Le bling bling primate

par muzard marie
vendredi 11 avril 2008

Nicolas Sarkozy aurait engagé son processus de « déblinguisation ». Il semble qu’il ait entendu les voix de la sagesse primate, puisqu’il se plie enfin aux règles du jeu qui structurent les organisations de primates, singes comme humains.

Non, le bling bling n’est pas l’apanage de Sarkozy de certains hommes de pouvoir. Il trouve ses racines dans notre nature de primate.

Chez les chimpanzés, cas assez exceptionnel dans le monde des singes, un individu de petite complexion (mais néanmoins pas complexé) peut tout à fait accéder au pouvoir, à la place de numéro 1. C’est rare, mais cela arrive.
En fait, il semblerait que plus les espèces sont évoluées, moins les attributs physiques comptent dans la dominance. C’est le cas du chimpanzé.
Pour parvenir à ses fins, néanmoins, « le p’tit » doit se donner plus de mal que ses pairs dotés d’une belle carrure. Il doit en faire des tonnes pour se faire repérer, pour séduire le maximum de membres au sein de sa tribu, les convaincre de le suivre et pour asseoir son autorité.

En général, si le chef primate n’est pas l’individu le plus grand ni le plus fort de la tribu, il se comporte de manière à être le plus visible et le plus impressionnant, voire parfois le plus intimidant.
Il est expert dans l’art d’attirer l’attention de la troupe en lançant des pierres, le plus loin possible, et de préférence des pierres imposantes. Une manière de démontrer sa force et sa capacité de manier ces armes potentielles avec dextérité.

De même, il est habile dans l’art de secouer les branches d’arbres, des branches géantes, bien sûr. L’objectif étant de faire le maximum de bruit et de remuer le maximum d’air.


Ses cris sont en général très sonores, très puissants. Il faut dire que la « voix » est importante chez les singes, chez certaines espèces comme les gibbons, le « cri puissant » est même la marque distinctive du dominant.

Selon la primatologue réputée Jane Goodall, le fait que Mike, un chimpanzé candidat au pouvoir, ait eu l’idée de se servir de bidons d’essence vides, pour se faire entendre et se faire remarquer, a largement contribué à son « élection » à la tête de la tribu.
Ce jeune chimpanzé ne s’est pas séparé de son bidon pendant toute la période de conquête du pouvoir, il grimpait dessus pour se grandir, l’utilisait comme caisse de résonance pour se faire entendre de loin.

Quand ce n’est pas un objet qu’il exploite, le postulant au statut de leader, augmente sa visibilité en adoptant des postures particulières.
Ses bras sont souvent levés au ciel et rarement repliés ou croisés, histoire de « se grandir ». De plus, il se déplace fréquemment debout, le buste dressé et, en présence des autres, il bombe le torse.

Il semblerait que le comportement de Sarkozy ne soit pas si éloigné de celui de Mike qui a su se rendre plus visible et plus «  sonore » pendant la « campagne électorale ».

Ils ont en commun certaines parades telles que les nombreuses gesticulations, les grands moulinets de bras, le fait de bomber le torse et les fréquents coups de gueule.

Certes, quand notre cousin singe utilise des bidons, des pierres et secoue des branches pour compenser son handicap de carrure et attirer l’attention de sa troupe, notre chef primate humain à nous grimpe sur ses talonnettes, abuse de son arme fatale de communication (le portable) et monopolise les micros des médias...
Et, là où son cousin s’affiche avec la plus grosse pierre, la plus grande branche et le bidon le plus imposant, Sarkozy s’affiche avec sa Rolex, ses lunettes Ray Ban et désormais avec sa superbe femme top model, le top du « bling bling » primate.

Là où ils se différencient vraiment, c’est dans leur comportement après la prise du pouvoir.
Une fois assis sur le trône, le chef singe modifie son comportement.
Désormais, il dispose de la couronne, il peut s’appuyer sur ses alliés, voire charger « un numéro 2 », de « pousser les coups de gueule » pour lui désormais.
Il peut redevenir plus calme, plus serein, se contentant de brèves démonstrations de puissance, de temps à autre, quand même, histoire de conforter son autorité.

La parade du pouvoir ne peut qu’être limitée dans le temps. Trop de parades nuisent à la crédibilité du chef. Une fois au pouvoir, le dominant a des missions plus importantes que de secouer des branches ou de monter sur des bidons d’essence.

Visiblement, suite à la chute de sa popularité, notre président semble avoir entendu les voix de la sagesse primate, puisqu’il semble vouloir renoncer à ses habitudes bling bling (à l’exception de sa femme, accessoirement chargée de le "déblinguiser" en douceur) et à la parade du pouvoir.

Ceci étant, ne nous y trompons pas, si la parade qui accompagne la "campagne électorale" n’a plus de raison d’être, cela ne veut pas dire qu’il n’y ait plus de parade du tout. Mais que désormais Sarkozy doit parader en vrai chef de tribu, et cela est une autre histoire, dont on parlera prochainement.


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