’il n’était pas de moi (son auteur s’identifiera...).

Vous voulez le connaître ?

Il n’est jamais trop tard pour essayer de briller... Hein ?

Même un matin de gueule de bois.

Allez hop !

Je me lance !

Le prochain président ne sera pas chauve et c’est une vraie première.

Des semaines que j’en suis sûr, en plus...


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