Le candidat Sarkozy : faute d’idées, restent l’intox et le recyclage

par Laurent Herblay
mardi 10 novembre 2015

Etant donné qu’Alain Juppé semble un opposant sérieux pour l’ancien président de la République, celui-ci a décidé de lancer une offensive médiatique, entre propositions chocs sur la sécurité et intervention sur RTL après celle de François Hollande sur Europe 1. Qu’en penser ?

 
Le « premier flic de France » en carton
 
Dans l’adversité, Nicolas Sarkozy doit se dire que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Il a donc décidé de jouer la partition qui lui a permis d’accéder à l’Elysée en 2007, après quatre années au ministère de l’Intérieur. Et dans un climat où Christiane Taubira apparaît trop laxiste, cela semble être une opportunité de communication facile pour à la fois critiquer l’actuelle majorité et faire des propositions pour se démarquer. L’ancien président a donc fait plusieurs propositions chocs, entre l’augmentation du nombre de places de prison, la privatisation du traitement de certains délits, notamment routiers ou des mesures pour combattre les djihadistes, entre interdiction de territoire pour les étrangers et binationaux et poursuite de ceux qui consultent des sites fondamentalistes.
 
Mais beaucoup de ces annonces sont assez extravagantes, à plusieurs titres, comme le rapporte le Monde. D’abord, de la part de celui qui a été en charge, directement ou indirectement, pendant près de 10 ans, de la sécurité des Français, cela vient un peu tard, notamment pour les places de prison qu’il aurait eu le loisir de construire avant. Ensuite, il oublie un peu facilement qu’il a supprimé près de dix mille postes de policiers et gendarmes de 2007 à 2012. Et face à la critique des remises de peine, on peut lui opposer celles de la loi Dati ou même sa suppression de la double peine. Nicolas Sarkozy n’avait été dur qu’en parole, pas dans les faits. D’ailleurs, pendant ses dix ans de pouvoir sur la question, il faut rappeler que les violences faites aux personnes ont augmenté de 70% de 2001 à 2009 !
 
Le vent de la communication
 
Car la seule chose que sait faire Nicolas Sarkozy c’est communiquer, pour essayer d’assouvir ses envies du moment. Résoudre les problèmes ne l’intéresse pas. La seule chose qui l’intéresse, c’est son image. Bien sûr, la question sécuritaire est un bon créneau face au gouvernement de Christiane Taubira. Mais la ficelle est quand même assez grosse, surtout en ayant recourt à de telles intox, l’ancien président n’hésitant pas à tordre les statistiques pour attaquer celui qui l’a remplacé, comme le rapporte le Monde. Cela est d’autant plus effarant qu’il y a largement assez de choses à attaquer dans le bilan de Hollande pour que Sarkozy n’ait pas besoin d’avoir recours à de telles intox, qui sont, en outre, l’occasion de souligner toutes les carences et les limites de son bilan sur les questions de sécurité.
 
Mais sur RTL, l’ancien président de la République a osé dire « j’aimerais savoir quelle est la promesse de 2007 que je n’ai pas tenue  », fournissant justement l’occasion de rappeler toutes les promesses qu’il a faites et n’a pas tenues. Et malheureusement pour lui, le décompte est aussi long que cruel, au premier dequel la promesse de passer le taux de chômage de 8 à 5%  : il frôlera 10% avant son départ. On peut évoquer ses promesses de ne monter les impôts ou de réduire la dette. Mais il y a aussi beaucoup d’autres promesses qui n’ont pas été affaiblies par la crise, comme l’interdiction des golden parachute, les plafonds d’immigration, la création d’une union civile pour les homosexuels, la création d’un contrat de travail unique, ou l’extension des allocations familiales dès le premier enfant.
 

Le plus effroyable, c’est que Nicolas Sarkozy a de grandes chances d’être le candidat de son parti, ce qui aboutirait à une réédition des élections de 2012. Mais toutes les limites de ce candidat, avec les dérapages de sa campagne de 2012, pourraient en faire le maillon faible de 2017.


Lire l'article complet, et les commentaires