La société française est-elle prête au débat sur les institutions de la République ?

par EricSvorda
samedi 7 décembre 2013

Réflexion à l'occasion de la sortie du livre de Nicole BORVO COHEN-SEAT , Génération VIème République.

 

Par Eric Svorda

 

La société française est-elle prête au débat sur les institutions de la République ?

Il est à craindre que non, tant notre société se dépolitise. Trois voies de désengagement dans le politique semblent émerger, pouvant tisser des liens, construire des passerelles entre elles. Elles posent la question de notre capactié à faire société, à faire advenir cette « res publica », cette « chose publique » qui est censée nous unir et faire République.

Première voie : l'attentisme, fondé sur un certain aveuglement volontaire de la situation et sur un mauvais usage du politique. L'attentisme consiste à penser que la situation n'est pas si grave, pas encore assez grave. On se cache les yeux pour ne pas voir la misère grandissante. Et l'on se dit que l'on reussit encore à s'en sortir, tant que le « déclassement », la misère ne nous touche pas encore individuellement. La société Française a encore une grosse classe moyenne qui vit bien, peut regardante sur les modalités de fonctionnement de son épargne, et qui ne voit pas son intérêt à remettre en cause « le système ». Les causes de la crise sont hors d'elle. Elle n'y peut rien. Et l'on se dit que c'est aux politiques, aux politiciens professionnels, de faire le boulot, de résoudre la crise. On leur délègue notre pouvoir. Et l'on considère que l'on a tenu son rôle.

 

Deuxième voie : l'indignation, la résistance. Les valeurs de la résistance sont portées au devant de la scène.Aura du résistant, éloge du résistant, notamment avec la parution du livre de Stephane Hessel « Indignez-vous ! », mais pas seulement. Les valeurs sont nobles, elles ont sauvé la France du désastre ; nous sommes fiers de cet héritage et devons en faire vivre l'esprit . Mais elle agit aussi comme un voeu pieux, une perspective que tout-un-chacun aimerait à se donner. Pour agir, on aimerait se concevoir résistant et faire aussi bien que nos pères et nos mères.

Pour similaire que paraisse le contexte des années 1930 et des années 2000, il n'est pas certain que les mêmes causes produisent les mêmes effets et nous n'en sommes pas encore arrivé au même point : une guerre. Pourtant notre imaginaire se construit (ou est construit) à partir de cette forme particulière de résistance, héritée de la guerre. Cette forme est loin d'être la seule. L'histoire est faite de résistances multiples, reconnues par l'histoire ou passées sous silence. Et toutes les résistances postérieures à la seconde guerre mondiale, ne se sont pas construites sur cet héritage, loin s'en faut. Le résistant d'aujourd'hui n'est donc pas le résistant des années de guerre. En est-il même l'héritier ? La revendication de cette résistance très particulière, et fondamentalement problématique puisqu'elle s'ancre sur une situation de guerre, joue peut-être à contre-sens de l'idée de résistance même, d'une résistance universelle. Elle ne peut donc pas être garante des engagements présents et des engagements futurs. Est-ce seulement souhaitable ?! La résistance doit elle être conçue comme une arme de guerre ? Et contre qui ? Au-delà de ce téléscopage de l'histoire, la question est : la résistance, si nécessaire soit-elle, doit-elle supplanter le politique ? Le programme national de la résistance, que l'on cite beaucoup aujourd'hui, est le résultat d'une véritable pensée politique, d'hommes et de femmes engagés politiquement. Aujourd'hui, la situation semble inversée : en pleine dépolitisation, l'appel à la résistance fonctionne comme un appel à l'engagement citoyen. Il faudrait résister pour être citoyen et faire politique. Ne peut-on pas d'abord être citoyen en pensant politique ?

 

Troisième voie : les mouvements libertaires qui posent la question du bien-fondé du politique. A l'échelle de l'individu, d'un groupe restreint, d'une petite communauté, ils s'oppoent aux formes de pouvoirs institutionnels (et économiques) qu'ils jugent opprimantes, abusives et visent des modes autogestionnaires, où l'individu puisse avoir un réel pouvoir sur sa vie.

Les mouvemements libertaires sont le point aveugle de la République et les mouvements politiques les plus progressistes sont très mal à l'aise avec cette forme de penser et d'agir qui s'exprime ici et là, souvent avec pertinence et questionne la République elle-même. Ce qui se passe aujourd'hui à Notre Dame-des-Landes en est un exemple concret. L'opposition à ce projet aberrant s'est fortement appuyée sur la présence et l'action de groupes libertaires, anarchistes, se proclamant avec force opposés à un Etat (et une société multinationale) qu'ils jugent abusif et oppresseur, voire manifestant de l'hostilité à l'égard des mouvements politiques présents à leur côté dans la lutte. Derrière l'unanimité des fins de cette lutte subsiste un questionnement sur les moyens, c'est à dire sur la compatibilité des pensées en présence, politique et anti-politique.

 

Si l'on veut pouvoir encore accorder un certain crédit au politique, la responsabilités des partis et mouvements progressistes est de poser la question de la citoyenneté au centre du débat public et des préoccupations des gens.

 

Héros ou citoyen ?

Tout se passe aujourd'hui comme si, forts de l'histoire révolutionnaire et résistante de notre pays, « nous » nous placions en position d'attente : attente d'une dégradation telle des conditions sociales qu'elle nous donne le ressort pour agir. Attente du pire qui permette d'entrer en action comme résistant, voire, comme acteur d'une révolution, deux idéaux pensés comme répétition positive de l'histoire, desquels naîtrait une société meilleure. Outre le fait qu'une issue heureuse n'est pas sûre d'advenir, c'est aussi un phantasme dangereux, une perspective de chaos. Faut-il espérer le chaos duquel renaîtrait un monde neuf ? Faut-il souhaiter de s'entre-déchirer, de s'entre-tuer, pour faire advenir une société plus humaine ? Faut-il se rêver héros plutôt que citoyen ?

Une telle perspective est sous-jacente dans la dégradation du politique que l'on connait à notre époque. Outre que les professionnels de la politique sont incapables d'oeuvrer au bien commun, c'est l'abscence de l'engagement politique de la grande masse du peuple qui fait peur. Une telle passivité, une telle résignation dominante, malgré les courants salutaires de résistance ici et là, est effrayante. Elle peut conduire au chaos.

Les forces militantes, les forces « progressistes » sont bien à l'oeuvre, mais tellement divisées aujourd'hui et tellement minoritaires ! Mouvements politiques, syndicats, collectifs, associations... sont des forces de renouveau, mais ne font pas unité, loin de là. Les mouvements politiques, trop souvent aux prises à des jeux de politique politicienne, querelles d'appareils ou campagnes électorales formatées, ne sont qu'insuffisamment les promoteurs d'une véritable citoyenneté active.

Le non au traité européen en 2005, l'émergence du Frond de gauche en 2012, les mouvements d'indignés, les mouvements d'opposition aux grands projets inutiles... tous ces mouvements, à différentes échelles, sont porteurs d'espoir. Mais ils ne forment pas encore cohérence et n'emportent pas l'adhésion des masses. Pour parler positivement de notre époque, d'aucuns évoquent une période de grande mutation, de redéfinition chaotique mais constructive de notre société occidentale. L'histoire en a connu bien d'autres, pourraient-ils dire, desquelles sont nées de belles choses ! Oui mais rarement sans haines, violences, douleurs, rarement sans guerres.

Notre société, par la violence contenue qu'elle porte et l'absence de solutions politiques construites sur une réelle démocratie, pose la question du chaos possible. A cet égard l'apolitisme et le FN sont deux faces d'une même pièce. Le FN se développe en se nourrissant de l'apolitisme et en se transformant en un parti « extérieur » au système politique.

Le front de Gauche avait comme premier slogan de début de campagne présidentielle : « La révolution citoyenne ». C'est devenu par la suite, et demeure encore maintenant « Place au peuple ». Le premier avait pourtant un grand mérite : montrer clairement la direction à prendre, dire que les lendemains qui chantent ne se feraient pas sans chacun d'entre-nous, en appeler à notre implication politique.

Le slogan « Place au peuple » n'a pas la même clarté politique et nourrit la critique, médiocre mais bien rélle du « populisme » par les médias, les politologues en tout genre, les politiciens établis, avec, pour les mouvements qui sont porteurs d'une réelle ambition pour ce peuple, l'obligation d'avoir à déméler ce qui serait un bon populisme et un mauvais populisme. Le populisme, est un mot piège pour les forces progressistes, un « mot obus » lancé dans le champ politique. Faut-il le défendre ou s'en défendre ? Que faut-il faire de ce mot préféré des oligarchies et des réactions de tout genre ? Peut-être ne pas avoir peur d'affirmer que le populisme est l'échec de la démocratie, l'errement d'un peuple privé des moyens d'actions sur le cours des choses. Et qu'il faut s'en guérir par plus de démocratie ! Car il ne saurait y avoir de bon populisme, ni de droite, ni de gauche, sans qu'il ne soit un maquillage de la démocratie. Qu'on nous fiche la paix avec le populisme et qu'on regarde la démocratie en face ! Il ne s'agit pas de savoir s'il y a ici et là populisme, mais s'il y a ou non démocratie !

Le mot citoyen, à cet égard, ne souffre aucune ambiguïté. De « révolution citoyenne », il fallait entendre une révolution des pratiques démocratiques qui allait enfin faire advenir le citoyen, penseur et acteur des choix sociétaux ; ce citoyen qui n'existe pas encore dans les faits malgré le nom et qu'il s'agit de faire advenir pleinement, comme acteur politique à part entière.

 

Travailleur ou citoyen ?

Non, ce citoyen-là n'existe pas encore, malgré le droit de vote. D'une part parce que le système de représentation n'a tenu qu'imparfaitement ses promesses et s'avère aujourd'hui même incapble de respecter les plus élémentaires fondements démocratiques. Comment parler de réelle citoyenneté, de démocratie, quand on baffoue le résultat du vote lors du référundum sur le traité Européen ?!

D'autre part, ce citoyen-là, penseur et acteur du renouveau, n'existe pas encore parce que toute la pensée de l'individu, tous ses actes quotidiens sont captés par le seul discours économique, et notamment par la question de l'emploi, du travail.

Un individu complètement capté par le plein engagement dans son travail, ou par la peur de perdre ce travail et d'être déclassé, ou par la quête incessante et éprouvante d'un travail, ou par la nécessité de reconstituer sa force de travail dans le loisir,ou par la peur d'un salaire de misère à la retraite après une longue vie de travail, ne peut être que difficilement un citoyen à part entière !

Si le monde du travail a été et est encore partiellement aujourd'hui un vecteur de politisation, il est aujourd'hui porteur de paradoxes.

Dans le grand chaudron des bonnets rouges Bretons, patrons et salariés se donnent la main, mélangeant dans une bouillie sans nom, écotaxe, tva, coût du travail, déficit public, compétitivité, mondialisation et fermetures d'entreprises. Ce faisant les salariés, au nom de la sauvegarde de leur emploi en arrivent à défendre une forme d'économie capitaliste, productiviste, anti-écologique qui porte en elle tous les instruments d'une dégradation des conditions de vie (faibles salaires, tâches ingrates, travail à la chaîne, cadences, tâches fragmentées faisant perdre tout sens au travail, précarité des contrats, management sous pression, dictacture du chiffre, de la rentabilité, pollution, pillage de la planète...). On voit par là que la lutte pour travail n'est pas toujours synonyme de progrès et d'une lutte politique pour plus d'humanité.

 

Le travail a été et est encore un moyen de faire société, et constitue un mode d'agir sur le monde. Mais ses visées nous échappent de plus en plus et nous sommes dépossédés de ses fins. Consciemment ou implicitement nous attribuons à notre travail quotidien cette capacité d'agir sur les choses. Notre invistissement dans le travail, quand celui-ci a encore un semblant de sens, ne se fonde pas que sur la recherche du pain quotidien mais aussi sur une recherche de pouvoir sur les choses. Pour le meilleur ou pour le pire. Car deux écueils majeurs ruinent nos espérances.

D'une part, les conseillers en management et actionnaires en tout genre l'on bien compris, on peut nous demander à peu près n'importe quoi, on le fera. Travailler à n'importe quel prix quand bien même notre travail est dépourvu de sens, on le fait. Produire à bas prix des poulets en batteries en Bretagne pour l'exportation au Moyen-Orient, ou pour mettre dans sa propre assiette faute de mieux, on le fait. Produire des armements au motif de travailler à la paix dans le monde, on le fait. Cela est bon pour la croisssance, bon pour l'export et bon pour l'emploi. C'est bon pour pouvoir acheter à bas prix des tissus fabriqués au Bengladesh par des gens maintenus dans la misère, travaillant dans des conditions épouvantables.

 

D'autre part, le travail peut se substituer à la polique, le travail peut nous soustraire du politique. Le crédo du travail permet à une élite au pouvoir, économique et politique, d'affaiblir la démocratie. Le « travailler plus pour gagner plus » n'était pas dénué d'arrières pensées sur ce plan ! Cet aspect des choses n'est pas pour rien dans la perte du pouvoir du politique, dans le transfert du politique à l'économique, de nos élus de la République vers les commissaires non élus d'une Europe non démocratique, pilotés par les puissants lobbys d'une économie ultra-libérale . Où l'on voit que le travail n'est pas le plus sûr moyen d'accéder à la citoyenneté.

La société Française et Européenne est toute entière tétanisée sur la question du travail, ou de sa face sombre le chômage. Mais le chômage est une construction ; une fabrication du système capitaliste ; mode de gestion de la main d'oeuvre et de cohercition des travailleurs. Le chomage et son corollaire, la peur du chômage, paralysent à dessein, captent toute l'énergie des acteurs économiques que nous sommes devenus. Paralysée, une grande partie de notre société occidentale est incapable de se resaisir.

Le syndicalisme, qui par le passé, a été un fort vecteur d'implication politique ne porte plus qu'incomplètement cette implication citoyenne. La politisation liée au travail a été importante. Aujourd'hui ce n'est plus vrai qualitativement et quantitativement ; la société s'est désyndicalisée (moins de cottisations par les travailleurs et des chômeurs qui, par définition, ne se syndicalisent pas !).

Une des conditions nécessaires à la naissance d'un débat sur la République et ses institutions est de sortir de la pensée unique du travail comme seul horizon d'humanité. Les mouvements politiques qui se disent progressistes ne doivent pas restés piégés par ce dogme du travail, imposé par un système capitalise, mais aussi par ses opposants anti-capitalistes, comme objet unique de pensée.

Le travail doit être désacralisé, car avec le travail on confond les moyens et les fins. Ce qui importe c'est moins le travail en tant que tel que les conditions de vie et les valeurs qui s'y rattachent : disposer de ressources pour vivre dignement, contribuer à l'intérêt général, contribuer à la construction collective de la société, se donner les moyens de se construire personnellement et donner sens à sa vie. Le travail a été et est encore aujourd'hui une forme historique de réalisation de ces objectifs. Mais doit-elle être la seule ? Est-elle la forme idéale ? Ne peut-elle pas être dépassée ? Le travail doit être questionné ! Et avec lui les modes de retribution du service rendu à la société, les modes de répartition des richesses produites, avec des visées égalitaires.

 

Citoyen avant tout !

Hors du champ politique organisé autour du seul suffrage, que nombre d'entre nous délaisse, nos moyens d'actions concrètes sur le cours des choses et notre pouvoir de citoyens sont très limités.

Que nous reste-t-il pour agir sur le monde ? Elections (syndicales, prud'hommales, associatives), manifs, grèves (mais Sarkozy a fait en sorte que la grève ne se voit plus), occupations d'usines et de lieux publics, référundums (bafoué en 2005), émeutes et destructions, liberté de la presse (difficile aujourd'hui sous nos lattitudes, sous l'emprise des médias dominants, contrôlés par des financiers), expression sur internet, blogs et réseaux sociaux (mais le puits est sans fonds)... Beaucoup de choses sur le mode contestataire ou résistant, mais de moins en moins pour sur le mode constructif ; qu'on regarde l'assèchement des ressources du monde associatif pour s'en convaincre. Citoyen celui qui s'apparente de plus en plus à un contestataire, à un casseur ? Citoyen celui qui accepte de voter l'alternance entre deux partis hégémoniques et dégénérés ? Citoyen le manifestant qui bas le pavé de l'espace public avec un pouvoir bien mince d'agir sur les choses ? La contestation, la résistance instituées comme seules modalités possible par une démocratie faible constitue le terreau favorable à l'instauration d'un pouvoir policier et sécuritaire. A moins que le FN, en bon parti paternaliste et salvateur, acceptant en son sein tous ces déçus de la démocratie n'institutionnalise la haine et la violence comme modes de pensée et d'action de la Nation.

Sans implication politique, la « chose publique » qui s'appelle « Res publica » n'est qu'une discussion de comptoir. Tout au mieux, on invoque la République, on évoque les valeurs sur lesquelles elle se fonde, mais qu'en est-il de notre implication réelle pour les faire vivre dans la vraie vie ? Par une délégation quasi-totale, nous nous sommes privés de la capacité de l'interroger, de la discuter et de lui donner coprs dans notre vie de tous les jours.

 

L'apolitisme est une critique implacable du système politique, incapable de nourrir le débat démocratique, tout au plus capable de donner le change en termes de programmaux électoraux, sur lequel on s'écharpe le temps d'une élection.

Il manque cruellement une culture du débat démocratique en France. Notre situation de crise profonde actuelle révèle, associée à une forte dépolitisation, une tendance à attendre que les choses soient complètements bloquées, pourries, pour agir. Il est à craindre qu'à trop attendre, (attendre quoi ?), il ne soit trop tard. Le débat se prépare, s'apprend (normalement dès l'école primaire), se cultive ; on ne le fait pas à l'improviste, au dernier moment. A défaut d'une vraie démocratie, certains auront pris le bâton et les bidons d'essence et une partie de nos tables de discussion seront brûlées avant même qu'on ai pu s'y asseoir.

 

Les forces progressistes de ce pays doivent oeuvrer en priorité à une remise en chantier de la démocratie et non pas à la sempiternelle discussion sur l'économie et notamment sur le travail. Le travail n'est pas l'alpha et l'oméga de nos vie. Pour cela, et tout à l'inverse d'une sacralisation du travail, elles doivent oeuvrer à un questionnement du travail, à la diminution du temps de travail et à la construction simultanée d'un temps de citoyenneté véritable, un temps d'accomplissement personnel sur le plan politique, social, culturel, écologique et économique.

Oui, le débat sur une refondation de notre République, vers une VIème République, mérite d'être engagé, comme le revendique le Front de gauche notamment. Nicole BORVO COHEN-SEAT nous y invite par son intervention et son livre.

Oui, il faut oeuvrer à l'avènement d'une VIème république qui fasse advenir le temps du citoyen, comme la fin de la troisième et les suivantes, par la dimunution du temps de travail et les congés payés, ont fait advenir le temps du loisir. Elle devra oeuvrer au dépassement du couple travail-loisirs comme point d'achèvement présupposé de l'histoire sociale.

Une nouvelle étape doit être mise en perspective : l'avènement effectif du citoyen. La VIème république devra proclamer un droit à un temps de citoyenneté, donnant à chacun les moyens de penser le monde (notamment un droit effectif à une éducation libre tout au long de la vie) et d'y agir librement, pour que la « chose publique » qui fait République, donc société, soit au coeur de nos conversations et de nos actions quotidiennes.

Eric Svorda


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