Le bruit et la fureur vs unanimité et servilité

par Michel DROUET
lundi 22 octobre 2018

Qu’est-ce qui t’a pris, Jean Luc, de ruer dans les brancards comme tu l’as fait et de permettre ainsi aux médias et à tes opposants de casser du Mélenchon toute la semaine ?

La bonne attitude

Comme tous les politiques bien élevés, tu aurais pu te contenter de t’adresser aux caméras et aux micros en disant d’un air indigné « Je fais confiance à la justice de mon pays », formule bien connue des vieux chevaux de retour de la politique pour couvrir les bruits de casseroles qu’ils trimbalent. Quarante-huit heures après, on n’en parlait plus et il n’y avait plus qu’à attendre l’abandon des poursuites, le non-lieu, le vice de procédure ou la condamnation, c’est selon…

Il n’est que de se référer aux Sarkozy, Balkany ou autres Cahuzac qui tous ont suivi le stage « Technique de survie politique suite à incrimination ». Trois ou cinq ans après, ou plus pour les plus agiles ou les plus procéduriers, et la tenue d’un procès, tout le monde aurait oublié les débuts de l’affaire (s’il y en a une) et cela aurait fait 15 lignes en page trois des quotidiens.

Au lieu de cela, tu as choisi l’affrontement, seul contre tous, en particulier les médias qui nous ont ressassé l’évènement jusqu’à plus soif, arrivant même à nous faire oublier le remaniement ministériel et le discours « habité » du Président de la République.

Y’en aura pour tout le monde !

Juges, policiers et journalistes, tout le monde a eu droit à ta fureur. Chacun a pu s’indigner largement dans les tribunes journalistiques et les débats répétitifs et à charge sur les chaînes d’info. C’est peu dire que tes amis, lorsqu’ils étaient invités au festin, n’ont pu que servir que quelques miettes de leurs arguments.

Une telle unanimité et, disons-le tout net une rare violence dans des propos tenus par certains plumitifs sortis de l’ombre est tout de même très rare, à l’image de ton comportement, dirons certains, à moins que cela ne soit l’expression d’une revanche tant attendue par certains, heureux de hurler avec la meute.

Ton attitude n’est pas une surprise, tant tes propos sur l’impartialité de la justice ou des journalistes font partie de ton argumentaire et mettent en lumière des insuffisances ou les connivences des uns et des autres envers le discours libéral ambiant, à l’opposé de tes thèses.

Le déferlement médiatique

Chacun aura pu apprécier à leur juste valeur les arguments développés en boucle dans les médias qui se sont également empressés de relayer l’indignation des magistrats et des policiers et la plainte déposée par une chaîne de radio.

On aura aussi remarqué les éléments « factuels » du dossier, comme les frais de mise en ligne de tes discours (250 euros par discours), les 12 000 euros de salaire mensuel de ta directrice de la communication, dont certains « journalistes d’investigation » ont cru bon de dire qu’elle avait des liens étroits avec toi, juste pour semer le doute sur un éventuel partage des sommes indiquées entre elle et toi, justifiant ainsi une collusion financière sur le dos des électeurs qui ont remboursé tes frais de campagne.

Tout cela est très frais et léger et vu les sommes en cause, il serait possible de te faire passer pour un voleur de poule ayant instrumentalisé sa compagne pour s’acheter des cigarettes. La déchéance nationale n’est pas loin et les évènements de la semaine dernière sont pour quelques-uns la certitude que tu es déjà disqualifié pour les prochaines échéances électorales ou qu’à tout le moins ils éloignent l’hypothèse horrible d’un score important aux élections européennes.

Qu’en pensent tes électeurs ?

Les politologues, qui prennent peut-être leurs désirs pour des réalités ou qui espèrent influencer l’opinion nous disent déjà que les mous du genou prennent leurs distances,.

D’autres, qui ont déjà compris un certain nombre de choses en matière de fonctionnement des institutions judiciaires ou de la presse mettent les évènements à distance en attendant de voir la suite.

Trois éléments semblent devoir être analysées afin de mettre les choses en perspective :

Voilà les éléments de réflexion qui conduisent à dire que tes « débordements » sont dans la droite ligne de ce que tu dénonces et de ce qu’il est interdit de remettre en cause.

Pour l’instant, le doute doit profiter à l’accusé, mais la politique est affaire de confiance, encore ne faut-il pas la trahir. 


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