Lapsus de Dati : Ou beaucoup de bruit pour pas grand chose
par Jean Lannes
lundi 27 septembre 2010
Personne n’aura échappé, ce dimanche, à l’INFO EXCLUSIVE DU JOUR : l’impensable « lapsus » de Rachida Dati.
En effet lors d’une interview dans Dimanche + à la mi-journée, la député européenne aurait commis une incroyable maladresse en employant le terme « fellation » en lieu et place de « inflation », ce qui est un peu gênant…
Tous les médias en parlent. « L’embarrassant lapsus de Rachida Dati » titre Le Parisien, « Rachida Dati confond inflation et fellation » s’amuse L’Express, « Quand Dati parle de « fellation » au lieu d’"inflation" » reprend 20 minutes. Et les exemples ne manquent pas. Libération, Le Monde, Le Figaro, Le Point, France Soir, TF1 News et même les grands médias audiovisuels comme BFM TV. Tous auront repris LE scoop de la fin de semaine. Pour employer cet anglicisme affreux, le « buzz » est complet.
Seulement, deux questions se posent. Premièrement, l’erreur n’est pas si évidente que çà. Rachida Dati, prise dans un bafouillage confus, est plus proche du « in-euh-fe-la-tion » que du « fellation ». Un rapprochement lointain que n’auront pas manqué de relever les plus mal-pensants. Constatez par vous-même, la « bourde » n’est pas si claire que ça :
Ensuite, deuxième interrogation : quelle importance ? C’est beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Pour rien du tout même. Cet exemple idiot est bien le reflet de notre époque d’ultra-communication et d’attrait pour le « buzz ». Le fond est délaissé et l’on ne s’intéresse qu’aux petites bourdes, petites relations entre pipolitiques (dont Rachida Dati est l’incarnation par excellence), petites déclarations éphémères et petit politiquement correct dépourvu de contenu.
Il y a peu, Eric Zemmour avait comparé le monde médiatico-politique d’aujourd’hui à une immense patinoire autour de laquelle une armée de juges passait son temps à y relever les « dérapages ». Je n’aurais pas mieux dit. Dans ce système où l’apparence, due à la pipolisation des politiques, a quasiment évincé le débat de fond, il ne reste plus que les miettes aux médias pour tenter de monter un semblant de sujet. Ce n’est pas gagné.