La sauce Hollandaise ne prend pas

par olivier cabanel
vendredi 19 juillet 2013

Arrivé au ¼ de son mandat, force est de constater que le programme Hollandais ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut.

A coup de taxes, d’impôts nouveaux, de renoncements en renoncements, Francois Hollande est pris dans une spirale vertigineuse qui voit s’écrouler sa popularité, en même temps que sa crédibilité.

Après avoir déclaré, droit dans ses bottes, que les patrimoines des ministres et parlementaires seraient mis en toute transparence, François Hollande a fait machine arrière toute, toute honte bue.

Bien sur, il peut toujours argumenter que si son projet ne correspond pas à ce qu’il avait conçu, c’est la faute du Sénat, mais ça induit qu’il a été lâché par une partie de sa majorité, ce qui n’est pas bon signe pour la suite. lien

La loi qui vient d’être votée est consternante, car non seulement, ces fameux patrimoines ne seront pas publiés, mais seulement consultables en préfecture, mais de plus celui qui ira les consulter verra son nom consigné…et cerise sur le gâteau, celui qui publierait les informations qu’il a pu découvrir en préfecture sera puni d’une amende de 45 000 € et d’une peine de prison. lien

Pourtant, Hollande avait promis le 3 avril 2013 que tout citoyen aurait le droit d’être informé sur le patrimoine des ministres, et des parlementaires, ce qui concernerait plus de 6000 personnalités (lien) et 77 jours plus tard,cerise sur le gâteau, un amendement de l’UDI, voté par les parlementaires, prévoit que la divulgation d’un patrimoine serait puni d’une amende du même montant que celui du patrimoine divulgué.

La promesse hollandaise prévoyait des sanctions, (30 000 € d’amende) mais en cas de déclaration mensongères, assortie d’une privation de droits civiques…mais il n'était en tout cas pas prévus de sanctions contre les citoyens qui publieraient ces informations.

Quid maintenant des journalistes qui ont publié dès la mi-avril des informations sur les patrimoines des ministres ? lien

Seront-ils poursuivis ?

Il faudra donc nous contenter de ce qui a été publié le 15 avril 2013. lien

Hubert Huertas, sur France Culture, le 19 juin 2013 a résumé en quelques mots judicieux la situation : « un retournement tout de même pharamineux  ». lien

Décidément le renoncement est au programme du candidat devenu président.

Quid de sa récente présence sur les plateaux télévisés ?

Celui qui avait montré du doigt son adversaire…la finance, s’est exprimé récemment dans une émission au titre sans ambigüité : « capital »…Une erreur de casting ?

Une partie de son entourage est catastrophée par le niveau de l’émission : « c’était l’interview d’un ministre du logement  » a déclaré l’un des membres de son équipe.

Celui qui avait déclaré ne plus vouloir prendre la parole lors du 14 juillet vient de transiger, une fois de plus.

Ce changement tant attendu fait décidemment long feu, et est particulièrement improductif.

D’autres surprises pointent leur nez.

Alors qu’on apprend que la justice suisse a emprisonné l’ex-banquier Pierre Condamin-Gerbier, celui là même qui, il y a quelques jours, avait expliqué à la commission financière de quelles manières les banques suisses aidaient les fraudeurs, entre autres français, à soustraire à l’impôt leur bel argent.

Ce courageux banquier avait finalement donné à la justice française les noms de 15 personnalités politiques, dont des ministres du gouvernement actuel, ainsi que du précédent, coupables d’avoir des comptes cachés en Suisse, et l’en voilà étrangement récompensé. lien

Alors, les Helvètes font savoir que l’article 273 du Code Pénal puni ceux qui auraient entre autres « donnés des renseignements économiques  », et l’ex banquier encourt donc une peine de 3 ans de prison...le secret bancaire n'est donc pas mort.

Sauf que Condamin-Gerbier est français, née à St Etienne, et peut revendiquer son appartenance française, pays dans lequel les lanceurs d’alerte sont protégés. lien

Condamin-Gerbier trouve aujourd’hui à son secours des députés français de tout bord pour interpeller le gouvernement sur son sort.

De Yann Galut (PS) à Eric Boquet (PC) en passant par Charles de Courson (UDI), François de Rugy (EELV), Nicolas Dupont-Aignan (ex UMP), ils ont donné récemment une conférence de presse, à laquelle participait aussi les journalistes François Bonnet (Médiapart) et Antoine Peillon (La Croix), pour marquer leur soutien à l’ex-banquier. lien

Médiapart, qui, on s’en souvient a été le premier à avoir dévoilé l’affaire Cahuzac est maintenant menacé d’une forte amende (10 000 € par jour) pour avoir divulgué un enregistrement mettant en cause le financement de la campagne de l’ex-président.

Décidément, par les temps qui courent, il ne fait pas bon être un lanceur d’alerte.

Plus grave, selon le journal suisse « La Côte », Manuel Valls aurait des comptes en suisse. lien

Ce dernier vient d’être entendu par la « commission Cahuzac », chargée de faire toute la lumière sur ce que savaient, ou pas, certains membres du gouvernement, et Manuel Valls a affirmé n’avoir été au courant de rien, contrairement à ce qu’affirmait encore récemment l’ex-banquier suisse, Condamin-Gerbier. lien

On se souvient que ce dernier avait déclaré : « des Cahuzac, il y en a d’autres ». lien

La commission, présidée par l’UDI Charles de Courson, s’interroge notamment sur demande d’entraide administrative, faite tardivement, en Janvier, par Bercy, alors que Médiapart, relayé par de nombreux médias, avait révélé l’affaire Cahuzac, dès le 4 décembre 2012.

D’après la commission, cette demande, mal formulée, ne pouvait appeler qu’une réponse imprécise, et à l’époque, elle avait blanchi Cahuzac de tout soupçon. lien

Sur ce lien, Valls interrogé par la commission n’a pas semblé très à l’aise, le moins qu’on puisse dire.

Finalement, après avoir auditionné les 3 ministres, le président de la commission d’enquête, Charles de Courson, a déclaré sur l’antenne d’Europe 1  : « nous avons la preuve que le Président a été parfaitement informé de l’existence d’un compte en Suisse non déclaré et appartenant à l’ex-ministre du budget, Jérôme Cahuzac  » ajoutant « il (François Hollande) le sait le 15 décembre  », rappelant que le Président de la République et Edwy Plenel, directeur de Médiapart, sont amis, et que le 18 décembre 2012 ce dernier avait informé l’Elysée qu’ils avaient toutes les preuves.

Michel Gonelle, député UMP du Lot-et-Garonne, qui détenait le fameux enregistrement qui avait fait tomber Cahuzac, ne dit pas autre chose, affirmant avoir informé, le 15 décembre, Alain Zabulon, directeur adjoint du Président, lequel est allé immédiatement informer Pierre-René Lemas, et tous les 2 se sont rendus dans le bureau de François Hollande. lien

De Courson, ne pouvant questionner le Président de la République, suite au principe de séparation des pouvoirs, il songe maintenant à interroger le Premier Ministre. lien

Sur la question de l’environnement, la popularité de François Hollande est au plus bas chez les Verts, et ils ne sont plus que 31% à le soutenir encore, ce qui correspond à une chute de 15 points en un mois. lien.

Les doutes qui planent sur la promesse de campagne qu’avait fait le candidat, promettant limiter à 50% la part nucléaire n’y est surement pas étrangère…(lien) la relance sur le chapitre des énergie propres et renouvelable se fait attendre…et la promesse présidentielle de ne pas avoir recours au gaz de schiste n’y a rien changé. lien

Erwan Lestrohan, directeur d’étude à l’institut de sondages LH2, a tenté d’expliquer cette impopularité croissante.

S’il est vrai que dans son propre camp, ses soutiens sont en hausse, (84% auprès des sympathisants socialistes), jamais un Président de la République n’aura chuté aussi lourdement.

Pourtant l’expert en sondage est optimiste, pensant que le pire est passé…et suppose une remontée à la rentrée… (lien) sauf que l’affaire Cahuzac n’en finit pas de rebondir, et elle peut faire encore pas mal de dégâts, surtout si on découvre finalement que d’autres ministres du gouvernement ont des comptes cachés en Suisse…et si la fin de la chute du chômage n’est pas au rendez vous fin 2013 promis par le Président. lien

La méthode Coué a ses limites : lors de sa visite au salon de l’agriculture, en février dernier, Hollande lui-même avait reconnu qu’il serait difficile d’inverser la courbe du chômage fin 2013 (lien) et le premier ministre en personne a déjà commencé a y mettre une condition : «  il faudrait que la croissance revienne en Europe  ». lien

Hélas, pour de nombreux experts, la croissance sera bientôt de retour en Europe…sauf en France. lien

Rendez vous donc dans 5 mois

Comme dit mon vieil ami africain : « si tu veux connaître quelqu’un, n’écoute pas ce qu’il dit, mais regarde ce qu’il fait  ».

L’image illustrant l’article vient de « alain-suguenot.com »

Merci aux internautes de leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

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