La signification très politique de l’abstention croissante aux européennes : la preuve par les chiffres

par taktak
mercredi 16 avril 2014

D’aucun prétendent que l’abstention n’est que l’expression de citoyens dilettantes et irresponsables peu soucieux d’utiliser un droit de vote conquis de haute lutte ou de participer à la vie politique du pays. L’abstention serait anti-citoyenne, la négation de l’engagement politique. Avant d’aller plus loin, constatons que ce sont les même médiacrates qui n’avaient pas du tout cette analyse au sujet des chiffres de l’abstention lors du récent référendum de Crimée…

Cela n’est pas du tout exact.

L’abstention est bien souvent une expression politique qui exprime en premier lieu et de la façon la plus claire la reconnaissance ou non de la légitimité et de l’utilité de l’institution qui organise l’élection.

SOURCE  : site web du PRCF

Chacun le sait, pour dénoncer l’Union Européenne du capital qui détruit la France et ses acquis sociaux, comme il l’avait fait en 2009, avec plusieurs autres organisations, le PRCF s’est engagé dans une campagne de boycott de l’élection européenne, pour l’abstention citoyenne.

Les militants du PRCF sont ainsi mobilisés pour mener cette campagne à travers les actions militantes propres au PRCF pour la sortie de l’UE, de l’Euro, de l’OTAN et du capitalisme, mais également en soutennant l’appel du CNR-RUE – appel national au boycott de l’élection européenne par un très large rassemblement de personnalités d’organisations et d’horizons très divers – pour mener avec un large rassemblement de citoyen une campagne nationale pour le boycott de l’élection européenne dans une démarche 100% démocratique, citoyenne et désintéressée :

Certains voudraient faire croire que cela ne concerne qu’une petite minorité, et que seuls ceux qui votent sont des citoyens conscients et actifs. Alors qu’en est il vraiment ? Eh bien regardons les chiffres.

Retour sur les chiffres de l’abstention :

Le discours ambiant, celui des médiacrates c’est à dire celui des chiens de garde du Système capitaliste, est de décrire l’abstention comme un phénomène de société qui frappe l’ensemble des élections et qui est en perpétuelle augmentation, et ce afin de lui retirer systématiquement tout contenu politique, de disculper les élites politiques et de culpabiliser les « petites gens. Ce n’est pas vrai. L’abstention et son évolution sont très différentes selon l’élection.

Le plus simple pour caractériser l’abstention est de s’intéresser aux chiffres de l’abstention pour les différentes élections nationales depuis 1958.

En moyenne, toutes élections confondues, l’abstention s’élève à près de 29% et elle est en moyenne de  :

On peut déjà ici faire le constat que l’abstention est particulièrement massive uniquement pour les élections européennes. S’agissant des référendums, ce sont les scrutins au sujet du statut de la Nouvelle Calédonie et celui sur le passage au Quinquennat qui tire la moyenne nettement à la hausse (sans ces référendums dont les objets étaient très particuliers, l’abstention référendaire ne serait plus que de 25,7%). Ce premier constat grossier fait état d’une abstention « normale » entre 20% et 30%, à l’exception très notable des européennes boycottées par nos concitoyens.

On peut s’intéresser à l’évolution dans le temps des chiffres de l’abstention aux élections nationales depuis 1958. Là encore le constat est édifiant comme le montrent les graphiques qui suivent :

En terme d’évolution historique de l’abstention aux élections nationales, hors européennes, il semble qu’il faille distinguer deux périodes. Jusqu’à la victoire de François Mitterrand en 1981 et après. De 1958 à 1981, les taux d’abstention moyens aux élections de chaque décennies sont d’environ 21.5%. A partir de 1986, ils augmentent nettement à 30% puis 32%… La trahison de la gauche par le PS aura porté ses fruits en convaincant une bonne partie de la population ouvrière que le vote ne sert à rien. Difficile ici de ne pas donner de continu politique à une rupture aussi nette dans le comportement électoral de nos concitoyens !

Il est intéressant de rapprocher le taux d’abstention d’avant 1981 avec celui des législatives sous la IIIe République entre 1914 et 1936 qui en moyenne s’élève à 21,5% également. on observera que c’est avec l’effort pour porter la gauche au pouvoir, avec le Front Populaire que l’abstention diminue. Alors qu’au sortir de la première guerre mondiale, alors que la majorité des partis se sont engagés dans une tragique union nationale autour de l’impérialisme capitaliste français, le taux d’abstention est alors plus élevé. Là encore ces chiffres tordent le cou à ceux qui affirment un peu péremptoirement que « aujourd’hui les gens ne votent plus, alors qu’avant ils votaient plus, parcequ’ils ont oublié le prix du droit de vote ».

Cela confirme bien un taux d’abstention nominal résultat à la fois de la difficulté pour une partie de la population de voter et également du refus de l’élection ou du désintérêt pour la chose publique. On peut ici donner l’exemple de l’abstention des 18-30 ans qui bien souvent sont encore inscrits dans la commune de leur parents alors qu’ils travaillent ou étudient ailleurs.
Grossièrement et en toute hypothèse, sur la base des taux d’abstention aux législatives puis à la présidentielle (y compris les résultats récents), il est tout à fait raisonnable de considérer un taux d’abstention nominal de 20% en France.

La signification très politique de l’abstention croissante aux européennes

Venons en au cas particuliers des européennes pour là aussi tordre le cou à quelques poncifs. Les chiens de garde médiatique, les partis composant le Parti Maastrichtien Unique (UMP, PS, EELV, UDI, MODEM….) et bien sûr les pontes de la Commission Européennes sont très embêtés par les chiffres stratosphériques de l’abstention aux européennes. A tel point d’ailleurs qu’ils ne cessent de mener campagne pour la participation en dépensant des fortunes pour conjurer les gens de voter ( peu importe ce qu’ils voteront, pourvu qu’ils créditent la « construction » européenne en votant !). Et pour cause, si personne ne vote, comment faire croire que les diktats que l’on impose depuis Bruxelles et Francfort sont légitimes alors qu’ils vont à l’encontre de ce qu’à voter le peuple. Bien évidemment, le parlement européen est une farce. Une simple chambre d’enregistrement, totalement verrouillée par l’alliance PSE/PPE (nom de la droite libérale européenne) et qui peut résister aux turbulences affectant tels ou tel pays particulier permettant de garantir la stabilité et la permanence de la dictature de l’oligarchie capitaliste. Que l’abstention soit massive, et l’illégitimité de cette UE du capital tout à fait totalitaire qui s’est assis sur le NON de 2005 apparaîtra immédiatement dans toute son horreur, au risque d’alimenter la révolte populaire qui gronde partout, de l’Espagne à la Bulgarie en passant par la Grèce et même par l’Allemagne (grandes grèves pour les salaires) !

Alors, nous avons droit à un bourrage de crâne visant à faire croire que l’augmentation continue du taux d’abstention est général et qu’il ne s’agit donc pas d’un rejet politique de l’UE mais d’un manque d’éducation et de citoyenneté, alors que autant les niveaux que la vitesse de croissance sont strictement propres aux européennes/
La comparaison des chiffres de l’abstention aux présidentielles et aux européennes est de ce point de vue plus que frappante : le taux d’abstention à la présidentielle reste stable à 20% alors que celui des européennes explose à près de 60% en 2009.

On nous dit alors que cela est dû à un désintérêt pour la chose européenne, à une incompréhension -c’est bien connu quand un citoyen refuse de se mener à l’abattoir, c’est qu’il est bête et qu’un peu de pédagogie lui fera comprendre son intérêt ! – de cette chose si compliquée qu’est l’UE…. Que nenni !

La comparaison entre élections européennes et deux derniers référendums sur l’UE le prouve. Les scrutins au sujet du Traité de Maastricht en 1992 et au sujet du Traité Constitutionnel Européen en 2005 sont marqués par un taux d’abstention de 30%. Moitié moins que les élections européennes. On ne peut s’empécher de constater, en principe que rien ne se perd, que rien ne se crée et tout se transforme, que ces 30% d’abstentionnistes en plus sont bien à chercher parmi ceux dont le vote non a été piétiné ! C’est de l’arithmétique. Pas besoin de sortir de Sciences po pour le voir.

A l’évidence, sans que malheureusement ils puissent s’en rendre compte étant donné la censure qui frappe les franchement communistes, nos concitoyens partagent largement l’analyse que le PRCF a exprimé en 2009 et qu’il renouvelle pour ces élections européennes 2014 en opposant à la dictatoriale UE du capital leur refus de vote, dans un acte civique d’abstention citoyenne.

Ces élections sont une farce et pour botter le cul de l’oligarchie capitaliste, il faut montrer que nous ne sommes pas dupes. Il convient donc que, ignorant les consignes social-maastrichtiennes du P.G.E. (social en paroles, maastrichtien en réalité !), chacun s’investissent dans la campagne de boycott militant, avec le PRCF et plus largement en répondant à l’appel du CNR-RUE Comité National de Résistance Républicaine à l’Union Européenne.

SOURCE  : site web du PRCF

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