La très discrète remontée de Hollande dans les sondages
par Laurent Herblay
mercredi 28 octobre 2015
Bien sûr, alors que François Hollande pointe à la troisième position des sondages pour le premier tour de l’élection présidentielle, ceci peut sembler incroyable. Pourtant, pour qui prend le recul et prend la peine d’étudier une année de sondages, on y décèle une évolution surprenante.
Une avalanche de sondages à sens unique ?
Fin août, un sondage de Paris Match donnait ainsi le président sortant à 20% au premier tour, contre 24% pour Nicolas Sarkozy et 26% pour Marine Le Pen (François Bayrou obtenant 11% et Jean-Luc Mélenchon 9%). Fin juillet, un sondage pour RTL plaçait Marine Le Pen en tête, à 27%, devant Nicolas Sarkozy, à 23% et le président sortant, à 21%. Mais en cas de candidature d’Alain Juppé, alors, ce dernier arrivait en tête, à 28%, reléguant l’hôte de l’Elysée à 18%. Début janvier, Marine Le Pen était entre 29 et 32%, devant l’UMP autour de 22% et un François Hollande entre 18 et 19% pour RTL, et pour Marianne, la présidente du FN rassemblait 29 à 31% des voix, contre 23% pour l’UMP et 21% pour Hollande.
Et si on remonte encore plus loin, en septembre 2014, Marine Le Pen était donnée entre 28 et 30%, contre 24 à 25% pour les candidats possibles de l’UMP, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, François Hollande étant seulement à 16 ou 17%, la présidente du FN étant même donnée gagnante contre le président sortant, par 54% des voix ! De manière amusante, un an après, le Figaro publiait un même sondage en oubliant de noter le grain de trois points du président de la République. Bref, on peut voir dans ces résultats la persistance d’une perspective d’élimination dès le premier tour pour Hollande, ce qui semble logique avec son bilan et l’image assez désastreuse qu’il a auprès de la grande majorité des Français.
Quelques tendances souterraines
Malgré tout, une prise de recul sur ces chiffres permet néanmoins de relativiser un tel jugement. D’abord, il faut souligner toutes les limites des sondages, guère prédictifs à ce stade, et qui se sont souvent trompés. Mais il faut noter un léger recul de Marine Le Pen, passée de 28 à 32% au tournant de l’année à un score de 26-27%. Bien sûr, cela reste un score très important, et la décrue est faible, et potentiellement seulement temporaire, mais elle n’est pas totalement neutre. Car ce qui frappe dans l’évolution des sondages, c’est le resserrement entre les trois grands candidats. Il y a un peu plus d’un an, la présidente du FN avait 12 à 13 points d’avance sur le président de la République. Aujourd’hui, il n’y a plus que 6 points d’écart, deux fois moins qu’il y a un an. Un constat étonnamment non constaté.
En effet, le président de la République, lui, est passé de 16-17% à 20-21%, soit un gain de quatre points. Et avec un score de Nicolas Sarkozy assez stable, oscillant entre 22 et 25%, on assiste en réalité à une sorte de convergence des trois premiers candidats probables à l’élection présidentielle, créant ainsi une situation beaucoup moins prévisible qu’elle ne peut le sembler pour qui ne voit que la stabilité du président sortant à la troisième place des sondages. Et parce qu’un autre sondage indique que 67% des Français sont méfiants à l’égard de Nicolas Sarkozy, qui doit encore affronter des affaires peu reluisantes. Il n’est donc pas évident que François Hollande soit celui qui sera forcément éliminé en 2017. A dire vrai, cette convergence semble démultiplier le champ des possibles pour l’élection présidentielle.
Le plus étonnant, c’est que personne ne semble voir la légère remontée de Hollande dans les sondages. En s’appuyant sur une conjoncture moins mauvaise et une stratégie d’asphyxie idéologique des Républicains en les dépassant par la droite et d’utilisation du FN, les jeux ne semblent pas faits.