Le combat des chefs

par olivier cabanel
samedi 12 mai 2012

Les législatives arrivant, le combat des chefs fait déjà rage, et que ce soit pour la lutte à Hénin-Beaumont entre Mélenchon et Le Pen, entre Guaino et Delaporte ou Dati et Fillon à Paris, à Pau, puisque l’UMP présente un candidat face à Bayrou, le Far West s’invite dans la campagne.

La chambre des députés, ce sont 577 députés, dans laquelle l’UMP a encore pour l’instant la majorité. lien

Avec 314 UMP, contre 204 SRC (socialiste, radical, citoyen), 24 NC (nouveau centre), et 22 GDR (gauche démocrate républicaine), la chambre d’aujourd’hui handicape le PS. lien

L’enjeu n’est pas mince, puisqu’il s’agit pour le François Hollande de mettre en œuvre son programme, pour l’UMP de « sauver les meubles », pour Mélenchon de donner les moyens au Front de Gauche de peser sur le projet Hollandais, pour EELV de promouvoir les idées écologistes, de Le Pen de faire saillir ses petits muscles, et pour Bayrou de jouer les équilibristes au centre.

Belle équation, dans laquelle il y aura des perdants, et des gagnants.

Bayrou n’entend pas se faire oublier, et va se trouver face à la vengeance de l’UMP qui pour lui faire payer ce qu’il a appelé « une trahison », présente contre lui le Palois Eric Saubatte dans la 2ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques. lien

Jean Luc Mélenchon va pour sa part aller provoquer sur ses terres Marine Le Pen, mettant toutes les forces de son 11,10% national face aux 18,1% de sa concurrente, et c’est à Hénin-Beaumont que va se dérouler apparemment le combat des chefs le plus révélateur.

Il faut rappeler le scandale qui a frappé cette commune ouvrière, dans laquelle le dissident socialiste et maire Gérard Dalongeville, s’était illustré. lien

Le rapport de force n’est pas en faveur du Front de Gauche, qui dans cette circonscription n’a réalisé que 11,98%, alors que le FN pèse 35,48%, mais le peuple républicain pourrait changer la donne, en y mettant son grain de sel, comme il l’avait fait en 2002, lorsque Chirac gagnait contre Le Pen, avec un score de république bananière. lien

Lors de la présidentielle, le PS avait fait le score relativement modeste de 28% et va présenter Philippe Kemel. lien

Quant à l’UMP, elle a obtenu un score plutôt étriqué de 15,79%.

Si Mélenchon passe la barre des 12,5%, ce qui parait dans l’ordre du possible, il pourrait se maintenir au second tour et jouer les troubles fêtes. lien

Cette lutte à, Hénin-Beaumont va donc être très éclairante sur la nouvelle donne, car si l’on observe bien les résultats du premier tour de la présidentielle dans cette ville, les scores additionnés de Le Pen, Dupont-Aignan et Sarközy (52,41%) devraient permettre la victoire du FN, mais la logique n’est pas toujours arithmétique, et à l’occasion de cette élection on découvrira peut-être à quel point l’UMP et le FN pourraient être compatibles ou non.

On imagine mal que les 5,2% de Bayrou puissent aller se porter sur Le Pen, supposant que toutes les voix de la gauche iraient à Mélenchon. lien

Bien sur, Marine Le Pen a multiplié ses efforts pour faire paraitre son parti fréquentable, et un sondage récent fait apparaitre qu’à 64%, les électeurs UMP souhaitent une fusion entre leur parti et le FN (lien), mais est-ce suffisant ?

La fusion est un sujet qui revient régulièrement, et si officiellement dans les 2 camps, on le conteste avec vigueur, il n’est pourtant pas si improbable.

A l’UMP, dès juin 2010, une équipe, composée de Lionel Luca, Thierry Mariani et Jean-Paul Garraud, avait été mise en place pour permettre ce rapprochement.

Dans les colonnes du « Canard Enchainé », on découvre que Thierry Mariani a partagé sa table avec Marine Le Pen, concluant un accord, permettant la création d’un collectif nommé « la droite populaire  », lequel collectif avait été reçu par l’ex chef de l’état le 24 mai 2011. lien

Les arrangements entre le FN et l’UMP ne datent pas d’hier : on se souvient de l’élection de Jean-Pierre Stirbois qui avec son maigrelet 16,7% en 1983 ne pouvait espérer l’emporter, et qui gagna grâce à l’appui du RPR avec finalement 55% des voix.

Plus tard, lors des régionales de 1998, ce ne sont pas moins de 4 présidents de Région qui feront gagner l’UDF avec les voix du FN. lien

Et quid du député Christian Vanneste, UMP, militant pour cette fusion, dont l’exclusion annoncée par son parti n’est toujours pas effective et qui avait déclaré « l’alliance avec ce qui est à notre droite est tout à fait possible », (lien) ajoutant dans les colonnes du Figaro : « tant qu’on aura un ennemi à notre droite, on perdra les élections ».  lien

Xavier Lemoine, maire de Montfermeil et ex porte parole de Christine Boutin, (lien) en avait remis une couche en déclarant « il est nécessaire et indispensable que l’on arrive à cette union de toutes les droites, y compris avec le FN  ». lien

Personne n’a oublié que celui qui avait fait fermer une mosquée dans sa ville avait déclaré : « la France et l’Europe sont en danger. Si nous refusons de voir l’étendue de la menace musulmane, nous sommes gravement en péril ». lien

Quel que soit le résultat de cet affrontement législatif, le FN entend surtout gêner, voire supplanter l’UMP en provocant des triangulaires, lesquelles pourraient empêcher l’UMP de garder sa majorité à l’assemblée, l’étape suivante étant la recomposition de la droite, poussée à la droite de sa droite.

Du coté de l’UMP, c’est surtout la guerre interne des chefs, comme par exemple avec Henri Gaino, l’ex-plume présidentielle, qui semble avoir pris gout au pouvoir, et convoite une place de député à Paris, sauf qu’un autre membre de son parti, Olivier Delaporte, maire UMP de la Celle-St-Cloud, mène la campagne depuis un bout de temps.

On se souvient de l’énervement de Guaino lorsque l’on d’un débat télévisé récent, il avait « pété les plombs », enjoignant à Jérôme Guedj, le député PS, de se taire : « mais c’est insupportable à la fin, je peux parler, oui ? Bon : Taisez vous ! Vous avez assez parlé ». lien

Il faut dire que la place attire toutes les convoitises, car avec 63% de votes UMP lors de la présidentielle, c’est quasi gagné d’avance pour le candidat de l’UMP dans cette 3eme circonscription des Yvelines.

On comprend mieux pourquoi « ça se bouscule au portillon  » puisque, outre Delaporte, il y a encore comme postulants Hervé Seveno, ex-bras droit de Dominique de Villepin, et Bernard Hagège, soutenu par Christine Boutin. lien

N’oublions pas l’autre combat des chefs qui va faire s’affronter Rachida Dati et François Fillon, combat pour lequel les couteaux sont tirés depuis longtemps.

Accusant Fillon de pantoufler, ce qui n’est pas très gentil pour celui qui a été le ministre soumis, discret et obéissant de l’ex président, Rachida Dati ne se suffit manifestement pas de son poste de député européenne, et de maire du 7ème arrondissement parisien, négligeant le cumul des mandats. lien

Le fait qu’elle ait déclaré « je n’en peux plus, il va y avoir un drame avant je finisse mon mandat  » (à Strasbourg) est peut-être un élément de réponse. lien

C’est dans la 2ème circonscription parisienne que ces deux ténors vont s’affronter, et le sang qui va couler sera aussi rouge que les célèbres bottines « bling bling » de Rachida Dati. lien

L’ex président ne pourra les départager, ayant signifié qu’il se mettait en vacances (provisoires ?) de la République, (lien) d’autant que les affaires judiciaires le concernant vont devenir de plus en plus d’actualité, et qu’il n’est plus à l’abri de poursuites, de par son échec présidentiel.

Il est le patron d’un cabinet d’avocat, et il est possible qu’il sera bientôt l’un de ses meilleurs clients, à moins que le fait de siéger au conseil constitutionnel ne lui permette pas d’exercer ce métier. lien

De Bettencourt, ou De Maistre, en détention provisoire, soupçonné d’avoir participé au financement illicite de la campagne de Sarközy en 2007, (lien) à l’affaire Karachi pour laquelle on vient apprendre que Gérard-Philippe Menays, ex directeur administratif de la DCNI (direction des constructions navales) avait confirmé que Sarközi, alors ministre du budget, avait bien donné son accord pour la création de Heine, cette société luxembourgeoise servant à payer les contrats d’armement, en passant par l’affaire Merah ou l’affaire Kadhafi, de lourds nuages noirs semblent s’accumuler sur la tête de l’ex président français. lien

D’autant que dans cette affaire, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a mis son grain de sel affirmant que «  Nicolas Sarközy avait bénéficié d’un financement libyen à hauteur de 100 millions de dollars, et non pas de 50 millions de dollars pour sa campagne électorale de 2007  », citant les propos de Kadhafi lui-même lors de sa visite à Minsk. lien

Mieux, une conversation téléphonique au sujet de l’énergie nucléaire a eu lieu le 28 mai 2007 entre le président sorti et le dictateur, ainsi que le relate « Médiapart ». L’intégralité de la conversation est sur ce lien.

Il est probable que dans les jours à venir, nous aurons des réponses à toutes ces interrogations, car comme dit mon vieil ami africain : «  seul l’ignorant se fâche, le sage comprend ».

L’image illustrant l’article provient de « linternaute.com ».

Merci aux nombreux internautes qui m’ont aidé à construire cet article.

Olivier Cabanel

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